Guerre en Ukraine : ni pour la Russie, ni pour l’Occident, mais pour la survie de la RD Congo

Dans la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale, qui se déroule en Ukraine depuis le 24 février 2022, la place des Congolais n’est ni derrière la Russie de Vladimir Poutine, ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, ni derrière la Chine de Xi Jinping, mais bien plutôt aux côtés de leurs concitoyens qui se battent pour la survie de leur propre pays. En effet, cette guerre à n’est pas, dans le fond, leur guerre. Elle est plutôt la guerre de ces monstres froids toujours accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays avec lesquels ils font semblant de coopérer d’égal à égal. Si les Congolais veulent vraiment mettre fin à leur propre guerre, celle de l’Est leur imposée parle Rwanda de Paul Kagame soutenu par certaines multinationales occidentales, ils doivent préalablement, impérativement et directement négocier avec ces dernières et leurs gouvernements respectifs. S’ils tiennent vraiment à construire en profondeur leur pays, ils ne doivent compter ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Russes seuls, ni sur les Chinois seuls, mais bien plutôt et avant tout sur eux-mêmes. Tout en continuant, malgré tout, à coopérer stratégiquement avec le reste du monde, dont les incontournables superpuissances mondiales.
Face à la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale que se livrent, par l’Ukraine interposée, la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, les Congolais sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques. Certains d’entre eux, probablement les plus nombreux, se réclament être des partisans de Vladimir Poutine ou, si l’on veut, de la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident. Certains autres se disent défendre l’Occident de Joe Biden contre la Russie. Et certains autres, enfin, refusant toute sorte de balkanisation de leurpropre pays, se rangent catégoriquement et totalement derrière la RDCongo de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo contre la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident de Joe Biden. Nous exposons et tentons de décortiquer ensemble, à travers ce texte, les arguments dechacun de ces trois différents groupes.
Cependant, deux observations s’imposent avant d’y arriver. Primo, nous nous empressons de prévenirnos lecteurs que ce que nous rapportons ici est le fruit, non pas d’une enquête sociologique approfondie, mais plutôt des entretiens libres, individuels et collectifs, réalisés avec des citoyens congolais sensibles à la guerre en Ukraine. De ce fait, il nous est difficile de mesurer le degré exact des sentimentsde ces derniers envers la Russie et l’Occident, mais leurs penchants à l’égard de l’un et de l’autre s’offrent facilement à nos yeux.
Secundo, la guerre en Ukraine n’est pas, de l’avisde la majorité des participants à ces entretiens, une guerre idéologique opposant la gauche marxiste-léniniste, socialiste, communiste et révolutionnaire à la droite libérale, conservatrice, ultra-conservatrice et réactionnaire. En effet, si l’Occident demeure fondamentalement libéral et démocratique, la Russie de Vladimir Poutine paraît avoir essentiellement rompu avec le marxisme-léninisme, le socialisme et le communisme de l’ère soviétique. Le régime politique russe actuel est plutôt qualifié de démocratie «dirigée», d’autoritarisme bureaucratique, mieux, de totalitarisme de droite. La preuve la plus limpide ? Le Parti Communiste Russe d’au-jourd’hui, resté essentiellement orthodoxe, fait partie intégrante des farouches oppositions au régime foncièrement nationaliste et totalitaire du Parti Russie Unie de Vladimir Poutine. Ainsi, la majorité des participants à nos entretiens perçoivent la guerre en Ukraine comme l’expression des ambitions illimitées de son instigateur et irrésistible aspirant à l’hégémonie géopolitique mondiale, Vladimir Poutine, et de l’orgueil également illimité des Occidentaux qui croient détenir, pour de bon, l’hégémonie géopolitique mondiale.
Ces deux importantes observations soulignées et précisées, revenons maintenant aux trois différents camps antagoniques dans lesquels s’inscrivent les Congolais quant à cette guerre en Ukraine.

