Aux armes, citoyens !

La date du 20 décembre 2022 restera marquée d’une pierre blanche dans l’histoire de la République Démocratique du Congo. Et pour cause. Ce jour en effet, le Conseil de sécurité des Nations Unies a levé la mesure de notification préalable des achats d’armes par le gouvernement congolais.
Odieux appendice de l’embargo sur les armes infligé au pays depuis plus de trois décennies, le dispositif était au centre d’une diplomatie offensive de Kinshasa, ravivée depuis l’occupation de la cité de Bunagana au Nord-Kivu à la… mi-juin 2022 par le M23 et aux offensives ultérieures du «mouvement rebelle », paravent parfait de l’armée rwandaise.
Mais, c’est le massacre de plus de 150 civils dans la bourgade de Kishishe qui a marqué un tournant décisif dans le déroulement du conflit, entraînant deux faits significatifs et irréversibles.
Il y a d’abord le réveil tardif des puissances occidentales, alliées traditionnelles du gouvernement rwandais. De Paris à New York en passant par Brucelles et Berlin, les condamnations pleuvent sur Kigali sommé de mettre fin à son soutien au M23. Jusqu’à cette levée de l’obligation de notification, entraînant un affaiblissement de Kigali, forcé de s’aligner sur les processus de pacification toujours valides dans les schémas de Luanda et de Nairobi.
Il va de soi qu’à Kinshasa, la résolution des Nations-Unies est une réelle bouffée d’oxygène. Dans les rues, on entend un discours du genre : Paul Kagame n’a qu’à bien se tenir ! Tous à Kigali et pas de quartier ! Le gouvernement de Kinshasa peut se réjouir à juste titre de cette victoire diplomatique sans précédent. Et personne ne lui jetterait la pierre.
Mais le temps des flonflons passé, il faut avoir les pieds sur terre et considérer froidement la question à l’aune de l’avenir proche. Surtout considérer que la levée de la mesure de notification laisse libre cours aux fournisseurs d’armes de dicter leurs conditions au niveau bilatéral. Et c’est ici que des pressions sont inévitables, de la part des alliés du régime rwandais qui privilégient une solution négociée à la crise.
Pas question donc pour Londres, Paris ou Washington de fournir des moyens militaires à Kinshasa qui lui permettraient d’effacer une fois pour toutes les velléités hégémo-niques du Rwanda.
Un atout que Kigali garde dans sa manche, agitant son précieux fonds de commerce qu’est le génocide du peuple tutsi. A Kinshasa de repenser de nouvelles stratégies pour des victoires futures.

Econews