Dérive

Le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique s’est permis d’assumer la sanction de révocation, sans autre forme de procès, des enseignants en grève. Professeur de droit, Tony Mwaba a violé sans broncher la Constitution de la République. Et tous, l’avons laissé faire, oubliant que cette décision inique va affecter la gouvernance démocratique du régime Tshisekedi.

La grève des enseignants a toujours eu lieu à chaque début de l’année scolaire. C’est l’unique moyen de pression à la disposition des enseignants pour obtenir des améliorations de leurs conditions matérielles de vie.

En les désactivant et en les remplaçant par des nouvelles unités, le gouvernement congolais donne la preuve qu’il n’est pas disposé à des négociations.

Dans un conflit de travail, il n’y a qu’une seule solution : le dialogue. Les manières fortes ne paient jamais. D’ailleurs, ces révocations, à la petite matinée, discréditent le gouvernement de l’Union sacrée de la nation. Ces révocations sont le symbole d’une dérive inacceptable.

On ne peut pas oublier aussi facilement les années de lutte démocratique en se comportant de la sorte. Le Président de la République, garant des libertés fondamentales, devrait donc s’assumer dans ce dossier.

La liberté d’expression est un droit garanti par la Constitution. Et la grève en est une parce qu’il s’agit de revendiquer la survie.

A ce titre, le Président de la République doit rappeler son ministre de l’EPST à l’ordre. Sans délai d’ailleurs.

Cette dérive est aussi la preuve que la critique est aisée mais l’art est difficile. Tony Mwaba ignore sans doute cet article de la Constitution.

Se cacher derrière une grève, aussi sauvage soit-elle, reviendrait à se cacher derrière son doigt, tellement c’est grossier. La désactivation des enseignants grévistes est un ordre anticonstitutionnel.

Assumer les fonctions publiques, c’est aussi savoir se dépasser et contenir ses émotions. Depuis les élections de décembre 2018, l’UDPS, le parti présidentiel, doit se rendre à l’évidence qu’elle est au pouvoir.

Elle doit se débarrasser de ce vieil homme qui le pousse toujours à adopter ce comportement lorsqu’il s’agit d’afficher la carrure d’homme d’Etat.

Gérer la République, c’est aussi prendre de la hauteur dans la prise de ses décisions. C’est ce que Tony Mwaba a complètement ignoré. L’erreur est certes commise, mais il n’est pas tard pour la réparer.

Econews