Pour Poutine
Le premier groupe, le plus bruyant, le plus grouillant et peut-être le plus nombreux de tous, c’est celui des pro-Russie, mieux, des pro-Poutine. Car, il se constitue, en réalité, des fanatiques et autres inconditionnels de Vladimir Poutine considéré comme un héros intraitable. Et ce, pour deux raisons connexes. Primo, le président de la Fédération de Russie se pose en figure de proue de l’anti-domination de l’Occident sur le monde entier etde la soumission à ce monde «pourri, satanique et cupide», selon ses propres termes. Il le démontre en défiant courageusement, par la guerretotale et impitoyable qu’il impose à l’Ukraine, les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Européenne, les détenteurs exclusifs de l’hégémonie géopolitique mondiale depuis 1945 et les soutiens indéfectibles de l’Ukraine de Volodymyr Zelensky contre la Russie de Vladimir Poutine. Secundo, Vladimir Poutine fait rêver au reste du monde, même sans lui dévoiler la procédure à suivre pour y parvenir, l’avènement de l’hégémonie géopolitique mondiale multipolaire et partagée qu’il revendique.
Ce groupe, psy-chiquement conduit, ragaillardi et requinqué par le discours de Vladimir Poutine qu’il prend pour parole d’évangile, perçoit la Russie comme un pays à diplomatie accommodante, douce et coopérative par rapport à celle de l’Occident qu’elle juge offensive, hégémonique et écrasante. Il qualifie l’Occident d’hypocrite, d’injuste, d’ingrat et de méchant à l’égard de la RD Congo. Il lui reproche particulièrement de laisser, depuis environ trois décennies, certaines de ses puissantes multinationales armer le Rwanda de Paul Kagame afin d’attaquer et d’envahir incessamment et impunément, par mercantilisme, la RD-Congo qu’il exploite pourtant depuis 1885. Pire, pendant qu’il abandonne ce pays aux affres du petit Rwanda de Paul Kagame et de ses groupes armés, il soutient, massivement, puissamment et sans réserve, depuis le 24 février 2022, l’Ukraine de Volodymyr Zelesnky contre la Russie de Vladimir Poutine.
Ainsi, face à cette politique absurde de deux poids, deux mesures de l’Occident par rapport à la guerre en RD-Congo et à celle en Ukraine, ce groupe, viscéralement anti-américain en particulier et anti-occidental en général, prend clairementet nettement position en faveur de la Russie de Vladimir Poutine. Se fondant sur la supériorité supposée de la Russie dans le domaine du nucléaire militaire (elle aurait plus de têtes nucléaires que les Etats-Unis d’Amérique), il pousse l’Etat congolais à s’allier à cette dernière dans l’objectif de libérer l’Est du pays du joug rwandais et, par ricochet, occidental.
Il croit foncièrementque la promotion et la défense des intérêts majeurs de la RD-Congo passe nécessairement, aujourd’hui, par l’alliance avec laRussie de Vladimir Poutine. Ainsi, contrairement à l’Occident, la Russie est disposée à accompagner le pays de Félix Antoine Tshisekedi dans ses efforts pour son développement intégral, intégré et durable.

