Des envies de Sénégal

Tous les regards des peuples d’Afrique dans leur ensemble étaient tournés vers le Sénégal ce 2 avril 2024. Pour rien au monde, ces peuples pour la plupart opprimés n’auraient manqué la prestation de serment et la prise de fonction de Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, et cinquième président du Sénégal indépendant. Elu au premier tour sans la moindre contestation, l’ancien inspecteur des Impôts et des Domaines deux semaines à peine après sa sortie de prison, le successeur de Macky Sall suscite sur le continent une réelle admiration teintée d’une sorte d’envie. La maturité du peuple sénégalais démontrée aux peuples d’Afrique, c’était au départ la ferme décision du Conseil constitutionnel de s’opposer aux manigances du chef de l’Etat sortant de se cramponner au pouvoir.

La cérémonie de prestation de serment elle-même d’une sobriété remarquable, a donné le ton du soin que le nouveau pouvoir compte apporter à la gestion des finances publiques. Pas de flonflons ostentatoires, d’interminables banquets à la limite des orgies, exclues les démonstrations terrestres ou aériennes avec des moyens d’emprunt…

Parmi les pauvres peuples d’Afrique dont la plupart crèvent de pauvreté sur des sols et sous-sols à la richesse scandaleuse, les plus perspicaces ont remarqué la finesse de la liste des invités à la prestigieuse cérémonie. Aucun chef d’Etat d’Afrique centrale n’y était convié.
L’histoire dira un jour pourquoi les Paul Biya, Denis Sassou Ngueso, Theodoro Obiang Nguema, Idriss Deby Itno et bien d’autres n’étaient pas les bienvenus au pays de la Teranga. Mais l’on peut supputer que le duo BDF et Ousmane Sonko ont tenu à épargner un honteux embarras à ces dirigeants qui cumulent des décennies d’un pouvoir sans partage; ces dictateurs affirmés qui tripotent des constitutions pour se pérenniser dans des pouvoirs oppresseurs. Ils leur ont envoyé un message sans aucune ambigüité : Non Messieurs, vous devez changer. L’Afrique doit changer. Et ce ne sera certainement pas avec vous. Nous y veillerons.

Macky Sall est parti certes, mais c’est avec la tête haute, au regard de ses réalisations au cours de ses deux mandats. Il lègue à son peuple la ville nouvelle de Damnadio, l’aéroport Blaise Diagne, un train rapide, un réseau routier civilisé et même le Centre des Expositions de Damnadio où s’est tenue la cérémonie de prestation de serment. Qu’on ne s’y trompe pas.

L’on peut dénier à un peuple le droit de s’exprimer, mais il n’en rêve pas moins !

Econews