Enfin, un congrès !

Ensemble pour la République est en congrès à Lubumbashi depuis ce mardi 20 novembre. Et pendant trois jours, le parti de Moïse Katumbi compte avaliser la candidature du désormais ancien allié de Félix Tshisekedi au sein de l’Union sacrée dont il vient de claquer bruyamment la porte. C’est ici l’occasion de se pencher sur le cheminement interne de la démocratie au sein des partis politiques congolais.
Il est à noter d’emblée que le congrès d’Ensemble est organisé après la déclaration de la candidature de son président sur des médias français, et son retour au pays dans des circonstances pour le moins rocambolesques. La logique aurait sans doute voulu que Katumbi se prononçât à l’issue des débats de son parti. Sauf que la réalité congolaise est toute autre. Si déjà la tenue d’un congrès est un exercice ordinaire auquel sont astreintes toutes les formations politiques, elles sont rarissimes celles qui s’y prêtent. D’ailleurs oser soulever la question est généralement considéré comme un crime de lèse-majesté et vaut à son auteur une exclusion aussi humiliante qu’immédiate.
C’est qu’en fait, les centaines de formations politiques sont la propriété de leurs fondateurs, affublés du titre ronflant d’Autorité morale. Le Président-Fondateur-Autorité morale est au-dessus de tout et de tous. Il mène le parti à sa guise. Souvent épaulé par ses proches, à défaut de justifier des adhésions de militants librement consenties, il aligne femme et enfants sur les listes électorales. Pour preuve, ils sont légion à avoir réussi le tour de force de se faire élire à trois scrutins, abandonnant le reste des strapontins à leurs conjointes et progéniture, ses suppléants «naturels ».
Il en découle que le Parlement congolais est truffé d’élus représentant les intérêts familiaux. Des député.es et sénateur.trices qui ne prennent jamais la parole, se contentant de voter invariablement «pour», même dans les matières dépassant leur entendement. La tentative de Christophe Lutundula, alors député national, d’élaguer cette disposition de la loi électorale a été purement et simplement rejetée. Laissant libre-cours au développement au fil des échéances électorales de dynasties familiales siégeant dans les fauteuils d’un Parlement aux antipodes des attentes du peuple.
Moïse Katumbi et les siens dans un congrès réglé comme du papier à musique est déjà une avancée. Mais quant à dire qu’il en sortira des conclusions révolutionnaires, c’est pousser loin le bouchon. On ne crache pas dans la main qui vous nourrit.

Econews