Pour l’Occident
Le deuxième groupe de Congolais, qui intervient dans ce débat sur la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale se déroulant en Ukraine, condamne également, avec force, le comportement ambigu et hypocrite de l’Occident envers la RD Congo quant à la guerre que Paul Kagame lui impose dans sa partie Est. Cependant, il croit qu’il est fondamentalement logique, normalet juste que l’Occident assiste massivement et puissamment l’Ukraine dans la guerre injuste et injustifiée que la Russie de Vladimir Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, impose à son modeste et faible voisin. Il qualifie l’instigateur de cette guerre, Vladimir Poutine, de fou, de criminel, de dictateur, etc. Il juge la Russie, deuxième puissance mondiale uniquement militaire, mais économiquement et technologi-quement faible par rapport à l’Occident, incapable d’aider intégralement, sérieusement et profondément la RD Congo dans son combat pour le développement. Car, ce pays estconfronté, non seulement à la guerre dans sa partie Est, mais aussi et surtout à d’innombrables autres problèmes embrouillés dans tous les secteurs d’activités. Le seul et l’unique bénéfice que la RD-Congo peut tirerde la coopération avec la Russie de Poutine,ce sont desarmes et munitions de guerre. Et ce, en échange, bien sûr, avec des cargaisons et des cargaisons des minerais stratégiques du Congo. En dehors de ces instruments de guerre russes, la RD-Congo ne peut s’attendre à rien d’autre de plus. Pire, rien ne démontre que ces instruments de guerre russes feront gagner la RD Congo contre le Rwanda et l’Occident.
Pour se convaincre de l’infime importance et de l’insignifiante qualitéde la coopération avec la Russie, ce deuxième groupepropose que l’on se mette à compter et à comparer, objectivement, ce que les Occidentaux et les Russes ont réalisé, depuis 1960, en RD-Congo et pour la RD-Congo. Il est sûr, soutient-il ardemment, qu’on ne trouverait, à travers le pays, ni une seule petite école ou un seul petit hôpital, ni une seule petite route, ni une seule petite entreprise, etc, comme fruits de la coopération avec la Russie! Or, malgré ses insuffisances, l’Occident a quand même montréle chemin du développement à la RD Congo. Dès son établissement ici en 1885, il a créé ce grand Etat africainappelé aujourd’hui République Démocratique du Congo qui fait la fierté des Congolais. A part la ville de Gbadolite fondée sous le régime Mobutu, l’Occident a progressivement créétous les autres centres urbains et villes du pays. Par l’intermédiaire des Eglises Catholique et Protestante qu’il a autorisées à s’implanter ici, il a doté la RD-Congo de l’écrasante majorité deses institutions d’enseignement et de santé de tous les niveaux. Malgré quelques désinvestissements opérés à partir des années 1990, il est demeuré, pendant très longtemps, le premier investisseur étranger de la RD Congo. En effet, l’écrasante majorité des entreprises de tous les secteurs d’activités qui ont fait et font travaillerles Congolais, depuis plusieurs décennies, sont occidentales. L’écrasante majorité des divers bâtiments publics et des ponts et chaussées, éparpillés à travers le pays, sont des apports indéniables de l’Occident, etc.
D’après ce groupe, les Congolais, honnêtes, consciencieux, sérieux et responsables, ne peuvent pas nier ces évidences. Par conséquent, ils ne peuvent renier l’Occident à cause de l’outrecuidance de certaines de ses multinationales liées à la guerre de l’Est.
Dans le contexte actuel, rejeter l’Occident en vue d’embrasser précipitamment et aveuglément la Russie de Vladimir Poutine équivaudrait à déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul. Car, Saint Paul et Saint Pierre sont, tousdeux, de la même nature chrétienne. Ils sont, tous deux, des ecclésiastiques a donné à la propagation et à l’inculturation du christianisme en RD-Congo. La Russie et l’Occident sont également, tous deux, de la même nature impériale et expansionniste. Ils sont, tousdeux, de cyniques monstres froids toujours enclins à dominer et à exploiter littéralement les autres pays, surtout les plus faibles. Au contraire, la présente conjoncture est la plus appropriéepour le gouvernement de rendre l’Occident plus conscient que jamais auparavant de ses responsabilités historiques sur le sort de la RD Congo et de l’amener à changer positivement de comportement, d’attitudes et de pratiques à l’égard de ce pays. Ce groupe, visiblement anti-russe, croit donc en la capacité du riche Occident, généralement attaché à la démocratie, de se ressaisir, de s’amender et d’apporter encore à la RD-Congol’assistance dont elle a grandement besoin pour son développement intégral, intégré et durable.

