Diplomatie à géométrie variable

Entre le 11è sommet des chefs d’Etat du Mécanisme de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba (Bujumbura, Burundi, 6 mai); le sommet extraordinaire de l’Organe politique, défense et sécurité de la SADC (Windhoek, Namibie, 8 mai); une visite d’Etat (Gaborone Botswana, 9-11 mai assortie de la visite dans la mine de diamant de Juaneng) et la réponse à l’invitation du voisin congolais à Oyo, le 13 mai, le chef de l’Etat RD congolais ne s’était autant dépensé, couvrant des milliers de kilomètres en l’espace de 10 jours à peine.
Et c’est tant mieux si ces pérégrinations assurent les fondamentaux d’une «diplomatie agissante» destinée à asseoir auprès de ses pairs l’unanimité d’une désapprobation des agissements hégémonistes du président rwandais Paul Kagamé dont les troupes occupent depuis bientôt une année une partie de la province congolaise du Nord-Kivu par la rébellion du M23 interposée. Tant mieux, si, répondant enfin aux aspirations du peuple congolais, il ait obtenu à Windhoek le déploiement d’une force d’intervention des armées de la SADC. Celle-ci, dûment munie d’un mandat offensif, en fera voir, dit-on, des vertes et des pas mûres au corps expéditionnaire rwandais et à la fourberie de l’Ouganda.
Pas comme cette force de l’Afrique de l’Est dont Félix Tshisekedi dénonce la fraternisation avec le M23/RDF. «Nous avons remarqué une cohabitation entre le contingent de l’EAC et les rebelles» a fait savoir le président congolais, ajoutant aussitôt : «Si nous estimons (en juin, ndlr) que le mandat n’a pas été rempli, nous les renverrons et les remercierons d’avoir essayé». Mais il est inutile de trépigner de joie. A ce stade, Tshisekedi exclut toute éventualité du retrait de son pays de l’EAC, une communauté à laquelle la RD Congo a adhéré, selon lui, à la demande de nos compatriotes de l’Est du pays exerçant d’intenses activités commerciales avec l’Afrique orientale. Invitant ses compatriotes à opérer un distinguo sans équivoque entre la Communauté de l’Afrique de l’Est et le contingent militaire présent en RD Congo.
Et ceci, quelle que soit la nature de ses rapports avec son homologue kényan avec lequel il entretient depuis peu des relations d’un froid polaire. William Ruto qui ne semble pas avoir digéré l’humiliation subie par le général Jeff Nyagah poussé à la démission de son poste de commandant de la force de l’EAC par Kinshasa, les autorités congolaises n’ayant pas non plus apprécié la nomination jugée cavalière de son remplaçant et à son insu.

Econews