Bishop Abraham Djamba Samba dévoile les détails de la table ronde de Pullman

Après Mme Ritha Ncieyi, Bishop Abraham Djamba Samba, directeur exécutif du Réseau Gouvernance économique et Développement (REGED), l’un des signataires de la déclaration de la Société civile du 15 avril 2022, a accepté de répondre aux questions d’Econews.

Pouvez-vous vous présenter, s’il vous plait ?

Je m’appelle Bishop Abraham Djamba. Je suis le directeur exécutif du Réseau Gouvernance Economique et Développement, REGED en sigle. C’est une organisation qui travaille dans les domaines de la transparence électorale et la transparence budgétaire.


Pour quelle raison aviez- vous participer à la table ronde organisée par la Présidence de la République et la Société civile partant sur l’Accord entre la RDC et le Groupe Ventora?
D’abord, c’est une évidence. Je suis leader de la Société civile. Mon organisation qui travaille dans la gouvernance promeut le dialogue sur les politiques publiques. D’ailleurs, nous sommes sur un dialogue politique permanent avec les ministères qui sont dans les finances publiques (Finances et Budget). Et l’article 37 de la Constitution oblige le pouvoir public à collaborer avec les associations. Et nous encourageons cela lorsque nous sentons que cela ne se fait pas suffisamment. Nous encourageons les pouvoirs publics à s’ouvrir aux organisations de la Société civile. Et chaque fois nous sommes invités. Ce n’est pas la première fois que les services de la Présidence le font, d’autres tels que la Cellule d’éveil stratégique ou l’Agence de prévention de lutte contre la corruption nous convient souvent à des discussions. Dernièrement, nous avons participé à une rencontre avec le ministère du Budget sur le processus de passation des marchés. Donc, nous avons régulièrement les invitations de l’autorité publique.

Quels sont les acteurs majeurs de la Société civile et ONG qui ont participé à la table ronde?
Il y avait des organisations qui travaillent dans le domaine des ressources naturelles, comme la CERN, une structure de la CENCO. Il y a l’ECC, l’ODEP qui travaille avec nous dans le domaine des finances publiques. Il y avait aussi le «Congo n’est pas à vendre», la Licoco, la CAFCO, le Collectif 24, le RCECI et bien d’autres. Bref, il y avait une bonne palette de leaders de la Société civile qui ont pris à cette rencontre. C’est un peu hétéroclite, mais les grandes thématiques qui s’intéressent aux questions des finances publiques, de transparence, des ressources naturelles, tous étaient là.

Les discussions lors de cette table ronde étaient-elles ouvertes ou il y avait des sujets qu’il ne fallait pas aborder et, subsidiairement, avez-vous trouvé des réponses à toutes vos questions?
Les discussions étaient ouvertes dans le sens où c’était parfois heurté. Après l’exposé du directeur de cabinet adjoint du Chef de l’Etat, il y a eu une séance de questions qui se sont même poursuivies le lendemain pendant une quarantaine de minutes. Le reste de temps, c’était le débat. Et on a débattu sur tout. Les questions qui nous ont semblé ne pas trouver de réponses sur le lieu, nous avons demandé à ce que nous ayons d’autres rencontres avec la Présidence de la République pour les traiter. C’était des questions surtout liées à comment organiser le partenariat entre la Société civile et la Présidence de la République. Cette rencontre était une de grandes premières de cette ouverture de la Présidence de la République et la Société civile, à un niveau aussi élevé. La Société civile pense qu’il y avait moyen de pouvoir améliorer les rapports entre la Société civile et la Présidence de la République. Toutes ces questions seront versées dans les prochaines rencontres. Si non, partant de l’accord qui a été présenté, nous avons débattu de tout.

L’Accord vous a-t-il été présenté pendant la table ronde?
Nous l’avons vu, exposé à l’écran, et nous l’avons lu. On ne l’a distribué en dur et on ne l’a pas non plus obtenu sous forme électronique. C’était une demande de la demande de la Société civile, mais il nous a été expliqué qu’il y a une clause de confidentialité qui faisait qu’on ne pouvait pas le distribuer. Mais, nous l’avons vu. Et parfois, quand il fallait revenir sur un point dans le débat, on reprojetait la partie qui était concernée.