Pour la RD Congo
Le troisième et dernier groupe de Congolais, qui intervient dans le débat sur la guerre en Ukraine par rapport à celle dans l’Est de leur propre pays, tient essentiellement à la promotion, à la défense et à la progression d’un développement plus endogène qu’exogène en RD-Congo. Comme les deux premiers groupes, il condamne et regrette amèrement le comportement hypocrite et ambigu de l’Occident vis-à-vis de la RD-Congo durant les trois dernières décennies. Comme le deuxième groupe, il reconnaît et apprécie à leur juste valeur les importantes réalisations de l’Occident en RD Congo. Cependant, à la différence des deux premiers groupes, il est très sévère à l’égard et de la Russie de Vladimir Poutine et de l’Occidentmené par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden et même de la Chine de Xi Jinping. Considérant l’ensemble de leurs œuvres passées et présentes à travers le monde et surtout en RD-Congo, ce groupene fait confiance ni à l’Occident, ni à la Russie, ni même à la Chine quant à leur contribution au développement de ce pays. Il est convaincu, jusqu’à la moelle épinière, que l’Occident et la Russie sont, tous deux, de nature impériale et expansionniste. Il est littéralement convaincu que l’Occident et la Russie sont de cyniques monstres froids accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays, surtout les plus faibles, qu’ils minimisent, écrasent et divisent.
Des preuves tangibles ? L’Occident a colonisé tousles pays d’Afrique, y compris l’Ethiopie et le Libéria. Il a colonisétous les pays d’Océanie, d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes et une bonne partiedes pays d’Asie. Et ce, durant plusieurs siècles ou décennies. Partout, il s’est comporté et se comporte toujours en maître, même après l’accession de ses ex-colonies à la souveraineté nationale et internationale. Il a politiquement, économiquement, socialement et culturellement dominé, exploité et ruiné tous ces pays. Actuellement, l’écrasante majorité de ces pays, demeurés généralement pauvres et sous-développés, le boudent. Et ce, en partie, sous l’instigation des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et République Sud-Africaine) qui prônent un nouvel ordre international. Mais, l’écrasante majorité de ces pays n’abandonnent pas, pour autant, cet Occident qui les assujettit.
A bien regarder, les seules colonies de l’Occident, qui se sont réellement émancipées et se retrouvent aujourd’hui parmi les pays les plus hautement développés qui malmènent les autres, sont des anciennes colonies britanniques de peuplement. C’est-à-dire, des colonies que les Britanniques avaient prises, dès leur établissement, pour leurs propres homelands et qu’ils ont transformées de fond en comble en leur propre faveur. Nous citons, ici, les Etats-Unis d’Amérique, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, la République Sud-Africaine. Mais, les peuples autochtones, qu’ils y avaient trouvés, ont généralement été parqués, pendant longtemps, dans des réserves où ils n’avaient quasiment pas voix au chapitre et étaientgénéralement dépourvus duminimum vital.
La Russie, qu’elle soit tsariste ou soviétique, aaussi politiquement, économiquement, socialement et culturellement colonisé, dominé, exploité et ruiné tous les pays de l’Europe de l’Est, la quasi-totalité des pays de l’Europe centraleet quelques pays d’Asie. Et ce, pendantdes siècles ou des décennies. A ce propos, Mme Salomé Zourabitchvilli, présidente de la République de Géorgie voisine, témoigne sans ambages : «La nature de la Russie est impériale. Et ça fait plus de deux siècles que les Russes attaquent et occupent tous les pays autour d’eux.» Mais, au bout du compte, aucun de ces pays longtemps soumis à la Russie ou à l’URSS n’a pris de l’envol en matière de développement. Ils croupissent généralement dans la pauvreté, la misère et le sous-développement. Leur seule et unique véritable puissance impériale, la Russie tsariste d’abord et l’URSS ensuite, désillusionnée par ses propres contradictions internes, s’est finalement disloquée en 1991. Les pays voisins, autrefois autonomes, que l’URSS avait astucieusement et autoritairement incorporés en son sein et transformés en ses républiques fédérées, sont redevenus des Etats souverains, indépendants et libres. Les ex démocraties populaires, jadis pays satellites de l’URSS, sont également redevenues plus souveraines, plus indépendantes et plus libres que jamais auparavant.
