Diplomatie des batteries électriques : enfin, Washington répond à l’appel d’Uhuru Kenyatta et décide d’entrer par la «grande porte» en RDC

Signature à Washington du MuO sur le développement d’une chaîne de valeur régionale dans la fabrication des batteries électriques

En clôturant récemment à Nairobi, au Kenya, le 3ème round des pourparlers pour le retour de la paix en RDC, l’ancien président kenyan, Uhuru Kenyatta, ne pensait pas prêcher dans le désert en déclarant tout haut : « Si vous voulez opérer en République Démocratique du Congo, entrez par la grande porte et non par la fenêtre ». Visiblement, à Washington où vient de se clôturer le deuxième Sommet USA-Afrique, l’appel d’Uhuru Kenyatta a eu un écho favorable au regard de l’accord signé entre les Etats-Unis, la RDC et la Zambie pour le développement d’une chaîne de valeur régionale dans la fabrication des batteries électriques.
La République Démocratique du Congo est bien disposée à offrir ses ressources naturelles au monde dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pourvu que, se dit-on à Kinshasa, tout se passe dans les normes, sans tuer ni condamner la population à l’errance, comme c’est le cas dans la partie Est de la République.
En clôturant dernièrement le troisième round des pourparlers de paix de Nairobi, sous l’égide de l’EAC (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est), Uhuru Kenyatta, faci-litateur du dialogue inter-congolais, avait aussi lancé un message similaire, appelant les potentiels investisseurs à entrer en RDC non pas par la fenêtre, mais plutôt par la grande porte. Visiblement, l’appel de l’ancien président kenyan n’est pas tombé dans les oreilles des sourds.
Car, depuis Washington, les Etats-Unis ont décidé d’adhérer au développement d’une chaîne de valeur régionale dans la fabrication des batteries électriques. On se rappelle qu’un accord lie déjà la RDC à la Zambie sur le même projet. Avec l’arrivée des Etats-Unis, ce projet devait connaître un coup d’accélérateur.
On sait néanmoins que le Président Félix Tshisekedi a présidé à Washington, avec son homologue zambien, le Président Hakainde Hichilema, la cérémonie de signature d’un MoU (Mémorandum d’entente), un protocole d’accord entre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avec le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la RDC, Christophe Lutundula, et le ministre zambien des Affaires étrangères, Stanley Kakubo.
Ce protocole d’accord a été signé entre les USA d’un côté, et de l’autre, l’alliance de la RDC et la Zambie pour développer en Afrique dans la région du copperbelt, c’est-à-dire au Sud-Est de la RDC et au nord de la Zambie, une chaîne de valeur des matières premières qui entre dans la production de batteries pour voitures électriques. L’idée étant de créer une industrie de transformation de ces matières premières stratégiques sur place en RDC et en Zambie. Les États-Unis peuvent apporter leur technologie et une part des investissements.
«La question de la chaîne de valeur des batteries électriques en RDC a traversé l’Atlantique. Déterminés à soutenir le leadership des Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, et du président Hakainde Hichilema dans la transition énergétique, les Etats-Unis signent un Mémorandum d’Entente (MoU) pour ce faire », s’est félicité Julien Paluku, ministre de l’Industrie, sur son compte twitter, lui qui porte pratiquement ce projet à travers le continent.
En adhérant à cet accord, nombre d’experts du marché mondial des matières premières pensent que les Etats-Unis veulent court-circuiter la Chine sur un terrain où Pekin jouit déjà d’une bonne longueur d’avance, au regard du nombre d’entreprises et opérateurs chinois qui opèrent dans les mines aussi bien congolaises que zambiennes. Déjà en RDC, le projet TFM, présenté comme le plus grand projet minier en Afrique, est sous contrôle chinois, sans compter l’entreprise Kamoa Copper Company, à capitaux majoritaires chinois, opérationnel dans la province du Lualaba.
Pour l’instant, la grande bataille se déroule dans le contrôle du lithium de Manono, dans la province du Tanganyika, où la société chinoise Zijin Mining Company tente de bousculer les cartes en entrant dans le capital de Dathcom.
Avec l’accord signé à Washington, les Etats-Unis ont maintenant une couverture légale pour contrer, s’il le faut, la Chine dans les mines de la RDC ou de la Zambie. Sans doute, la région sera-t-elle, dans les tout prochains mois, au cœur d’une rude bataille géopolitique entre les deux grandes puissances économiques mondiales.
En marge du Sommet USA-Afrique qui s’est tenu à Washington, le Président Tshisekedi a également pris part à une conférence sur la lutte contre le changement climatique avec le secrétaire d’État américain, M. Blinken, plusieurs présidents africains et l’envoyé spécial US pour le climat, John Kerry.
Le chef de l’État a prononcé un discours dans lequel il a souligné l’urgence de l’enjeu climatique, la place centrale de la RDC dans la stratégie mondiale de lutte contre le réchauffement climatique et de transition énergétique, et enfin l’obligation pour les pays industrialisés de tenir leurs engagements quant au financement de l’adaptation au changement climatique des pays africains.
Ces derniers sont des victimes innocentes des dérèglements du climat. Il y a un désir de produire de l’énergie propre pour soutenir leur développement économique et sortir ainsi du cycle infernal de la pauvreté.

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