Assemblée nationale : mauvais temps pour Christophe Mboso

A l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’kodia Pwanga, joue le va-tout pour conserver son poste de président mis en ballottage défavorable par la motion de défiance initiée par Papy Niango, élu de Bandundu-ville, dans la province du Kwilu. Comme parade, le président de l’Assemblée nationale a lancé une contre-offensive visant des députés absentéistes, dont la majorité se retrouve dans les rangs du FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila. Dans l’Hémicycle, on assiste désormais à un pugilat. Accroché à son poste, Christophe Mboso doit affronter un vent violent qui pourrait bien l’emporter.

Après la démission de Jean-Marc Kabund-a-Kabund au poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’kodia Pwanga, craint maintenant pour son poste de président, plus que jamais menacé par une motion initiée par Papy Niango, élu national de Bandundu-ville.

Selon son initiateur, la motion a déjà recueilli plus de 130 signatures. Il attend fédérer le plus grand nombre d’élus autour de sa démarche pour obtenir la tête de Mboso.

S’il a échappé, il y a quelques jours avant, à une pareille motion de défiance lancée contre lui par l’honorable Iracan, à la chambre basse du Parlement, le président Mboso prend très au sérieux l’initiative de Papy Niango. Pour lui barrer la route, Christophe Mboso s’est lancé dans une vaste contre-offensive où il attend régler ses comptes avec des députés absentéistes parmi lesquels se retrouve Papy Niango, l’auteur de la motion de défiance.

La contre-offensive

Lundi dernier, Mboso N’kodia a déployé la grande artillerie. C’est à huis-clos que les députés nationaux se sont réunis pour valider la démarche de Mboso. Au terme des débats, une résolution a été adoptée.

«Bientôt les députés nationaux absentéistes seront invalidés. N’échapperont pas à cette sanction : Adolphe Muzito, Papy Niango, Marie-Ange Mushobekwa, Mova Sakani, Néhémie Mwilanya, Asani, Boniface Balamage, Alfani Masozi, Aubain Minaku, Charles Nawej et bien d’autres. La motion a été votée par la majorité des députés présents à la plénière de ce lundi 18 avril 2022 ». C’est le communiqué diffusé, à l’issue de cette séance, par la cellule de communication de l’Assemblée nationale qui l’atteste.

Curieusement, le gros bâton que brandit le président de l’Assemblée nationale ne fait pas la part belle à certains caciques du FCC. Sans surprise, les députés mis en cause n’ont pas tardé à réagir.

Présente sur la liste de Mboso, Marie-Ange Mushobekwa relativise une démarche, vouée, selon elle à l’échec. « Je ne fais pas partie des absentéistes. J’assiste presque à toutes les plénières; les vidéos d’archives et les listes de présence faisant foi. La décision du bureau de l’Assemblée nationale est un règlement de comptes pour chercher à me réduire au silence. Il n’y a pas une autre explication », a-t-elle réagi sur son compte Twitter.

Mais, la réaction la plus virulente est venue de l’ECT (Eveil de la conscience pour le travail et le développement), parti membre du FCC. Dans un communiqué, Boniface Balamage, son président, indexé dans la liste de député absentéiste, n’a pas de mots tendres envers le président de l’Assemblée nationale.

«L’Eveil de la conscience pour le travail et le développement, ECT en sigle, Parti membre du Front commun pour le Congo, porte à la connaissance de l’opinion tant nationale qu’internationale qu’au cours de la séance plénière de l’Assemblée nationale de ce lundi 18/04/2022, les Honorables Députés ont dit vouloir sanctionner les Députés absentéistes et qu’aucun nom n’a été cité, étant donné que le travail d’identification desdits absentéistes, n’a jamais débuté. ECT constate que c’est au lendemain de l’annonce de la pétition contre l’Honorable Président de l’Assemblée Nationale qu’une liste des députés, tous du FCC, prétendument ‘absentéistes’ selon certains médias proches du Bureau de l’Assemblée nationale, est diffusée tel un venin sur les réseaux sociaux », pouvait-on lire dans ce communiqué.

L’ECT note que la procédure de déchéance de certains élus nationaux que se propose d’initier le président de l’Assemblée nationale a tout l’air d’un règlement de comptes visant à fragiliser un groupe de députés nationaux non inféodés à l’Union sacrée de la nation.

Tirs croisés sur Mboso

Sur les réseaux sociaux, le bras de fer qui couve à l’Assemblée nationale suscite des commentaires en sens divers.

« Intimider les signataires de la pétition est une démarche suicidaire pour le speaker de la chambre basse qui agit in suspecto tempore», affirment certains élus, par solidarité à leurs collègues mis en cause.

Quant à l’idée d’invalider des députés, dits absentéistes, certains s’exclament : «Qui a mis cette idée dans sa tête ? ».

Tous sont d’avis que « cette démarche va le (Ndlr : le président de l’Assemblée nationale) desservir, et pour ça, nous allons le destituer avant qu’il nous explique la destinations donné à d’importantes sommes d’argent à la chambre basse ? » Et d’enchaîner : « Ce n’est pas à de vieux singes qu’on apprend à faire des grimaces…Ces menaces ne constituent qu’un coup d’épée dans l’eau ! »

Autant dire qu’à l’Hémicycle, un vent mauvais balaie l’Assemblée nationale. Entre Mboso et des députés absentéistes, l’un des parties devra tomber pour que le calme y revienne. Qui tombera en premier ? Suspense !

HUGO TAMUSA