Candidat à la présidentielle de décembre 2023, l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon est, une fois de plus, dans le viseur de la justice. Selon des indiscrétions, un plan est mis en place entre le Sénat et la Cour constitutionnelle pour clouer Matata en se servant du dossier de Bukanga-Lonzo. Au Sénat, son président, Modeste Bahati Lukwebo, a attendu la fin de la session parlementaire de mars pour actionner la machine. Il s’agit de répondre à la requête du procureur général (PG) près la Cour constitutionnelle, Jean-Paul Mukolo, pour clouer le sénateur du Maniema. Le dossier ayant été déjà débattu et clos en plénière devant la chambre haute du Sénat, le PG près la Cour constitutionnelle et le président du Sénat ont attendu juste la clôture de la session de mars pour actionner la machine. Au Bureau du Sénat, on crie à la tricherie. Ce qui n’est pas de l’avis de son président qui, rapporte-t-on, évoque des raisons politiques pour barrer la route à Matata.
Nouveau rebondissement dans l’affaire Bukanga-Lonzo. Selon des indiscrétions glanées dans les couloirs du Sénat, un plan a été mis en place pour déférer Matata devant la Cour constitutionnelle. A la manœuvre, il y a le procureur général près la Cour constitutionnelle et le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo. Et pour réussir ce coup, le timing a été bien choisi, c’est-à-dire attendre la clôture de la session parlementaire de mars en levant les immunités du sénateur du Maniema.
Dans l’entourage de Matata, on rappelle que l’objectif est de salir le casier judiciaire de l’ancien Premier ministre pour lui barrer la route à la course présidentielle de décembre prochain.
Matata a été le premier à divulguer la machination sur son compte twitter : «Le président du Senat Bahati et le procureur général Jean-Paul Mukolo ont été instruits par la haute hiérarchie pour attendre la fin de la session ordinaire afin de permettre au Bureau du sénat de l’Union sacrée de lever mes immunités de manière illégale. Où est parti l’Etat de droit ? »
Dans les milieux des sénateurs, le forcing du PG près la Constitutionnelle, en complicité avec le président du Sénat, passe très mal. Déjà, au niveau du bureau du Sénat, l’on apprend que Modeste Bahati a du mal à faire l’unanimité autour de cette initiative qui surgit sur un dossier préalablement clos en plénière. Bien plus, les membres du bureau, apparemment hostiles à l’initiative de leur président, redoutent qu’une action qui, pensent-ils, désacralise la chambre des sages du Parlement congolais.
Dans l’affaire Bukanga-Lonzo, c’est le retour à la case départ. On se rappelle néanmoins que, par son arrêt du 15 novembre 2021, la Cour constitutionnelle, alors dirigée par Dieudonné Kaluba, s’était déclarée «incompétente» de juger l’ancien Premier ministre Matata dans l’affaire Bukanga-Lonzo, avant que, Dieudonné Kaluba, son successeur, Dieudonné Kamuleta, reconnaisse, par l’arrêt du 18 novembre 2022, la compétence de la Cour constitutionnelle à juger un ancien Président de la République ou un ancien Premier ministre.
Depuis lors, c’est la cacophonie, quoi que les juristes estiment que le nouvel arrêt du 18 novembre 2022 ne peut pas rétroagir et annuler celui du 15 novembre 2021.
Duel gagné avec la DGM
Dans un autre registre, entre l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2023, et la Direction générale de migration (DGM), c’est le langage des sourds. On sait néanmoins que Matata, selon sa version, s’est vu refuser d’embarquer sur un vol CAA à destination de Goma via Kindu. Sur son compte twitter, Matata n’a pas caché sa colère : «Je viens d’être interdit de voyager à l’aéroport de N’djili par les services de la DGM pour aller à Bunia (Ituri) où j’étais attendu par la population meurtrie de l’Ituri. L’ordre est venu de la Présidence de la République. En tant que candidat président, je ne peux plus voyager», soulignant, par la même voie, que «Sans aucune norme professionnelle et sans aucun respect revenant à un parlementaire, la carte d’identité du sénateur a été saisie par les agents de la DGM. Vive la dictature au pays de Lumumba».
Quelques heures après cet incident qui a restreint la liberté de mouvement d’un sénateur de la République, la DGM a donné sa version des faits remettant en cause les déclarations de l’ancien Premier ministre.
«La DGM n’a posé aucun acte pour empêcher à Matata Ponyo de voyager. Il s’est présenté en retard à l’aéroport et n’a pas voulu se plier aux formalités d’usage», a indiqué la DGM, dans un communiqué, largement relayée sur les réseaux sociaux. Le communiqué allait plus loin : «Il n’y a aucune interdiction contre lui (…) s’il remplit les formalités mais surtout s’il arrive à l’heure, il voyagera normalement».
Sans surprise, la contra-ttaque de Matata n’a pas tardé. Sur un compte twitter, Matata a balayé d’un revers de main la volte-face des autorités de la DGM : «Je suis surpris par le communiqué de la DGM qui soutient qu’elle ne m’a pas empêché de voyager et que je suis arrivé en retard. Je confirme être arrivé à l’aéroport trois heures avant le décollage et avais reçu ma carte d’embarquement qui a été confisquée avec ma carte de sénateur ».
Entre la DGM et Matata, qui dit vrai ? Difficile à dire.
On apprend finalement qu’après avoir raté son vol de samedi, Matata Ponyo est finalement arrivé dimanche à Bunia pour compatir, selon lui, aux malheurs successifs qui s’abattent sur les populations de cette partie de la République.
A son arrivée à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri, on rapporte que le sénateur du Maniema a été accueilli par le maire ad intérim de la ville ad-intérim.
Abordé par la presse, Matata Ponyo n’a pas souhaité s’exprimer, apprend-on.
Francis N.