Dossier Bukanga-Lonzo : Christo Grobler démonte les mensonges de l’IGF Alingete

Patron d’Africom commodities, société gestionnaire du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, le Sud-africain Christo Grobler, avait fait volontairement le déplacement de Kinshasa pour se défendre dans le procès Bukanga-Lonzo, finalement classé, devant la Cour constitutionnelle. C’est à la chaîne You tube, Congo Buzz, qu’il a réservée sa première interview en RDC pour présenter l’épilogue du projet de Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, lancé en 2014 par le Gouvernement Matata. Comme bien d’autres, Christo Grobler est d’avis que la République Démocratique du Congo a raté une occasion unique de profiter de ce projet à importants effets d’entrainement dans l’économie congolaise. Dans cette interview, le Sud-africain démonte les mensonges de l’IGF en chef, Jules Alingete, qui a, selon lui, induit en erreur toute une nation en montant une enquête bâclée sur toute la ligne. Interview.

Dans quel contexte êtes-vous arrivé au Congo ?

Sûrement pas pour Bukanga-Lonzo. Africom est venu ici avec le projet TRIUMPH, un autre projet dans l’agro-industriel. C’est fort de ses démonstrations que le Gouvernement s’est intéressé à Africom pour le projet Bukanga-Lonzo qui était un projet phare devant former des milliers de congolais dans les technologies très avancées dans le domaine agricole et produire localement tout ce qui se manque dans le pays.

Deux ans après, les résultats étaient extraordinaires. Je pense aussi que beaucoup des gens qui vivent des importations très couteuses ne pouvaient pas se réjouir de voir la République Démocratique du Congo conquérir son indépendance alimentaire avec l’aide d’un frère africain. Ils sont nombreux qui ont commencé à attaquer malicieusement la qualité, pourtant irréprochable, de nos produits réalisés avec des systèmes de fertilisation naturelle.

Si le sol de Bukanga-Lonzo n’était pas le meilleur du Congo, il faut reconnaitre qu’il n’était pas comparable à d’autres sols qui exportent vers le Congo. Après ils ont dit que le choix était mauvais pour décourager les Congolais. Je doute fort que depuis lors, quelqu’un d’autre a proposé mieux qu’Africom dans le domaine de l’agro-alimentaire.

L’Etat congolais a affirmé dans le passé que vous n’avez pas apporté les preuves de votre contribution au projet Bukanga-Lonzo

J’ai pris connaissance d’une telle affirmation dans une lettre de la ministre de portefeuille. Elle me semblait pour le moins ahurissante parce que je sais que l’Etat fait confiance à ses commis. Les preuves de mes apports ont été certifiés par le Conseil d’administration auquel siégeait en majorité les représentants dûment mandatés par l’Etat congolais.

Je ne pense même pas qu’ici soit le lieu de résoudre cette question alors que j’ai officiellement saisi l’Etat congolais pour des pourparlers directs en vertu des accords qu’Africom a signé avec lui. Beaucoup de pays africains se plaignent encore des problèmes de transfert des technologies. En venant au Congo, Africom n’a pas amené que des machines sophistiquées, elle a aussi amené du savoir-faire. Maintenant vous pouvez aller à Bukanga-Lonzo, j’ai transmis toute la liste des matériels et leurs prix avaient été transmis avant tout début d’installation du projet pour permettre au Gouvernement de faire la contre-expertise, ç’a été fait. Il a été même convenu d’intégrer dans le prix les frais de maintenance et d’entretien pour éviter que les travaux s’arrêtent un jour parce que nous devrions produire annuellement sans arrêt.

Dans les mêmes prix, il a été intégré les prix des pièces de rechange. Des choses que seul un agriculteur professionnel peut comprendre. Le ministre de l’Economie, qui a assisté à des réunions d’évaluation des apports de Bukanga-Lonzo, avait fait de lui-même le constat et il avait écrit au Gouvernement pour lui attester qu’Africom a intégralement payé ses parts, et même, en dépassement en demandant au Gouvernement de payer aussi ses parts. Jusqu’à ce jour, le Gouvernement n’a jamais payé. C’est la cause de la débâcle Bukanga-Lonzo. Il ne s’agit ni d’un détournement, ni de la surfacturation, mais de l’abstention du Gouvernement à honorer des engagements intégralement.

