Accord RDC – Primera, le Gouvernement rassure : « ni bradage ni exclusivité »

Nicolas Kazadi (à gauche), Patrick Muyaya (au milieu) et André Wameso (à droite)

L’intrusion du député national Maisha, élu de Bukavu-Centre, dans la province du Sud-Kivu, sur l’accord liant la République Démocratique du Congo à la firme Primera Group Limited, a obligé le Gouvernement à sortir la grande artillerie pour vider ce qu’il appelle les « contradictions d’un député-avocat ». Lundi, la presse a eu droit à briefing entièrement consacré aux « enjeux, retombées et perspectives du partenariat stratégique émirati-congolais dans le secteur de l’or artisanal et des 3T». Pour se frotter à cet exercice, le Gouvernement a dépêché aux côtés de l’incontournable Patrick Muyaya, son porte-parole, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, et le directeur de cabinet adjoint du Chef de l’Etat en charge des questions économiques et financière, André Wameso. Face aux agitations du « député-avocat » qui a pris la défense de son client en semant la confusion dans l’opinion publique, le Gouvernement a tenu à lever toute équivoque, rappelant, statistiques à l’appui, que l’accord Primera Gold ne consacre ni bradage ni exclusivité sur les ressources minérales de la RDC, spécialement l’or et les 3T (étain, tungstène et tantale ).
En ce début de semaine, la chronique nationale est dominée par cette interpellation lancée contre trois membres du Gouvernement, à savoir le ministre d’Etat en charge du Portefeuille, le ministre des Finances et celle des Mines, sur l’accord conclu en 2022 entre l’Etat congolais et la firme Primera Group Limited sur l’exploitation de l’or artisanal dans l’Est de la République Démocratique du Congo, y compris la filière de 3T (étain, tungstène et tantale).
Face aux «contrevérités » distillées dans l’opinion publique, la presse a été conviée lundi à un briefing entièrement consacré aux «enjeux, retombées et perspectives du partenariat stratégique émirati-congolais dans le secteur de l’or artisanal et des 3T»
A cette séance, dite de vérité, le Gouvernement a délégué deux de ses membres, dont Patrick Muyaya, son porte-parole, et Nicolas Kazadi, le ministre des Finances. Preuve que le dossier est suivi au plus haut sommet de l’Etat, André Wameso, directeur de cabinet adjoint du Chef de l’Etat en charge des questions économiques et financières, s’est aussi prêté à cet exercice.

