Une nouvelle coalition en gestation : Moïse Katumbi déploie ses lieutenants

Décidément, Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, n’a pas encore dit son dernier mot. De Vital Kamerhe, leader emprisonné de l’Union pour la nation congolaise (UNC), à Jean-Marc Kabund, président a.i. de l’UDPS, le parti au pouvoir, en passant par les FCC (Front commun pour le Congo) aile Kabila et FCC aile USN, tout est mis en œuvre pour créer une nouvelle majorité pro Katumbi.

Avec la bénédiction de l’Eglise catholique et de quelques diplomates en poste à Kinshasa, des sources concordantes rapportent que Moïse Katumbi a entamé de grandes négociations pour constituer la coalition qui va soutenir sa candidature en 2023.

Ses lieutenants, particulièrement Olivier Kamitatu et Francis Kalombo, mènent les négociations politiques tandis que le député Boris Mbuku gère le volet juridique et financier. Les trois mousquetaires tiennent des réunions secrètes et parfois à ciel ouvert à Kinshasa. L’argent circule. Comme d’habitude ceux à qui l’argent de la corruption a été confié se sont d’abord servi eux-mêmes au-delà de la mesure, se dit-on dans certains milieux.

Parmi les personnes contactées, on note Vital Kamerhe. Ce félin politique a non seulement refusé leur offre mais instruit les cadres de son parti de sensibiliser la base de l’UNC que leur candidat en 2023 est et demeurera le Président Félix-Antoine Tshisekedi. La dernière tournée en province des députés de l’UNC, dont Jonas Tsundu, confirme la position actuelle de Vital Kamerhe. Mais, le dossier reste ouvert et les contacts se poursuivent entre les deux camps, apprend-on.

La pêche la plus surprenante est Jean-Marc Kabund-a-Kabund. Le président a.i du parti présidentiel a acquis des carrés miniers par trafic d’influence et avec la complicité de Katumbi dans le Grand Katanga. Pendant que les pauvres propriétaires de ces carrés miniers ont saisi le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, Jean-Marc Kabund-a-Kabund tient régulièrement des réunions à huis clos avec Boris Mbuku. Il continue à se battre bec et ongles pour que le camp Katumbi soit bien positionné dans le prochain bureau de la CENI (Commission électorale nationale indépendante).

Entre-temps, les négociations avec le FCC/USN piétinent. Jean-Marc Kabund-a-Kabund y va en cagoule. Néanmoins, il aurait indiqué à Oliver Kamitatu et Francis Kalombo comment gagner le FCC de l’Union sacrée.

Durant le mois d’août, les deux envoyés de Katumbi ont fait des promesses alléchantes aux députés nationaux Charles Okoto, Dede Kodoro, Théodore Kazadi et à d’autres acteurs politiques ciblés. Il a été notamment proposé à ces derniers de choisir un pays où ils souhaiteraient rencontrer Moïse Katumbi. Certains ont refusé cette offre par fidélité au Président Félix Tshisekedi et ils lui ont apporté, rapporte-t-on, les enregistrements secrets des rencontres auxquelles ils ont été conviés. D’autres gourmands impatients sont jusqu’à ce moment tentés d’y aller avec le consentement de moins en moins secret de Jean-Marc Kabund-a-Kabund.

Moïse Katumbi ne lésine plus sur les moyens, il faut inverser la tendance à l’Assemblée nationale où la proposition de loi Tshiani et le dossier CENI sont traités. Christophe Mboso est désormais visé. L’idée est, soit de conquérir la majorité à l’Assemblée nationale, soit de créer un blocage des institutions pour exiger le partage du pouvoir et tout renégocier jusqu’au retrait de ladite proposition de loi sur la «congolité».

Modeste Bahati a affiché la position de l’AFDC-A, son regroupement politique, en affirmant haut et fort que le Président Félix-Antoine Tshisekedi sera son candidat en 2023. Parallèlement, des sources crédibles renseignent qu’il a déjà tenu deux réunions avec Olivier Kamitatu dont la dernière le 2 septembre 2021.

Le FCC de Kabila, plus malin, n’affiche pas sa position. On raconte que l’aile Kabila est prête à renégocier un nouveau partenariat avec le Président de la République plutôt que de faire alliance avec Katumbi dont la candidature peut être écartée selon les anciennes recettes pratiquées par eux-mêmes contre le même Katumbi. Néanmoins, les communicateurs de basse-cour affamés du FCC sont alimentés pour tenir des émissions dans les médias de Kinshasa en faveur de Katumbi.

Adolphe Muzito, tête pensante de son frère Fayulu, lui aussi ne voit aucun intérêt d’aller avec Katumbi dont l’avenir politique en RDC devient de plus en plus incertain.

À quoi vont servir les négociations politiques et les grandes manœuvres menées par Olivier Kamitatu, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, Francis Kalombo et Boris Mbuku pour le compte de Katumbi ?

A deux ans des élections de 2023, des lignes commencent déjà à bouger. Et Katumbi, qui n’a jamais renoncé à ses ambitions présidentielles, placent malignement ses pions pour une nouvelle coalition politique.

CP