Cohabitation pacifique entre Kasaïens et Katangais : Lubumbashi plante le décor d’un nouveau départ

Comment ramener la paix entre les communautés kasaïenne et katangaise ? C’est le thème retenu dans le cadre de la tenue à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, de la conférence interprovinciale sur la cohabitation pacifique. Présent à l’ouverture, vendredi dernier, de ce forum, le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, également ressortissant du Grand Katanga, a lancé un message de paix et de vivre-ensemble entre les deux communautés. Des rencontres avec les forces vives de deux espaces (Grand Kasaï et Grand Katanga) ont jeté les bases d’une nouvelle cohabitation.

Face aux tensions intercommunautaires entre Katangais et Kasaïens, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a lancé, vendredi dernier, à l’hôtel Pullman de Lubumbashi, les travaux de la table ronde sur la paix et le vivre-ensemble en République Démocratique du Congo. 

Devant les députés nationaux et sénateurs, quelques membres du Gouvernement, les Présidents et membres des Assemblées provinciales, les neuf gouverneurs des provinces de l’ex-Katanga et de l’ex-Kasaï, le chef du gouvernement a appelé les panélistes à poser un diagnostic sincère et franc sur ce phénomène, dans une approche holistique et à envisager des mesures en vue des solutions durables pour la paix sociale, la prospérité des compatriotes.

Le gouverneur du Haut-Katanga, province hôte, a, dans son mot de bienvenue, remercié tous les participants à ce forum qui vise la paix et l’unité nationale en RDC. Et ce, avant d’attirer l’attention de tous les participants sur les effets nocifs de cette crise, qui constituent un véritable frein au développement de nos communautés. Il a appelé tout le monde à bannir ces fléaux dans toutes les provinces.

Dans son discours d’ouverture de cette table ronde, le Chef du Gouvernement a précisé que ce forum était une occasion offerte aux panélistes de mener une réflexion pour des solutions durables et de soutenir le programme de développement à la base de nos 145 territoires initié par le chef de l’État dans le but de faire en sorte que chacun où qu’il se trouve, puisse y trouver des opportunités et jouir bien sûr du bien-être auquel tous aspirent sans devoir aller à l’aventure en quête de ce bien-être ailleurs.

De l’avis du chef du Gouvernement, le vivre-ensemble s’impose à tous, convaincu que «le phénomène des migrations diverses finit toujours par rapprocher des populations, à l’origine culturellement éloignés, dans un même vouloir de vivre ensemble ».

Corriger le développement inégalitaire des provinces

Pour le Premier ministre, ces tensions s’expliquent en partie par le développement inégalitaire des provinces. «Ces tensions communautaires autour des mouvements des populations vers le Grand Katanga, mouvements sous-tendus par l’écroulement des structures socioéconomiques du Grand Kasaï».

Aussi a-t-il rappelé la détermination du Gouvernement de réussir le programme de développement de 145 territoires. «C’est l’occasion pour moi de rappeler l’urgence de soutenir le Programme de développement à la base de nos 145 territoires initié par le chef de l’État dans le but de faire en sorte que chacun où qu’il se trouve, puisse y trouver des opportunités et jouir bien sûr du bien-être auquel tous aspirent sans devoir aller à l’aventure en quête de ce bien-être ailleurs. Avant de lancer à la mobilisation générale autour de la réussite de ce programme : « Ce développement à la base, je nous invite tous à nous investir, chacun à son niveau, dans la réussite de cet ambitieux programme de développement national, gage de toute stabilité sociale et démographique dans notre pays. Le Gouvernement de la République suit avec attention ces situations qui peuvent, dans le cadre de tensions intercommunautaires des espaces, briser les équilibres de paix sociaux ainsi que la cohésion nationale».

Profitant de son séjour dans le Haut-Katanga, le Premier ministre a eu une série d’échanges, notamment avec les pétroliers membres de la FEC (Fédération des entreprises du Congo) sur la reprise de la distribution du carburant dans les stations-services de la province.

En marge de la table ronde de réconciliation interco-mmunautaire, le Premier ministre a également présidé une réunion d’orientation stratégique à l’attention des présidents des Assemblées provinciales, des gouverneurs des provinces des espaces Grand Katanga et Grand Kasaï.

Les représentants des associations socioculturelles du Grand Kasaï et les autorités traditionnelles du Grand Katanga ont également échangé le week-end avec le Premier ministre.

A noter que la tenue de cette table ronde a été motivée par le souci  d’une part, de poser un diagnostic objectif de la situation intercommunautaire sous examen, et d’autre part, de proposer au Gouvernement des pistes de solutions dans une approche holistique, touchant au développement économique, social, et culturel des provinces.

Ce forum a réuni, dans un esprit de solidarité nationale, les responsables des institutions politiques et administratives nationales ainsi que les autorités provinciales des deux espaces, du Grand Kasaï et du Grand Katanga.

Les raisons du flux migratoire

Deux faits majeurs mettent en exergue le flux migratoire qui touche l’espace Grand Kasaï. D’abord, il y a la réalité sociologique des déplacements de nombreux habitants des provinces du Grand Kasaï vers les destinations diverses à l’intérieur du pays, mais aussi celles de toutes les autres provinces, surtout les zones rurales de toutes les provinces vers les grands centres, notamment celles de Kinshasa, du Kongo central et de l’Est de la République Démocratique du Congo, principalement la ville de Goma. Ces destinations les plus prisées sont des villes où ce phénomène se vit.

Dans le Haut-Katanga, le phénomène se vit particulièrement dans la ville de Lubumbashi et celle de Kasumbalesa. En ce qui concerne la province du Lualaba, c’est la ville de Kolwezi qui est visée.

«Ces déplacements massifs posent des problèmes d’intégration et de cohabitation, mais surtout d’aménagement de territoire et de développement. C’est aussi un fait. Et l’occulter ou le nier n’aiderait nullement à la recherche des solutions », a, du reste, souligné le Premier ministre. Et de s’engager : «Il nous appartient donc, chers panélistes, de poser un diagnostic sincère et franc et envisager des mesures en vue des solutions durables pour la paix sociale, la prospérité de nos compatriotes dont, bien sûr ces assises dépendent, et la capacité à stabiliser les populations de notre pays. Le chef de l’État nous a donc tous exhortés à la gestion responsable et citoyenne», a conclu le Premier ministre ».

Francis M.