Et ces anciennes républiques soviétiques et ces ex démocraties populairesse sont, dans leur écrasante majorité, désolidarisée de l’impériale et expansionniste Russie de Vladimir Poutine dès la dislocation de l’URSS. D’où, les inévitables disparitions du Pacte de Varsovie et du Comecon qui les reliaient entre elles sur les plans respectivement militaire et économique. D’où, la plupart d’entre elles ont déjà rejoint ou tendent à rejoindre l’Otan et l’Union Européenne. D’où, les guerres que la Russie de Poutine a suscitées et imposées à la Géorgie en 2008 et àl’Ukraine en 2014 et en 2022. D’où, enfin, les menaces qu’elle fait peser sur la plupart de ses anciens esclaves affranchis et qu’elle se proposerait de ramener sous son giron.
Sous le couvert de l’URSS, la Russie, la seule et l’unique puissance de ce conglomérat de pays qui se sont finalement avérés tout simplement juxtaposés, avait la main mise surcertains pays d’Afrique, tel que la Guinée Conakry de Sekou Touré; sur quelques pays d’Amérique latine,des Antilles et des Caraïbes, comme Cuba de Fidel Castro; et sur des pays d’Asie,aux côtés de la Chine de Mao, à l’instar du Vietnam de Hô Chi Minh etdu Cambodge des Kmers Rouges. Mais, aucun de ces divers pays n’est sorti du sous-développement. Au contraire, ils se sont enfoncé davantage dans la pauvreté et la misère.
Selon ce troisième et dernier groupe, les grandes puissances, qu’elles soient de l’Occident ou de l’Orient, sont globalement et foncièrement des oiseaux du même plumage. Egocentriques, elles ne promeuvent, ne défendent et ne développent sérieusement que leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays avec lesquels elles font semblant de coopérer d’égal à égal. A ce sujet, ce groupe exhibe le cas du contrat du siècleque la RD-Congo avaitsigné, en avril 2008, avec un groupe d’entreprises chinois dans le cadre de la joint-venture Sicomines qu’ils ont montée ensemble. Contrat par lequel les Chinois ont, selon l’Inspection Générale des Finances (IGP), roulé le gouvernement congolais sur tous les plans.
En effet, pour réaliser le programme d’infrastructures dont la RD Congo a grandement besoin pour son développement, le gouvernement avaitmis à la disposition de la Sicomines des gisements riches en minerais de cuivre, de cobalt et de lithium évalués à près de USD 93 milliards. Il a ajouté, à ces riches gisements miniers, les exonérations de tous droits de l’Etat estimés à près de USD 10 milliards. Les deux entreprises chinoises n’ont apporté aucun capital frais. Elles ont seulement amené un endettement de USD 4,4 milliards pris auprès d’Exim BankChina pour le fonctionnement de la Sicomines. Cependant, incroyable, mais vrai ! Les deux entreprises chinoises ont gagné, à elles seules, USD 17 milliards, les banques chinoises USD 1,2 milliards et la RD Congo seulement USD 0,8 milliards en infrastructures !
