Des aléas d’un football politisé

C’est une première d’un aloi discutable dans l’histoire du football congolais. Du matériel audiovisuel de la CAF consigné en douane; des officiels privés de visas d’entrée; un stade Mazembe ceinturé par les forces de police. Finalement, l’équipe lushoise obligée bien malgré elle de livrer son premier match de la toute nouvelle Super Ligue africaine de football à Dar es Salam en Tanzanie. Quoique l’on ait appris à la mi-journée de sources fiables ce mardi que la situation avait quelque peu été décantée. Mais le mal était fait.
Et il a même la fâcheuse tendance à se perpétuer, dès lors que tout ce qui touche à l’équipe multi-titrée de Lubumbashi et à son stade dûment homologué par l’instance faîtière du football africain, la CAF (les deux étant des propriétés de l’homme d’affaires et candidat de l’opposition à la présidentielle Moïse Katumbi).
Dans un passé si éloigné, pour ne pas prêter le flanc à des accusations d’une accointance avec leur ancien allié, l’opinion nationale avait assisté avec stupeur à la délocalisation des rencontres de football initialement programmées sur le terrain du TP Mazembe à Lubumbashi, alors que le stade des Martyrs était fermé aux rencontres internationales.
Pour ne pas fâcher les faucons pro-régime à Kinshasa, Saint Eloi Lupopo (alors présidé par le gouverneur du Haut-Katanga) avait livré son match à Ndola en Zambie; V. Club (avec à sa tête une conseillère du chef de l’Etat) se transportait à Brazzaville tandis que le DCMP foulait le sol de Luanda en Angola. Situation ubuesque qui avait poussé la CAF à taper du poing sur la table, menaçant de prendre des sanctions sévères. Il avait fallu la sagacité du sélectionneur français de l’équipe nationale de football pour convaincre les autorités politiques de Kinshasa et obtenir que les Léopards se produisent enfin sur le terrain de la capitale cuprifère.
Moralité : la politisation à outrance du sport en général et du football congolais en particulier, phénomène qui connaît une recrudescence à la veille des élections générales de décembre est l’une de ces minuscules étincelles qui peuvent embraser toute une forêt.
A ceux qui ont perdu la mémoire, il est bon de rappeler que les émeutes de janvier 1959 qui aboutirent un an et demi plus tard à l’indépendance du Congo belge s’étaient greffées sur la frustration des supporters d’une équipe de football qui avait perdu ce jour-là au stade ex-roi Baudouin (devenu Tata Raphaël).

Econews