Pourquoi avez-vous décidé de signer le communiqué commun à la fin de la table ronde? Avez-vous un quelconque intéressement ou pression pour le signer?
Nous l’avons signé en âme et conscience. C’est comme ce que je vous avez dit avant. Mon organisation est convaincue que le rôle de la Société civile est de faire en sorte que les aspirations de la population soient traduites en décisions par les décideurs. Et inversement, c’est de prendre les décisions prises au niveau des autorités et les expliquer, les vulgariser auprès de la population. Etant donné qu’on a eu une information que nous avons eue tous et qu’on attendait une explication autour de cet accord, il a fallu nous mettre dans un coin pour relater ce qui s’est passé dans la rencontre. Ce qui est tout à fait normal. Car, pour toutes les organisations de la Société civile qui participent à une rencontre, il y a toujours une déclaration, un communiqué ou un rapport à la fin. Donc, avoir subi des pressions, je ne vois pas d’où ça pouvait venir. Nous nous sommes réunis en toute liberté. Il y a une partie de la commission qui est allée travailler à la CENCO. Depuis la CENCO, nous nous sommes retrouvés pour la mise en commun. Nous avons signé en âme et conscience, car cela représentait ce que nous avons entendu et les propositions que nous avons faites. Après nous avoir exposé l’accord, nous avons même dit à la Présidence pourquoi ils refusent de publier parce qu’on n’a rien vu de véritablement confidentiel ou quelque chose à mettre à l’abri de la connaissance de l’opinion. Mais, nous avons proposé que, par la suite, qu’il y ait cette volonté du Président de la République de récupérer le patrimoine du Congo, que cette volonté soit poursuivie, mais qu’il y ait aussi des Termes de référence (TDR) qui donnent les grandes lignes pour que les négociations futures se fassent selon certains principes que la population aurait arrêtés. Mais, aussi qu’il y ait une commission pour la mise en œuvre effective du partenariat entre la Société civile et la Présidence de la République, avec certains critères qui pourraient faire en sorte que ce partenariat réponde aux nomes de participation sur le plan universel.

Que pensez-vous de l’attitude de CNPAV qui a refusé de signer le communiqué conjoint en demandant la publication pure et simple de l’accord comme l’exige la législation congolaise, d’après eux ?
En fait, il y a plusieurs niveaux de publication. C’est tout à fait normal que les collègues de CNPAV demandent la publication. C’est ce que nous tous avons demandé. Mais, il y avait cette cause de confidentialité. Les uns ont soutenu que cette clause n’empêchait pas la RDC de publier l’accord. Des points de vue étaient divergents sur ce point-là. Mais, tout le monde était d’avis que cet accord devait être publié. Il nous a été dit que dès que l’accord va entrer dans sa phase d’exécution, il sera publié. C’est normal qu’on demande la publication d’une information publique. Nous-mêmes aussi, organisation travaillant dans la transparence budgétaire, nous réclamons toujours la publication de toute information touchant aux finances publiques. Ce n’est pas une question qui devait casser la tête aux Congolais ou à tous ceux qui font ces déclarations.

Que pouvez-vous dire à ceux qui refusent de soutenir cet accord qui a permis à la RDC de récupérer des actifs miniers évalués à plus de deux milliards USD ?
Chacun est libre d’émettre son opinion. On ne va pas imposer l’accord à qui que ce soit. Mais, c’est un accord déjà signé. Nous nous sommes retrouvés devant cette évidence. Mais, nous considérons que ce qu’il y a de positif dans l’accord est que nous récupérons quand même quelque chose. Est-ce qu’on pouvait récupérer plus ? C’est possible. Nous reconnaissons néanmoins que c’est un premier pas sur lequel on peut bâtir davantage. Dans l’examen des autres accords et contrats qu’on juge déséquilibrés, on peut arriver à améliorer dans le sens de la récupération. Sur le plan de principe, nous pensons que c’est déjà une bonne chose de commencer à récupérer ce qui a été bradé ou détourné qui, en principe, appartient au peuple congolais.

Quelle suite pouvons-nous attendre après la signature de cet accord et le soutien apporté par plusieurs organisations de la Société civile au Gouvernement de la RDC ?
La suite est que nous avons proposé la création de cette commission de suivi pour que le partenariat entre la Société civile et la Présidence de la République soit formalisé parce qu’il y a certaines règles à observer. Donc, nous encourageons cela. Et nous encourageons aussi les pouvoirs publics à continuer la récupération du patrimoine de la RDC auprès d’autres entreprises minières qui ont conclu des contrats que l’on considère comme déséquilibrés où on soupçonne qu’il y a bradage de nos ressources naturelles. C’est aussi les cas pour les hydrocarbures et les forêts. Cette action doit être poursuivie pour récupérer ce qui peut l’être pour le compte de la RDC.
Propos retranscris par F.K.