Affaire Bukanga-Lonzo : Alingete dans la politisation d’une affaire hautement judiciaire

Qu’est-ce qui a donc pu piquer l’Inspection générale des finances (IGF) pour produire son communiqué du 16 mai 2022 dans une affaire qui échappe complètement à son contrôle, parce que désormais prise en charge par la Justice de la République Démocratique du Congo (RDC) ? L’IGF tenterait-elle d’influencer la Justice dans l’affaire Bukanga-Lonzo ? On comprend aisément qu’après la défenestration éhontée du juge Dieudonné Kaluba à la présidence de la Cour constitutionnelle, l’IGF essaie, à sa manière, de préparer les esprits dans la perspective de réouverture du dossier visant le Premier ministre Matata Ponyo Mapon. Encore une fois, l’IGF donne la preuve d’arme politique pour la neutralisation du sénateur Matata. C’est bien malheureux pour la consolidation de l’Etat de droit. Avec la lecture comparée du site d’infos en ligne, scooprdc, Econews est d’avis que, dans l’affaire Bukanga-Lonzo, l’IGF joue une mauvaise partition.
Le patron de l’Inspection générale des finances (IGF), Jules Alingete, est dans un acharnement sans nom dans l’affaire Bukanga-Lonzo, impliquant l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon.
C’est à peine croyable de se retrouver régulièrement le nez dans des réactions à l’emporte-pièce de Jules Alingete. En principe, une fois l’IGF a bouclé une enquête, elle transmet le dossier au parquet et à sa hiérarchie. A partir de la transmission du dossier, l’IGF est dessaisie de l’affaire qui relève donc de ces instances habilitées par la loi de prendre des dispositions qui s’imposent.
Jules Alingete, qui fait des sorties hasardeuses, s’est brûlé récemment des ailes à Houston, aux États-Unis. Sa déclaration hasardeuse a provoqué des réactions virulentes allant jusqu’à mettre à mal le régime et le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi.
En communiquant au nom de la Présidence de la République, Alingete vend l’image d’un régime qui s’immisce dans les affaires judiciaires. Si Alingete peut se permettre de gesticuler sur des dossiers qu’il gère, il a l’obligation constitutionnelle de respecter les lois de la République.
Et la Constitution est limpide concernant les jugements de la Cour constitutionnelle qui s’imposent à tout le monde, les institutions de la République comprises. Cette haute instance judiciaire s’est déclarée «incompétente» de juger un ancien Premier ministre. Ce débat est définitivement clos.
Pourquoi Alingete s’acharne-t-il contre son ancien condisciple de faculté au point de se permettre des libertés vis-à-vis de la Constitution ?

Dossier Matata : la politisation au grand jour
Comme un cheveu tombé dans la soupe, le communiqué de presse du lundi 16 mai 2022 de l’IGF a été vite récupéré par les réseaux sociaux et certains médias qui l’ont traité et commenté diversement, note scooprdc.net.
Dans ce communiqué, Jules Alingete revient sur ce qu’il a toujours dit sur la personne qui avait commandé l’audit sur la gestion du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo qui n’est autre que l’ancien premier ministre Matata Ponyo lui-même. Il finit par le charger comme responsable de la débâcle de ce projet.
«L’Inspection générale des finances confirme par conséquent que le projet de parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo est un échec désastreux, qui a coûté à la République plus de 287 millions de dollars américains et que son instigateur, l’ancien premier ministre Matata Ponyo est bien l’auteur intellectuel, matériel et principal de cet échec ainsi que des détournements qui ont eu lieu », peut-on lire dans ce communiqué de Jules Alingete signé le lundi 16 mai 2022.
Seulement, cette sortie médiatique jugée inopportune du gendarme financier congolais est, pour les proches de Matata Ponyo, une preuve éloquente de la politisation du dossier et de l’acharnement contre ce dernier par ses détracteurs, via Jules Alingete qui a toujours un autre discours sur son ancien collègue de l’Université de Kinshasa.
En effet, lors d’un café de presse le 12 avril dernier au siège de l’IGF, Jules Alingete a déclaré aux journalistes : « Je connais bien Augustin Matata Ponyo. C’est mon collègue à la faculté d’économie de l’UNIKIN. Nous avons terminé la même année. C’est un homme intègre et correct. J’ai été étonné lorsque le rapport me transmis de Bukanga Lonzo l’incriminait. J’ai été peiné ».
Comment un homme intègre et correct, comme l’a si bien déclaré Jules Alingeti, peut-il être traité par le même Jules Alingete de détourneur des deniers publics? Voilà qui fait croire aux pro-Matata que l’IGF Alingete n’est que la marionnette utilisée par les pourfendeurs politiques de l’ancien premier Matata Ponyo qui se recrutent tant à l’Union sacrée de la nation qu’au FCC, son ancien camp politique. Surtout que cela transparait dans son communiqué quand il écrit : « L’IGF reste convaincue que l’analyse de ce dossier quant au fond ne pourra que confirmer la responsabilité personnelle, pleine et entière de monsieur Matata Ponyo dans cette débâcle ».
Ce paragraphe de son communiqué ne serait-ce pas une orientation donnée aux juges ? Qu’est-ce qui justifie cette sortie médiatique de Jules Alingete au moment où Matata Ponyo est politiquement actif sur le terrain ? S’interrogent les proches de Mapon.
«L’IGF est un officier de police judiciaire à compétence restreinte. Lorsqu’un OPJ transmet son dossier à l’OMP, il est dessaisi du dossier et sa bouche est cousue et ses bras croisés ! Scandale, Jules Alingeti incapable de dire la vérité au peuple congolais trouve mieux de saper la réputation de celui qui a réussi à gérer ce pays avec prouesses et dont les résultats sont palpables ! Au-delà de ses mensonges, ce qui est plus grave est la manipulation des chiffres par l’IGF ! », déclare un proche de l’ancien premier ministre en précisant que la Banque Centrale du Congo (BCC) a répondu plusieurs fois à cette question autour du montant réel décaissé par elle relativement au dossier Bukanga-Lonzo.
«Et vous vous en doutez, le total fait 158 millions USD comme la somme décaissée par la BCC et facilement rétractable en termes de bénéficiaires et vous ne trouverez nullement le nom de Matata. Alors que dans les différents ordres de paiement, l’IGF était en face des donneurs d’ordres de paiement qu’il n’a jamais voulu cités, mais se contente à saper la réputation de Matata, candidat Président de la République ! L’IGF se permet même de qualifier les faits et traitant Matata d’auteur intellectuel et matériel, doit-on considérer ce communiqué comme un arrêt déjà rendu ? », s’indigne ce proche de Mapon qui estime qu’un patrouilleur financier travaille comme un flic ne devant pas beaucoup parler. Mais hélas, regrette-t-il, la star du régime, Jules Alingete, veut devenir populaire plus que le musicien JB Mpiana en se faisant malheureusement passer pour un gros menteur de la République.

Econews avec scooprdc.net