Prenant en compte toutes ces réalités, ce troisième et dernier groupe de Congolais conclut qu’il n’y a aucune raison de s’allier soit avec la Chine de Xi Jinping, soit avec la Russie de Vladimir Poutine, soit avec l’Occident de Joe Biden pour le développement de la RD-Congo. Autrement dit, il n’y a point, entre l’Occident, la Russie et la Chine, le moindre mal. Car, ils sont tous de cyniques monstres froids accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts. Ils sonttous des vendeurs de rêve, des hypocrites, des «kuluna » en cravate, des exploiteurs insoucieux de leurs esclaves, des expansionnistes autoritaires et des impérialistes sans vergogne. Ils ont tous, d’une manière ou d’une autre, politiquement, économiquement, socialement et culturellement dominé, exploité et ruiné tousles pays du mondeoù ils ont posé pieds. La preuve la plus tangible? Aucun pays d’Afrique, aucun pays d’Asie, aucun pays d’Océanie, aucun pays d’Amérique latine, aucun pays des Antilles et des Caraïbeset aucun pays d’Europe centrale et orientale ne s’est jamais développé, selon le modèle occidental, russe ou chinois, grâce à l’Occident, à la Russie ou à la Chine. Où voudrait en arriver ce groupe qui paraît être simultanément anti-occidental, anti-russe et anti-chinois?
Par rapport à cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale qui oppose, par l’Ukraine interposée, les bourreaux des faibles entre eux, cetroisième et dernier groupe s’avère être catégoriquement et totalement pro-Congo. Il croit, en effet, que la guerreen Ukraineest plutôt la guerre de ces cyniques monstres froids habitués à exploiter, à écraseret à diviser les faibles. Il est convaincu que dans cette guerre là, la place des Congolais n’est ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, la première puissance mondiale dans tous les secteurs majeurs d’activités, ni derrière la Russie de Vladimir Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, ni derrière la Chine de Xi Jinping, la deuxième puissance économique mondiale, mais bien plutôt aux côtés de leurs compatriotesqui se battent pour la survie de leur propre patrie.
Compter sur soi-même
En définitive, la solution à la situation de la RD-Congo ne se trouve ni dans la guerre contre le Rwanda et l’Occident, ni dans l’alliance soit avec la Russie de Vladimir Poutine, soit avec la Chine de Xi Jinping, soit avec l’Occident de Joe Biden, ni dans l’autarcie (repli sur soi-même) de la RD-Congo, mais bien plutôt et avant tout dans la prise en charge sérieuse, profonde et effectivedes problèmes de ce pays par ses propres filles et fils eux-mêmeset dans la coopération stratégique avec le reste du monde. Que serait-ce à dire, pratiquement parlant?
Primo, si les Congolais tiennent réellement à mettre fin à leur propre guerre, celle de l’Est leur imposée par le Rwanda de Paul Kagame soutenu par certaines multinationales occidentales, ils doivent cesser de perdre du temps en se querellant avec le Rwanda et en chargeant continuellement et uniquement l’Occident de tous leurs maux. Pour y parvenir, ils doivent préalablement, dans un premier temps, identifier systématiquement les fameuses multinationales occidentales impliquées dans la guerre de l’Est. Ils doivent impérativement chercher et obtenir, dans un deuxième temps,de négocier d’égal à égal, non pas avec le Rwanda du commissionnaire Paul Kagame et ses divers groupes terroristes, mais bien plutôt directement avec ses commanditaires et sponsors occidentaux, les fameuses multinationales friandes des minerais stratégiques congolais et leurs gouvernements respectifs.Ils doivent, dans un troisième et dernier temps, trouver, avec ces derniers, un modus vivendi rationnel, réaliste, opérationnel, juste et profitable à tous.
Secundo, enfin, si les Congolais veulent vraiment construire en profondeur leur pays, ils ne doivent compter ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Chinois seuls, ni sur lesRusses seuls, mais bien plutôt et avant toutsur eux-mêmes.En cherchant et en trouvant, eux-mêmes, les voies et moyens les meilleurs de sortir de leur mauvaise situation actuelle. Tout en continuant à coopérer stratégiquement, malgré tout et ce dans le cadre du partenariat au sens plein de ce terme, avec le reste du monde. Dontles incontournables superpuissances mondiales. Le développement intégral, intégré et durable de la RD Congo est à ce prix et à ce prix seulement.
MUSENE SANTINI BE-LASAYON (CP)