Carburants à la pompe : prix à la hausse, subvention maintenue, sauf pour le Jet A1 des compagnies étrangères

Contrairement aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) qui a exigé, au terme de la deuxième revue de l’accord qui le lie à la RDC, la levée de subvention des prix du carburant à la pompe, le Gouvernement a choisi de la maintenir afin, dit-il, de «préserver le pouvoir d’achat de la population». Toutefois, cette subvention est totalement levée pour le kérosène Jet A1 vendu aux compagnies d’aviation internationales. Cette subvention est néanmoins maintenue pour les vols nationaux.
C’est ce communiqué signé le 28 mai 2022 par le secrétaire général à l’Économie qui, par la même occasion, a rendu publique la nouvelle grille tarifaire des prix des carburants terrestres et d’aviation dans toutes les zones d’approvisionnement de la RDC.
Suivant cette nouvelle grille, dans la partie Ouest, le prix du litre d’essence se vend, à dater de ce lundi 30 mai 2022 à 2.345 Fc, alors que le gasoil se négocie à 2.335 Fc.
Cette révision à la hausse des prix des carburants à la pompe devrait sûrement ramener le calme sur le marché des produits, perturbé depuis quelque temps par la pénurie du gasoil et du Jet A1.
Dans ses explications, le ministère de l’Économie nationale justifie cette hausse par «la persistance des chocs exogènes liés à la hausse des prix des carburants sur le plan international ».
Vendredi en Conseil des ministres, le ministre des Hydrocarbures a fait le point sur la situation générale de la gestion des stocks de carburant en RDC confrontée, comme d’autres pays, à la pénurie de produits pétroliers. Complété par le ministre des Finances, assumant l’intérim du ministre de l’Économie nationale, ces deux membres du Gouvernement ont rassuré le Conseil que toutes les dispositions sont prises pour garantir la disponibilité du carburant sur toute l’étendue du territoire national.

Le pétrole au plus haut depuis deux mois
Les cours du pétrole ont de nouveau progressé, vendredi dernier, à la faveur d’achats de couverture avant un long week-end férié aux Etats-Unis, le marché n’écartant pas un accord européen sur la suspension des importations russes dans les prochaines heures.
Le prix du Brent ou brut de mer du nord pour livraison en juillet a engrangé 1,72%, pour clôturer à 119,43 dollars US, soit son plus haut niveau depuis début mars.
Quant au baril de West Texas Intermediate (WTI), aussi appelé Texas Light Sweet, des contrats à terme également pour juillet, il a gagné 0,85%, à 115,07 dollars US, hauteur qu’il n’avait plus atteinte depuis début mars et un sommet sur 13 ans.
«Les gens sont nerveux à l’idée qu’il pourrait y avoir un compromis de l’Union européenne sur le pétrole russe», a expliqué Michael Lynch, président du cabinet Strategic Energy & Economic Research (SEER). «Ils ne veulent pas se retrouver à découvert», c’est-à-dire avec une position à la baisse, car un accord serait de nature à doper les cours de l’or noir.
Mercredi, le président du Conseil européen, Charles Michel, s’était dit «confiant» en la conclusion d’un accord sur un embargo de l’Union européenne (UE) visant le pétrole russe d’ici à la réunion de ce lundi du Conseil européen, malgré les réticences de la Hongrie.
Les échanges sur le marché à terme de l’or noir «seront beaucoup plus réduits (que d’ordinaire) lundi (férié aux États-Unis) et on a toujours une guerre en cours» en Ukraine, a souligné Bill O’Grady, responsable de la recherche chez Confluence Investment Management, au sujet de l’incertitude ambiante.
Les opérateurs ont aussi relevé l’arraisonnement, par les Gardiens de la Révolution iraniens, de deux pétroliers grecs dans les eaux du Golfe. L’opération est intervenue après de nouvelles protestations de l’Iran contre la mise sous séquestre, depuis mi-avril, d’un navire russe transportant du pétrole iranien.
«Les Européens se donnent du mal pour relancer les négociations» sur le nucléaire iranien, a noté Bill O’Grady, «et voilà que les Iraniens font cela », à savoir intercepter des navires grecs. «Ils n’aident pas vraiment leur cause. Ce sont des tankers, ils ne présentent aucun danger pour eux».
La participation de l’Iran aux échanges mondiaux d’or noir est fortement limitée depuis 2018 et le rétablissement des sanctions économiques américaines par le gouvernement de Donald Trump.
Alors que le marché est sous tension depuis plusieurs mois déjà, les opérateurs redoutent l’accélération de la consommation de carburant avec le début de la saison estivale, marquée par le week-end férié de Memorial Day, à partir de samedi aux États-Unis. «Cela va être intéressant de voir si les prix de l’essence», actuellement à des records, «un effet négatif sur les déplacements des Américains ces prochains mois», a expliqué, dans une note, Daniel Briesemann, de Commerzbank.

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