Loin de l’EAC, Kinshasa et Bujumbura signent un accord de défense commune

Au terme d’un séjour de travail de 48 heures dans la capitale congolaise, le président burundais Evariste Ndayishimiye a conclu avec son homologue congolais Félix Tshisekedi un accord de défense commune. A ce titre, Kinshasa et Bujumbura se sont engagés à consolider leur coopération militaire dans le cadre des efforts sous-régionaux de consolidation de la paix dans la région des Grands Lacs.
Entre la République Démocratique du Congo et le Burundi, il y a une nette volonté de bâtir une relation de coopération mutuellement profitable aux deux pays. C’est ce qu’on retient de la visite de travail de deux jours du président Evariste Ndayishimiye à Kinshasa.
Lundi, peu avant de quitter la capitale congolaise, les deux chefs d’Etat ont formalisé leur coopération par la signature, au Palais de la nation à Kinshasa, d’un accord de défense.
L’accord a été signé par Alain-Tribert Mutabazi, ministre burundais de la Défense, et son homologue congolais, Jean-Pierre Bemba, en présence de deux chefs d’Etat.
De l’avis du président burundais, cet accord de défense ne devait ni interférer ni faire ombrage à l’engagement souscrit dans le cadre de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est) dans la pacification de la partie Est de la RDC.
«La RDC et le Burundi sont comme l’écorce et l’arbre et donc ils doivent préserver leurs intérêts de manière commune», a indiqué le président burundais, se félicitant des rapports au beau fixe avec la RDC.
Pour éviter tout malentendu autour des motivations réelles de cet accord de défense, il a fait remarquer que «l’accord est un accord d’entraide dans le système de défense (…). Que cela soit dans la formation, dans les patrouilles sur les frontières. D’ailleurs, nous le faisions avant l’intervention de la force régionale. Donc nous voulons toujours actualiser ce que nous faisons ensemble».
Toutefois, le président burundais a tenu à interpeller les Congolais à se réorganiser pour défendre leur souveraineté. «Ne pensez pas que c’est de l’extérieur que viendra la paix au Congo, c’est de vous-même. Montrer l’esprit patriotique pour défendre votre nation afin d’œuvrer ensemble avec le Gouvernement», a-t-il lancé.
Si les relations entre le Président Félix Tshisekedi et l’état-major de la Force des Etats d’Afrique de l’Est étaient loin d’être au beau fixe, elles semblent aujourd’hui apaisées.
«Il est clair que j’avais manifesté un certain agacement vis-à-vis du comportement des forces d’Afrique de l’Est et de certains contingents de paix qui est sur notre sol, mais depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts », a déclaré Félix Tshisekedi.
Alors que le mandat de la force régionale prend fin le 8 septembre 2023, les deux présidents ont insisté sur le fait que son départ n’était plus à l’ordre du jour. D’ailleurs, des proches de la présidence congolaise reconnaissent l’efficacité des forces burundaises, arrivées le 15 août 2022 dans l’est de la RDC.
Pour rappel, Evariste Ndayishimiye a effectué une visite de deux jours à Kinshasa (27-28 août 2023), à l’invitation de son homologue congolais, Félix Tshisekedi.
Les deux chefs d’Etat ont notamment discuté des relations économiques entre les deux pays ainsi que de la situation sécuritaire et surtout, du rôle de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est, engagée dans le Nord-Kivu. Ils ont par la suite tenu une conférence de presse conjointe, au cours de laquelle ils ont évoqué la question de la guerre menée par le M23 dans l’est de la RDC et la réponse de l’EAC pour y mettre un terme.

Econews