Que retenir ?
D’emblée, le porte-parole du Gouvernement a fait des «réactions inappropriées sur cet accord» qui ont suivi la sortie médiatique de l’élu national de Bukavu-Centre, rappelant qu’avec l’accord créant Primera Gold, il s’agit avant tout de «couper le pont des approvisionnements en or et d’autres substances minérales de la RDC vers le Rwanda en remettant de l’ordre sur le circuit artisanal ».
En conviant la presse à discuter de vive voix de ce sujet, Patrick Muyaya justifie cette démarche. «Pour nous, la transparence est une règle d’or pour ne pas laisser la manipulation gagner du terrain», a-t-il dit.
Bien près lui, c’était au tour du ministre des Finances de s’appesantir sur tous les contours de cet accord dont la ligne directrice est totalement à l’avantage de la RDC.
«Cet accord est une stratégie de haut niveau pour récupérer notre souveraineté sur les minerais non pas pour les brader, mais pour mieux les contrôler», a fait observer Nicolas Kazadi, rappelant qu’avec cet accord, la RDC récupère le manque à gagner qu’elle a toujours subi par le fait du désordre qui entourait le réseau minier artisanal dans sa partie Est.
Et lorsque le député national Maisha crie à un bradage des ressources minières jusqu’à induire l’opinion publique en erreur en faisant part d’une exclusivité qui aurait été attribuée à Primera Gold, Nicolas Kazadi balaie cette assertion : «Nous sommes en face d’un défaut d’information d’un avocat, de surcroît député national, qui doit déjà nous expliciter sur le conflit d’intérêt dont il fait l’objet».
«Nous sommes dans une opération de blanchiment de la chaîne de production de l’or vers les Emirats Arabes. C’est maintenant que ça fasse de bruits », a indiqué Nicolas Kazadi, pour autant que cet accord réduit, selon lui, à néant tous les réseaux maffieux qui prospéraient dans l’Est de la RDC. Avant de rassurer : «Il s’agit d’une opération transparente faite dans l’intérêt du pays (…) Ce contrat n’a qu’un seul souci : que cette guerre cesse. Et l’accord Primera est un palier pour y arriver ».
Face aux contrevérités du député national Maisha, le ministre Nicolas Kazadi s’est attardé sur son statut d’un avocat qui offre ses services à une entreprise indexée par le Gouvernement congolais dans le trafic illicite des minerais de l’Est.
«Aujourd’hui, selon les renseignements que nous avons, Congo Com pourrait avoir produit et exporté au Rwanda l’année dernière 3 tonnes mais n’a déclaré que 15 kilos. C’est de cela qu’il s’agit, et il n’est pas le seul. Aujourd’hui, l’État estime que le manque à gagner en terme d’exportation l’année dernière, se chiffre environ 1 milliard de dollars US, ça pourrait encore grandir. Il y a une instruction en cours, il y a eu des saisies, saisie d’ordinateurs, saisie d’informations financières et économiques. Un procès doit bientôt démarrer. L’idéal est qu’il soit puni et que chacun prenne ses responsabilités », a révélé Nicolas Kazadi.
De l’avis d’André Wameso, ce contrat doit faire mal à ceux qui ont toujours servi de relais aux pays tels que le Rwanda pour faire prospérer la machine de prédation des ressources minières de la RDC.
Aussi, note-t-il que «cet accord va dans le sens de travailler pour récupérer la souveraineté de notre pays sur son or, avec une entreprise dont la RDC a le contrôle. Ça va couper l’herbe sous les pieds de notre voisin (Ndlr : le Rwanda) et tous les pays qui se servent de l’exploitation minière artisanale pour entretenir l’insécurité dans l’Est ». Et de souligner : «La stratégie avec les Emirats Arabes Unis, c’est traçable et transparent …».

Un bel exemple du front économique
Quoi qu’il en soit, le porte-parole du Gouvernement place cet accord dans le cadre du droit économique à la crise sécuritaire de l’Est.
La guerre que mène la RDC dans sa partie Est n’est pas que militaire. Elle est également économique. Le contrat RDC-Primera Gold est une bataille dans cette guerre économique. L’Exécutif congolais veut renflouer ses caisses pour développer le pays grâce à ses ressources minières.
«De manière spécifique, le projet tel que nous le présentons c’est le projet principal du front économique qui nous permettra à la longue de maîtriser tout le circuit économique des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri et du Maniema. Et donc, il y a tout un écosystème qui se met en place, et le moment venu, j’espère qu’on pourra organiser une visite dans le Sud-Kivu pour que vous puissiez voir comment ce travail se fait et comment cela va continuer dans d’autres provinces», a fait observer le porte-parole du Gouvernement, qui a dit comprendre les frustrations des Congolais qui ont encore à travers la gorge le contrat sino-congolais, dit contrat chinois – un contrat voulu gagnant-gagnant mais qui, en réalité, a fait la part belle à la partie chinoise.
Avec l’accord Primera Gold, Patrick Muyaya, tout comme Nicolas Kazadi et André Wameso, ont rassuré que tout a fait pour protéger les intérêts de la RDC et de son peuple.
Plus de peur que du mal. Avec l’accord Primera Gold, il n’y a eu ni bradage ni exclusivité sur aucune ressource minière de la partie Est de la République Démocratique du Congo.

Econews