Le sommet de Nairobi marque le début d’une série de négociations climatiques internationales visant à faire de l’Afrique une puissance émergente en matière de croissance verte. L’objectif recherché à l’issue de ce premier Sommet africain pour le climat est de parvenir à une feuille de route commune du continent. Le Document sera présenté à la 28ème Conférence des Parties sur le Climat de l’ONU (COP 28) qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis.
Les décideurs africains ont donné, lundi, au Kenya le coup d’envoi d’un sommet historique sur le climat. L’objectif est de faire du continent une puissance émergente en matière d’énergies renouvelables et d’appeler à une aide financière internationale pour révéler son potentiel.
Ce premier Sommet africain pour le climat lance les quatre mois les plus chargés de l’année pour les négociations climatiques internationales, qui culmineront avec une bataille sur la fin des énergies fossiles à la COP28 à Dubaï, de fin novembre à début décembre.
Pendant trois jours, dirigeants et responsables d’Afrique et d’ailleurs, dont le chef de l’ONU António Guterres, vont tenter de trouver un langage commun sur le développement et le climat afin de « proposer des solutions africaines » à la COP28.
Niclas Svenningsen, le responsable de l’unité d’action mondiale pour le climat au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Selon lui, «il s’agit surtout d’examiner le niveau politique, car c’est la première fois depuis la Conférence de Copenhague, en 2009. C’est donc la première fois depuis plus de quinze ans que vous avez ce rassemblement de chefs d’État qui ne cherchent vraiment qu’à relever le défi du changement climatique ici ».
Cet optimisme, l’hôte de ce Sommet, le président kényan William Ruto le partage aussi. Il souhaiterait orienter le continent vers les énergies renouvelables. Et surtout positionner le Kenya comme pionnier dans la lutte contre le changement climatique.
John Kerry, l’envoyé spécial de Joe Biden pour le climat a insisté sur la nécessité de réduire la grande injustice dans le monde.
«Il est donc clair que si des personnes montent à bord de petits bateaux et se noient dans la Méditerranée ou traversent des frontières et se précipitent dans des zones de conflit, cela leur coûte la vie. On enregistre beaucoup de violation des droits fondamentaux de l’Homme dans le monde » insiste l’ancien secrétaire d’État des États-Unis du 1I”³ février 2013 au 20 janvier 2017 durant la présidence de Barack Obama.
L’Afrique, une potentielle «opportunité pour le monde »
Un succès à Nairobi autour d’une vision partagée sur le développement vert de l’Afrique donnerait un élan à plusieurs réunions internationales clés avant la COP28, en premier lieu en septembre le sommet du G20 en Inde et l’Assemblée générale des Nations unies, puis en octobre la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech.
Selon Joseph Nganga, nommé par William Ruto pour présider le sommet, la conférence devrait démontrer que «l’Afrique n’est pas juste une victime mais un continent dynamique avec des solutions pour le monde».
«Nous avons le pouvoir de répondre à cette crise (…) L’Afrique représente une opportunité pour le monde si nous travaillons ensemble à des bénéfices mutuels», a estimé Joseph Nganga de Global energy alliance for people and planet – un mouvement qui promeut les énergies renouvelables dans les pays en développement.
La sécurité a été renforcée à Nairobi et les routes fermées autour du lieu du sommet. Selon le gouvernement, 30.000 personnes se sont accréditées pour l’événement.
Des groupes de la société civile devraient manifester près du site lundi pour dénoncer un « agenda profondément compromis » se concentrant sur les intérêts des pays riches.
Un continent qui abrite 60 % des meilleurs potentiels mondiaux en énergie solaire
Pour limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle prévu par l’accord de Paris, l’investissement doit atteindre 2 000 milliards de dollars par an dans ces pays en l’espace d’une décennie, a calculé le FMI.
Un projet de «Déclaration de Nairobi» consulté par l’AFP, mais encore en négociation, souligne le «potentiel unique de l’Afrique pour être une partie essentielle de la solution». Le document cite le vaste potentiel de la région en énergies renouvelables, sa main-d’œuvre jeune et ses atouts naturels, notamment 40 % des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine – essentiels pour les batteries et l’hydrogène.
Mais les défis sont écrasants pour un continent où quelque 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Et les dirigeants africains ne cessent de souligner les obstacles financiers considérables.
L’Afrique, qui abrite 60 % des meilleurs potentiels mondiaux en énergie solaire, n’a toutefois qu’une capacité installée similaire à la Belgique, ont souligné récemment le président kényan et le patron de l’Agence internationale de l’énergie. En cause, notamment : seuls 3 % des investissements mondiaux de la transition énergétique arrivent en Afrique, ont-ils déclaré.
Selon Charra Tesfaye Terfassa, du groupe de réflexion E3G, le sommet devrait trouver un équilibre entre optimisme et évaluation rigoureuse des défis pour «tracer une nouvelle voie afin que l’Afrique soit un élément clé de la conversation mondiale et bénéficie des opportunités de la transition».
L’Afrique, où vit 1,2 milliard d’habitants dans 54 pays, est politiquement et économiquement diverse et abrite des populations parmi les plus vulnérables au changement climatique.
Un succès à Nairobi donnerait un élan à plusieurs réunions internationales clés avant la COP28, en premier lieu en septembre le sommet du G20 en Inde et l’Assemblée générale des Nations unies, puis en octobre la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Marrakech.
Avec Euronews