Crise humanitaire, terrorisme et coups d’Etat en Afrique: deux sommets de l’UA à Malabo

L’Union africaine (UA) a lancé mercredi les préparatifs de deux sommets extraordinaires consécutifs prévus vendredi et samedi en Guinée équatoriale, le premier sur les crises humanitaires et le second sur le terrorisme et les «changements inconstitutionnels de gouvernement».
Une vingtaine de chefs d’Etat se retrouvent à Malabo (Guinée équatoriale), au moment où l’UA estime que quelque 113 millions d’Africains ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence en 2022, que le « terrorisme » jihadiste gagne tout le continent et après deux années marquées par quatre coups d’Etat reconnus comme tels par l’organisation panafricaine qui a suspendu de ses instances le Mali, le Soudan, le Burkina Faso et la Guinée.
Les préparatifs ont commencé mercredi après-midi dans la capitale équato-guinéenne par la cérémonie d’ouverture d’une session du Conseil exécutif de l’UA et le discours du président de sa Commission, le diplomate tchadien Moussa Faki Mahamat, rapporte un journaliste de l’AFP.
«Environ 113 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire en Afrique dont 48 millions sont des réfugiés, des demandeurs d’asile et des déplacés internes», a détaillé M. Faki Mahamat. Il s’agit d’un besoin d’aide «urgente» dans quinze pays africains les plus touchés par les crises, précise l’UA dans un communiqué. Le premier «Sommet humanitaire extraordinaire», qui réunira aussi des donateurs pour tenter de mobiliser des fonds, se tiendra vendredi.
Selon l’UA, «les besoins humanitaires augmentent rapidement en Afrique», notamment «à cause des chocs climatiques et des conflits (…) qui ont augmenté de manière exponentielle les besoins humanitaires».
Plus de 30 millions de personnes sont des déplacées internes sur le continent, dont plus de 10 millions d’enfants de moins de quinze ans, selon l’UA. En cause : les conflits intercommunautaires dans certaines régions, et l’insécurité alimentaire.
Sur un continent qui compte 1,4 milliard d’habitants, environ 282 millions sont sous-alimentés, en augmentation de 49 millions par rapport à 2019, selon l’agence des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
Le sommet de samedi, intitulé «Terrorisme et changements inconstitutionnels de gouvernement », abordera « Le terrorisme, une gangrène qui infecte progressivement toutes les régions du continent, de la Libye au Mozambique, du Mali à la Somalie, en passant par le Sahel, le bassin du lac Tchad et l’est de la République démocratique du Congo (RDC) », a poursuivi le président de la Commission de l’UA.
Ce sommet extraordinaire de l’Union africaine a été préparé, mercredi à Malabo, où les ministres africains des Affaires étrangères ont examiné les déclarations à soumettre aux chefs d’État en fin de semaine.
Cette réunion du conseil exécutif de l’Union africaine s’ouvre notamment au moment où l’Afrique est marquée par de nombreuses crises. Entre le retour des coups d’État, notamment en Afrique de l’Ouest, ou encore la montée des menaces jihadistes au Sahel et leur progression vers le golfe de Guinée, les diplomates ont du pain sur la planche.
Outre la question du terrorisme et des changements anticonstitutionnels de gouvernement, le continent est aussi fragilisé par la crise sanitaire liée au Covid-19 et la guerre en Ukraine qui plombent les économies. Autant de crises qui provoquent une situation humanitaire alarmante à laquelle il faut remédier.
«En termes de besoins, globalement, on a plus de 135 millions de personnes ciblées par l’assistance humanitaire en Afrique sur un besoin global de 46 milliards pour 300 millions de personnes à travers le monde. Donc, la moitié des populations qui ont besoin de notre action se trouve sur le continent africain», explique Modibo Traoré, le chef du bureau humanitaire des Nations unies au Niger (Ocha).
Une agence humanitaire africaine ?
Pour Aïssata Tall Sall, ministre sénégalaise des Affaires étrangères, la solution aux problèmes africains passe par une mobilisation du continent : «Sur la situation humanitaire, la situation est quand même alarmante au niveau du continent : vingt-sept millions de personnes sont réfugiées ou déplacées. Donc, nous pensons que l’urgence aujourd’hui est de trouver des solutions ici et maintenant».
Et c’est justement lors de ce sommet que la question doit être étudiée, selon la cheffe de la diplomatie sénégalaise : «C’est le lieu pour dire notre volonté d’une Afrique pour tous, sans exclusivité ni exclusion».
Dans les couloirs de cette rencontre ministérielle, la création d’une agence humanitaire africaine et la mise en place d’un fonds spécial d’urgences qui sera alimenté par la participation financière de chaque pays sont évoquées. Une déclaration à cet effet sera soumise aux chefs d’État samedi prochain.

Econews