Vives tensions entre le pouvoir et l’Église catholique

Cardinal Fridolin Ambongo : «Je suis inquiet pour l’avenir de la démocratie dans notre pays»

Vent debout contre l’investiture de Denis Kadima à la tête de la commission électorale, l’archevêque de Kinshasa accuse le parti au pouvoir de faire une «fixation» contre l’Église et d’avoir tourné le dos aux valeurs qu’il défendait lorsqu’il était dans l’opposition.

Le cardinal Fridolin Ambongo n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Réagissant à la confirmation de la nomination de Denis Kadima à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), l’archevêque de Kinshasa se dit «très déçu» et dénonce «les menaces, insultes et intimidations» dont se sont rendus coupables, selon lui, des membres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

Regrettant que le Président Félix Tshisekedi n’ait «pas entendu» les inquiétudes formulées par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et par l’Église du Christ au Congo (ECC), il affirme ne plus «se sentir en sécurité» dans la capitale congolaise. Il a reçu Jeune Afrique dans ses bureaux de l’archevêché de Kinshasa.

Comment réagissez-vous à la confirmation de la composition de la nouvelle commission électorale par le président Tshisekedi et à la nomination à sa tête de Denis Kadima ?

Cela a été pour moi un moment de grande tristesse et je suis inquiet pour l’avenir de la démocratie dans notre pays. Si, dès le départ, il n’y a pas un minimum de consensus, je me demande à quoi ressemblera la suite du processus électoral.

Qu’attendiez-vous du chef de l’État ?

Il connaît très bien notre position. Nous avions attiré son attention sur le risque que l’on faisait courir à la République en entérinant une solution non consensuelle, mais nous n’avons pas été entendus.

Que reprochez-vous concrètement au nouveau président de la Ceni ?

Notre unique préoccupation, c’est l’indépendance et la crédibilité du processus électoral. C’est pour cela qu’il n’est pas souhaitable que le président de la Céni soit trop proche d’un camp ou d’un autre.

Quelles preuves avez-vous donc contre Denis Kadima ?

Et la Cenco et l’ECC ont évoqué des tentatives de corruption et des pressions sur certains membres de la plateforme des confessions religieuses. Je suis étonné et déçu que cela n’ait pas attiré l’attention des instances compétentes et qu’il n’y ait pas eu de vérifications.

Pourquoi ne pas avoir montré ces preuves au grand public ? Cela n’a-t-il pas nui à votre cause ?

Cela n’aurait servi à rien et n’aurait pas fait avancer notre cause puisque les services compétents ne s’y sont pas intéressés.

Comprenez-vous que certains vous aient accusé d’être à l’origine du blocage ?

Ce reproche n’est pas fondé. La preuve : nous avons même accepté de retirer la candidature de Cyrille Ebotoko. On ne peut vraiment pas nous accuser de nous être accrochés à notre candidat. Nous étions et nous sommes toujours disposés à apporter notre soutien à quelqu’un d’autre, pourvu qu’il soit désigné dans le respect de la loi électorale.

Econews avec Jeune Afrique