Visite apostolique du Pape François : Kinshasa fin prête

Kinshasa vit déjà dans la fièvre de l’accueil du Pape François ce mardi 31 janvier. Une effervescence sans précédent qui implique non seulement les fidèles catholiques, mais toute la population en général. Des artères qu’empruntera le cortège papal aux sites destinés à le recevoir, en passant par des panneaux publicitaires géants portant des messages de bienvenue aux lampadaires pavoisés aux couleurs du Vatican, tout est fin prêt, selon les organisateurs. A l’aérodrome de Ndolo où le pape présidera l’eucharistie dans la matinée du 1er février, des visites d’officiels et des évêques se succèdent. La dernière est celle du Président de la République, samedi 28 janvier. Tous sont unanimes et louent la qualité des travaux et de l’aménagement du site. Kinshasa est fin prête à communier avec le Pape François.
Lors de sa bénédiction urbi et orbi (sur la ville et au monde) ce dimanche, le Pape a reconfirmé son déplacement de Kinshasa. Annonçant son voyage apostolique en RDC et au Soudan du Sud, François a remercié les autorités civiles et les évêques locaux pour leur invitation. Il a salué les populations qui l’attendent, avec une pensée particulière pour celles de l’Est du pays, victimes des affrontements armés et de l’exploitation illicite des ressources naturelles.
La veille, c’est le Président de la République en personne qui a fait la ronde de différents sites devant accueillir les activités papales. A l’aéroport de Ndolo d’abord, où plus million de personnes sont attendues lors de la célébration de la messe par le pape le mercredi 1er février. Il a reçu les explications du coordonnateur des travaux, Jésus-Noël Sheke. Aucun doute : les travaux effectués avec diligence et méthode ne sont plus que dans la phase de finition consistant à poser des décorations.
Le plus impressionnant ici, outre l’aménagement des 1.700 m du terrain de part et d’autre de la piste d’atterrissage, réparti en zones pourvus de chaises, et sanitaires, c’est l’immense tribune avec son élévateur intégré qui attire toutes les attentions. Il mesure 45 m de longueur sur 28 de large. Le site est parsemé d’écrans géants pour rendre visible la cérémonie même aux spectateurs les plus éloignés. Des structures annexes accueilleront les médias du monde entier, et des représentants des églises sans discrimination de dénominations. Même constat au stade des Martyrs et au Palais de la Nation, où le chef de l’Etat recevra son hôte le jour de son arrivée.

Qu’il pleuve ou qu’il neige…
Le plus heureux parmi tous, c’est certainement l’archevêque de Kinshasa. Le cardinal Fridolin Ambongo s’est rendu à l’aérodrome de Ndolo au moins à deux reprises. Optimiste, il lance à chaque fois un appel à tous les chrétiens de réserver un accueil digne de son rang au Souverain Pontife. A observer des mesures de sécurité strictes.
«Qu’il pleuve ou pas, le peuple de Dieu doit effectuer le déplacement pour accueillir le Souverain Pontife qui va sillonner les principales artères de la capitale à bord de sa papamobile ou d’un autre moyen de transport». Ce sera un petit sacrifice parce que «nous ne savons pas prévoir les conditions atmosphériques, climatiques, mais nous serons là, qu’il pleuve, qu’il ne pleuve pas ; qu’il neige, qu’il ne neige pas, nous serons là », a-t-il poursuivi.

Non à la récupération politicienne
La visite du pape a failli être entachée d’une note noire, après la déclaration malencontreuse du 1er vice-président UDPS de l’Assemblée nationale. En effet, André Mbata a estimé devant des médias que la venue de François était la garantie de la réélection de Félix Tshisekedi lors de la présidentielle de décembre 2023.
Propos qui ont fait sortir l’Archevêque de Kinshasa de ses gonds. Dans le langage direct qu’on lui reconnaît, Fridolin Ambongo a remis les choses à leur place : «La visite du pape n’a rien à voir avec le pouvoir en place. Le pape ne vient pas pour donner un quelconque coup de main à un quelconque dirigeant. Les politiques cherchent à tirer les bénéfices de cette visite. Cette déclaration de Mbata n’engage que lui ».

Mercredi 1er février : journée presque chômée
Au niveau du Gouvernement, on ne lésine pas sur les moyens pour réussir ce premier grand évènement de l’année 2023. En marge de l’arrivée du Pape François à Kinshasa, le Gouvernement a déployé une impressionnante logistique.
Réuni samedi autour du Premier ministre, le Gouvernement procède déjà aux derniers réglages.
Bien avant le chef du Gouvernement, le Président de la République, Félix Tshisekedi avait également fait samedi le tour de tous les chantiers qui vont accueillir le Souverain pontife. Kinshasa s’est mis la pression pour réussir ce grand évènement, 35 ans après le voyage du Pape Jean-Paul II en RDC, alors Zaïre.
Pour la messe populaire du 1er février sur la piste de l’aérodrome de Ndolo, le Gouvernement a mis les gros moyens. L’avant-midi de mercredi 1erfévrier 2023 a été décrété chômée dans la ville de Kinshasa pour permettre aux fidèles d’aller aux services religieux, notamment la messe papale de l’aérodrome de Ndolo.
Faisant la restitution de cette réunion devant la presse, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a souligné que la demie journée de mercredi 1er février est chômée.
«La première réunion de tout à l’heure concernait la sécurité de l’ensemble de l’événement, mais dans un contexte général par rapport à la situation du pays. Cette deuxième réunion fait suite à la réunion que le Premier ministre avait présidée le jeudi dernier avec l’église, où nous avions passé en revue tous les derniers détails par rapport à l’événement que nous attendons tous dans les 72 heures qui viennent. Déjà aujourd’hui, nous pouvons annoncer que la journée du mercredi 1er février, qui est la journée de la messe papale, sera une demi-journée. Les heures ouvrables seront plutôt l’après-midi pour permettre aux fidèles de se rendre, dans l’avant-midi, aux services religieux. Ce jour-là, il n’y aura pas classe. Il faut que cela soit bien clair. Comme cela, les parents savent que mercredi, il n’est pas question de se stresser pour se lever tôt en vue d’amener les enfants à l’école. C’est une des précisions et des décisions qui est ressortie de cette réunion», a indiqué Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement. Et de poursuivre : «On a eu l’occasion d’avoir un briefing aussi sur la santé, comment elle sera prise en charge, le personnel médical mobilisé, et les autres dispositions. Évidemment, c’est une réunion qui sera poursuivie. Parce qu’il y a d’autres détails, notamment la désignation finale de différents points focaux, d’autres petites réunions qui doivent se tenir pour que demain, lorsqu’on va se retrouver, qu’on soit sûr que tout le déroulé et que toutes les dispositions ont été prises pour que cela soit une réussite totale », a expliqué Patrick Muyaya.

Econews