Pourquoi avez-vous abandonné la ferme en exposant l’entreprise au pillage ?

Il est difficile de négocier avec un autre service et d’être jugé par un autre. Il n’y a que ces pourparlers directs qui vont clarifier tout cela. D’abord, Africom n’avait ni armée ni police. C’est le Gouvernement qui détient les moyens de sécurité et qui avait la responsabilité d’assurer la sécurité.

Savez-vous que c’est Africom qui payait les travailleurs à Bukanga-Lonzo ? Beaucoup de gens dans le pays ont été désorientés et pensent qu’Africom était une entreprise publique de l’Etat ou un service public, ce qui est faux. Il faut dire toute la vérité aux Congolais. Je souhaite aussi que tous les mensonges qu’on a racontés au Président de la République soient corrigés.

Africom était une société commerciale, considérée selon le Code congolais des investissements comme une société sud-africaine. L’Etat congolais s’était engagé par écrit à ne jamais – lui-même et tous ses services y compris la justice – interférer dans la gestion de la société. Ce qui n’est pas respecté à ce jour.

Lorsque nous avons commencé à être traqués, moi-même et les travailleurs sud-africains, nous ne pouvions plus avoir des visas pour venir suivre les travaux. L’ambiance générale du travail n’était plus viable, malgré les insistances des autorités. Le ministre des Finances ne voulait plus donner la part de l’Etat. Comment voudriez-vous que nous-même, dont la sécurité avait déjà menacé, puissions sécuriser la ferme. Ce qui était le rôle de l’Etat ! Nous avions été contraints de partir pour permettre aux importateurs de venir vendre à très cher leur nourriture aux Congolais et de se faire des bénéfices. Nous étions devenus gênants lorsque la production commençait à faire peur aux nombreux opérateurs économiques qui étaient ici.

Alors que vous étiez déjà en justice arbitrale à Genève, pourquoi avez-vous choisi de revenir au pays pour être jugé ?

Non, lorsque le Président Tshisekedi est arrivé au pouvoir, il a fait un discours extraordinaire avec des promesses très pertinentes, surtout lorsqu’il a prôné la vengeance du sol sur le sous-sol. Le Président avait nommé un ministre qui aimait beaucoup le pays et l’agriculture et qui nous a demandé de venir.

Genève n’était pas un choix pour nous qui avons tant aimé ce pays. On nous avait imposé d’aller à Genève lorsqu’il n’y avait plus de répondant en face de nous. Pas de visas pour venir suivre nos gros investissements et la menace. Le ministre Kasonga (Ndlr : ancien ministre de l’Agriculture) m’a tenu un discours responsable lorsqu’il m’a dit que les Africains ne pouvaient aller résoudre leur problème à Genève. Il y a tout au Congo et des hommes intelligents, pourquoi aller se régler des comptes à Genève ?

Très vite, nous avons été séduits par la sincérité du Président Tshisekedi, son ambition et ses méthodes courageuses, surtout lorsqu’il a décidé que la Justice soit libre. Il est difficile de ne pas aimer et venir vers le Président de cette qualité. Voilà pourquoi nous sommes venus faire la paix avec ce pays merveilleux pour lequel le Président Tshisekedi a des rêves incroyables.

En venant au Congo, nous étions convaincus de tout ça. Avec un Code des investissements à la pointe des civilisations et un grand Président, plus rien n’est impossible. Nous devrions prouver à la face du monde que les grains d’haricot et de maïs n’ont plus raison de venir au Congo mais plutôt d’en partir. Nous sommes venus offrir notre disponibilité à être des diplomates agricoles du président Tshisekedi auprès des agriculteurs sud-africains. Le pays sera inondé de tout ce qui se mange ici, les paysans seront rendus autonomes et il appartiendra à eux de nourrir les villes et non de venir acheter en ville ce qui vient de l’étranger.

Quelle est votre impression sur la Justice congolaise après l’arrêt de la Cour constitutionnelle ?

La Cour constitutionnelle a tenu compte des accords qui existent entre AFRICOM (parce qu’il ne s’agit vraiment pas de l’individu Grobler) et l’Etat congolais. Savez-vous que la République Démocratique du Congo a le meilleur Code des investissements au monde. Avec ça, ce pays nepeut plus importer. J’ai par exemple rencontré les gens d’ici qui sont allés acheter le haricot en Tanzanie, un produit qui peut pousser dans deux mois et nourrir tout le peuple.

