Le pays est en guerre; c’est indubitable. La cohésion nationale face à l’ennemi s’impose; c’est patent. Le soutien aux forces armées est de rigueur; c’est indiscutable. La chasse aux infiltrés… cela va de soi; c’est même un devoir de haute portée civique. Ceci entendu, peut-on affirmer sans ambages qu’au nom d’un patriotisme exacerbé, tout citoyen lambda est habilité à communiquer sur les opérations militaires, prenant souvent à contre-pied l’armée, la première concernée ? La réponse coule de source. C’est non. Mais beaucoup ne l’ont pas encore intériorisé.
Au nom de leur fidélité et indéfectible attachement au président de la République, chef de l’Etat, Commandant suprême des forces armées de la République démocratique du Congo et de la police nationale congolaise, des écarts de langage sont enregistrés dans une cacophonie généralisée. Quand ce n’est pas un prédicateur qui appelle les confessions religieuses à recruter pour l’armée parmi leurs fidèles, c’est le responsable d’un obscur parti politique qui se déchaîne contre le M23 et le Rwanda dans un épanchement inintelligible.
Et il y a plus grave, quand des caciques de l’Union sacrée au garde à vous, invitent les Nations Unies à trouver des lieux d’asile alternatifs aux étrangers accueillis de bonne foi par la RDC sur son territoire et qui, par la suite, se sont transformés en bourreaux contre son peuple. Nulle part dans le foisonnement de ces discours aussi redondants qu’intéressés il ne se dégage les véritables enjeux à la base de la déstabilisation permanente de la RD Congo.
Soit par ignorance invétérée ou omission volontaire, tous ces tribuns d’un nouveau genre s’abstiennent de dire à leurs assistances que les véritables enjeux de la guerre reposent sur l’exploitation des ressources naturelles d’une part, et la légèreté de la classe politique congolaise plus portée sur les plaisirs de la chair que sur un patriotisme chevillé au corps, d’autre part. Tout se déroulant comme si les contrées en proie aux violences interminables appartenaient à une autre planète. Le résultat est un désastre : les pays voisins accourent à la curée, se servent avec la bénédiction de leurs parrains anglo-saxons. Dès lors, le Congolais n’a plus que ses yeux pour pleurer, tandis que ses dirigeants se répandent en plaintes qui ne trouvent aucun écho.
Econews