Bilan à demi-teinte de Tshisekedi : Le mea-culpa d’Augustin Kabuya, SG de l’UDPS

En l’absence de Jean-Marc Kabund, désormais banni de la cour présidentielle et de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), c’est Augustin Kabuya, secrétaire général du parti présidentiel, qui se charge de répondre à toutes attaques visant le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. A quelques mois des élections de 2023, Augustin Kabuya semble être conscient de grandes difficultés que rencontre l’UDPS pour donner un contenu au quinquennat du Chef de l’Etat. Apparemment, le SG s’est déjà lancé dans une opération de charme. Il s’agit de préparer le terrain en alignant tout une série de pesanteurs qui ont plombé, depuis janvier 2019, le mandat de Félix Tshisekedi. En tout cas, si le mandat du Président est demi-teinte, il n’en est nullement responsable. La faute, soutient Kabuya, c’est à la fois au contexte et aux forces politiques hostiles qui lui ont mis le bâton dans les roues dès le début. Une belle parade que l’UDPS brandira en 2023, au moment de la reddition des comptes.

Le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya,        est passé aux aveux. Ce contesté chef de l’exécutif du parti présidentiel, un habitué des bourdes langagières, a encore frappé. Augustin « Lagaffe » pense bien faire en démontrant davantage ses limites comme leader politique.

Dans une adresse devant les militants du parti, le chef de file de l’UDPS a avoué pince sans rire que le bilan mitigé du régime UDPS/Tshisekedi serait provoqué par la situation que traverse le pays et la planète entière.

«Les problèmes que nous traversons n’ont pas permis de faire ce que l’UDPS avait comme projet. Même la Constitution de notre pays a des directives. Pour mettre sur pied un Gouvernement, il y a des procédures à suivre. On s’est retrouvé dans un contexte que personne ne pouvait s’imaginer. D’un côté, l’UDPS avait la magistrature suprême, et de l’autre côté, il y avait une autre personne qui avait sa majorité. Mais pour travailler qu’est-ce qu’on devait faire ? Nous étions obligés de nous incliner devant cette réalité de la Constitution », a déclaré, sans détours, Augustin Kabuya.

Fuite en avant

Ces aveux d’impuissance sont tels que rien ne pousse à l’optimisme. Lorsque ceux qui sont à la cuisine avouent leur incapacité à résoudre les problèmes du peuple, il y a de bonnes raisons de ne plus douter sur la stagnation de la Nation. Le chauffeur étant incapable de réaliser des exploits, il ne reste plus que de se résigner et d’aller droit vers l’abîme. Nul ne peut l’accepter. Nul ne peut non plus se soumettre à une incapacité qui met en danger sa propre existence. Le peuple congolais le sait.

Le fait pour le chef de file du parti présidentiel de reconnaître les ratés du bilan du Chef de l’Etat, en les justifiant par des faits socio-économiques, passés ou actuels, est une aberration. Le régime Tshisekedi n’a pas besoin d’amateurs au-devant de la scène pour justifier l’injustifiable.

Avec cet aveu, il apparaît que le budget en augmentation n’était qu’un leurre. On continue donc à vendre au peuple des illusions, tout en étant conscient qu’on est encore loin, bien loin, de ce message de campagne de Félix Tshisekedi en 2018, c’est-à-dire « Vaincre la pauvreté ». On se rend compte que ceux qui participent à l’exercice du pouvoir aux côtés du Chef de l’Etat sont conscients que les choses n’évoluent pas dans le bon sens. Comme soubassement, il n’y a rien. Tout est illusion.

Pour preuve, les réserves internationales connaissent déjà une baisse à cause des chocs extérieurs. Sur les marchés des biens et services, les prix prennent de l’ascenseur. Tout se passe comme si les biens de première nécessité en RDC passent inévitablement par l’Ukraine, en guerre avec la Russie.

Au début de son mandat, le pouvoir UDPS a justifié son inactivité par le fait de pesanteur qu’exerçait le FCC de Joseph Kabila. Le volet politique avec le FCC de Joseph Kabila appartient au passé. Rien n’a changé après.

L’avènement de l’Union sacrée de la nation n’a pas résolu le problème. Bien au contraire, il l’a juste remodelé par l’émergence de nouveaux acteurs aux idéologies diamétralement opposées. Avec l’Union sacrée, un palier a certes été franchi ouvrant au Chef de l’Etat tous les rouages du pouvoir, mais le pays n’est pas sorti des sentiers battus.

A tout prendre, Augustin Kabuya peut beau se justifier. La réalité des faits le ramène à la raison. Le bilan du pouvoir UDPS est mitigé, voire en deçà des promesses. La réélection risque d’être définitivement compromis. A moins que le Chef de l’Etat et ses hommes se ressaisissent à temps en proposant une offre convaincante qui ferait basculer les grandes tendances en sa faveur.

Pour le moment, la seule issue de secours pour relancer le mandat de Félix Tshisekedi est ce Programme de développement local de 145 territoires. C’est le parfait sésame pour le Chef de l’Etat. S’il gagne ce pari, il pourrait rebondir dans les sondages. Sinon, il aura du mal à convaincre son électoral en 2023 pour obtenir son soutien à un second mandat présidentiel.

Dialogue pré-électoral : l’UDPS dit non

Quoi qu’il en soit, l’UDPS a dit être « prête» pour les élections, excluant l’hypothèse d’un «dialogue sollicité pour le partage du pouvoir ».

C’est encore et toujours Augustin Kabuya qui s’est chargé de lever toute équivoque. «L’UDPS est déjà prête pour les élections et non pour le dialogue sollicité pour le partage du pouvoir », a-t-il prévenu.

Alors qu’une vague d’agitation gagne la classe politique en rapport avec le processus de révision de la loi électorale au niveau de l’Assemblée nationale, le SG de l’UDPS rappelle que son parti s’est juste fixé le cap des élections en 2023 et n’attend pas s’en détourner.

De l’avis d’Augustin Kabuya, l’UDPS ne transigera pas la tenue à tout prix des élections dans le délai constitutionnel. «Comme ils (Ndlr : tous ceux qui s’opposent à la révision de la loi électorale, principalement Lamuka et FCC) n’ont pas pu réunir les moyens par les voies que l’on connaît pour aller tricher aux élections, c’est comme ça qu’ils ont peur des scrutins. L’UDPS est prête pour les élections et non pour un quelconque dialogue », tranche Kabuya.

Pour rappel, c’est ce mercredi 20 avril que l’Assemblée nationale reprend l’examen de la proposition de révision de la loi électorale portée par le G13, ce groupe de personnalité politiques et sociales réunies autour d’une même cause : la transparence du processus électoral.           Pour l’instant, les élus nationaux du FCC n’ont donné aucune garantie sur le retour dans la salle de plénière. Intransigeant, le FCC, rejoint par Lamuka, principale plateforme de l’opposition, continue à exiger un large consensus avant de s’engager dans les discussions à fond du processus électoral.

Econews