Avec le Code des investissements incroyable que ce pays détient, beaucoup d’investisseurs africains peuvent venir dans le domaine agricole et faire des choses…

 extraordinaires pour accompagner la politique clairvoyante du Président Félix Tshisekedi. Il suffit de respecter les protections que ce Code des investissements offre aux investisseurs, notamment pour le pays de ne pas recourir à sa Justice pénale pour faire fuir les investisseurs.

Que diriez-vous si une autre Cour congolaise vous convoque encore un jour sur les mêmes faits ?

En réalité, depuis l’avènement du Président Tshisekedi, ce grand pays est connu comme Etat de droit, c’est-à-dire un Etat qui respecte les lois en commençant par ses propres lois. Ici, je vois la Constitution de la République, je vois surtout les accords que l’Etat congolais a signés avec Africom et les arrêtés ministériels qui agréent l’investissement d’Africom en République Démocratique du Congo.

Toutes ces lois précisent que les questions de l’investissement de Bukanga-Lonzo ne peuvent pas être jugées au Congo. Je ne m’imagine pas, après que toute cette vérité soit connue de l’ensemble des Congolais et des autorités congolaises, que les tribunaux de ce pays puisent encore faire ça.

Il n’y a personne dans ce pays qui a besoin et intérêt de faire une mauvaise campagne contre les efforts extraordinaires du Président Tshisekedi. De toute façon, lorsque nous allons négocier avec le Gouvernement, nous allons nous entendre pour que ce projet continue et procure du bonheur au peuple congolais.

Il faut visiter Bukanga-Lonzo. Si vous lisez le Code congolais des investissements, vous comprendrez que dans son entendement, Africom est le meilleur investisseur que ce pays ait connu. Nous ne sommes pas venus ici pour les minerais. Nous avions anticipé l’idée du président Tshisekedi de faire la vengeance du sol sur le sous-sol. Qui peut refuser cette idée ?

Mais où sont partis les 280 millions de dollars américains dont l’IGF fait mention dans son rapport d’enquête?

Imaginons si le Gouvernement avait ce montant, on n’importerait plus du riz, du maïs et de viande ou du poisson au Congo. Si vous consultez le rapport de la Banque Centrale du Congo, l’ensemble de l’argent sorti pour le projet Bukanga-Lonzo c’est 138.000.000 de dollars américains. Ce montant n’était pas destiné à Africom seul. Comment on peut exiger 280.000.000 dollars là où seulement 138.000.000 étaient sortis.

Je crois que beaucoup de gens ici n’ont pas eu la vraie information de l’affaire Bukanga-Lonzo. Nombreux n’ont probablement pas visité cette œuvre grandiose. Ils n’ont pas mesuré le degré de sacrifice que nous avons ensemble consentis avec l’unique souci de sortir de la précarité.

Combien d’argent avez-vous rétrocédé à Matata et ses proches ? L’IGF vous accuse également d’avoir payé des rétro-commissions.

Africom a plutôt négocié avec le Gouvernement, représenté par des ministres (cinq) et non avec Monsieur Matata. C’est vrai que personnellement, j’avais toujours envie de rencontrer le Premier ministre Matata pendant ce projet pour lui expliquer les difficultés liées au refus de l’Etat de donner correctement ses parts de contribution. Je l’ai rencontré dans une réunion où il y avait beaucoup de gens et le protocole ne m’avait pas permis d’être à ses côtés.

Savez-vous que les lois financières en Afrique du Sud sont très dures au point que j’ai même du mal à payer mes avocats. Comment serait-il possible d’envoyer autant de millions de dollars de l’Afrique du Sud jusqu’ici. Si le Gouvernement nous a fait confiance, c’est parce qu’il a visité notre activité, nos activités et mesurer notre sérieux. Nous sommes seulement agriculteurs et n’avons jamais été condamnés pour des pratiques financières illicites. J’ai rencontré le Premier ministre Matata à la Cour constitutionnelle et je l’ai salué. Je pense qu’il a la même peine de voir ce grand projet, jamais réalisé au pays, se volatiliser.

Econews avec Congo Buzz