Assurances dans les mines : l’ARCA en campagne de séduction des milieux d’affaires chinois

Pour son premier voyage d’Etat en Chine, le Président de la République, Félix Tshisekedi, n’a pas lésiné sur les moyens. Tout a été prévu et réglé comme une horloge suisse pour convaincre les hommes d’affaires à croire en la République Démocratique du Congo. Et quand il faut rassurer, quoi de plus normal que de s’appuyer sur l’Autorité de régulation et de contrôle des assurances (ARCA). Bien avant l’arrivée du Chef de l’Etat en Chine, le directeur général d’ARCA, Alain Kaninda Ngalula, avait mené, mercredi 24 mai, une opération séduction des milieux d’affaires chinois. Dans son message, le directeur général de l’ARCA n’est pas allé par quatre chemins. Il était juste question de donner de sérieuses garanties au patronat chinois. Et Alain Kaninda l’a fait – avec maestria d’ailleurs – rappelant tout l’arsenal juridique déployé par la RDC aussi bien en termes de climat des affaires que de régulation du marché des assurances pour une nette amélioration de l’environnement des affaires.
Entre la République Démocratique du Congo et la Chine, l’heure est au raffermissement des rapports dans des relations économiques mutuellement profitables. Ainsi, pour son premier voyage officiel au pays de Mao, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est entouré d’une grande armée d’officiels pour rassurer davantage les milieux d’affaires chinois.
Dans sa délégation, l’on compte notamment la présence d’Alain Kaninda Ngalula, directeur général de l’ARCA (Autorité de régulation et de contrôle des assurances).
Présent à Beijing dans l’équipe d’avance qui accompagne le Président de la République, le directeur général de l’ARCA a animé, le mercredi 24 mai 2023, une matinée d’échanges sur le secteur des assurances en RDC. Cette activité s’inscrivait dans le cadre de son programme de lutte contre l’évasion des primes d’assurance, adopté comme priorité du Gouvernement, réuni en septembre 2020 en Conseil des ministres, sous la présidence du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.
Circonscrivant son exposé autour du thème «Secteur des assurances en RDC : vers une sécurisation locale et globale des investissements», le directeur général de l’ARCA a tenu, au travers de ce séminaire, à informer les milieux d’affaires chinois, notamment les dirigeants des maisons-mères des sociétés implantées en RDC, sur les questions des assurances dans leur secteur respectif.
Devant l’assistance conviée dans la salle des conférences de l’Hôtel Regis de Pékin, Alain Kaninda a rappelé l’obligation pour tous les opérateurs économiques, y compris chinois, ayant des activités en République Démocratique du Congo à se conformer aux prescrits du Code des assurances.
«Vous savez que dans notre pays, le secteur des assurances a été libéralisé. Ces trois dernières années, nous notons une très bonne progression du secteur des assurances. Nous étions à 80 millions de dollars USD du chiffre d’affaires avant l’ouverture du marché des assurances. Nous avons fait une bonne progression à 300 millions USD mais c’est une progression n’est pas suffisante. Notre marché aujourd’hui doit être à au moins 1 milliard de dollars américains», a-t-il indiqué.
Avec une balance commerciale, totalement en sa faveur, ayant affiché en 2021 un volume de transactions de 14 milliards USD, essentiellement porté, par le secteur minier, le directeur général de l’ARCA a estimé qu’il était «tout à fait logique de sensibiliser les miniers d’affaires chinois afin de lutter contre l’évasion des primes d’assurances. Car à ce jour, au moins 1,5 milliard de dollars américains échapperait au Trésor public tant en termes de pertes au niveau fiscal (TVA non perçue) et de la fuite des capitaux (placement des primes d’assurances à l’étranger) ».
Interrogé à l’issue de son intervention sur le contenu réel du message porté aux entreprises chinoises, présentes à ces échanges, Alain Kaninda a trouvé des mots justes : «Notre économie étant représentée dans le secteur minier par les opérateurs chinois en grande partie, il était important que nous venions renforcer le message du Chef de l’Etat [Il avait enjoint tous les opérateurs miniers de venir s’assurer en RDC lors du Forum Indaba en Afrique du Sud ] dans le cadre de la coopération stratégique que le Chef de l’Etat veut impulser avec la République populaire de Chine ».

Nicolas Kazadi embraie
Ministre des Finances et autorité de tutelle de l’ARCA, Nicolas Kazadi a également eu son mot à dire.
A la suite du directeur général de l’ARCA, le ministre des Finances a jugé inacceptable que les opérateurs économiques du secteur minier congolais – toute origine confondue – ne paient pas toutes les primes d’assurances. Une situation, promet-il, que le Gouvernement s’attèle à inverser.
«Le secteur minier est l’un des plus importants de l’économie en termes de création de richesses et de PIB. Il est donc normal qu’on s’y intéresse parce que c’est là également qu’il se constate une plus grande fraude, un manque à gagner impactant le secteur des assurances. L’économie nationale continue de s’accroître, près de 9% l’année passée sans qu’elle n’ait eu un réel impact sur le secteur des assurances. Le taux de pénétration en Afrique, c’est-à-dire le montant des primes payées comparé au PIB, est de 3% alors qu’en RDC il est de moins d’un pourcent. Si ce taux de 3% était appliqué, on serait à 2 milliards de dollars US, c’est-à-dire la fraude est importante», a-t-il souligné.
Et quand les entreprises minières tentent de minorer leurs primes d’assurances en faisant part de la faible capacité des sociétés d’assurance présentes en RDC à absorber leurs importants risques au vu du lourd investissement opéré, Nicolas Kazadi a trouvé une belle parade : «Même si c’était le cas, les miniers ont l’obligation de déclarer ce qu’ils paient afin d’obtenir des dérogations spéciales au cas où le besoin se justifierait», estimant en laissant faire «Nous sommes devenus intolérants».
Prenant en compte les risques mis en avant par les opérateurs miniers chinois, l’argentier congolais a néanmoins affirmé que le Gouvernement se déploie pour attirer sur le marché congolais le plus grand nombre des grands réassureurs de renommée mondiale.
Aussi, Nicolas Kazadi a-t-il appelé les milieux d’affaires chinois à servir de relais pour encourager leurs assureurs et réassureurs à venir investir en République Démocratique du Congo plutôt que de «se laisser attirer par la tentation de la fraude».

Econews