Etat de siège en Ituri et dans le Nord-Kivu : Tshisekedi confiant face aux élus locaux

Manque de moyens, violations des droits de l’homme et affairisme. Autant de dysfonctionnements qui plombent l’état de siège décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. En recevant mercredi les élus locaux de ces deux provinces, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, se lance dans une vaste opération de charme pour s’attirer la sympathie de ces élus qui ne cachent plus leur réticence à un état de siège qui se trouve déjà à sa 12ème prolongation.

L’état de siège décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu est déjà sa 12ème prolongation, mais sur le terrain des opérations, le bilan est plutôt mitigé. Dans les provinces sous état de siège, le scepticisme gagne du terrain. C’est le moment qu’a choisi le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, pour des échanges francs et sincères avec les élus locaux de ces deux provinces.

Cela fait plusieurs semaines que les élus de l’Ituri et du Nord ont suspendu leur participation aux séances plénières consacrées à la prorogation de l’état de siège. Pour les calmer, le Président de la République les a conviés à des échanges le mercredi 17 novembre 2021 dans ses bureaux de la cité de l’Union africaine. Ils étaient conduits par le président de leur institution, Christophe Mboso.

Devant le Chef de l’Etat, ces représentants se sont expliqués sur les motivations de leur réserve quant au prolongement de la mesure d’état de siège censée ramener la paix dans les deux provinces.

«Nous répondons aux cris de détresse de nos populations qui sont massacrées au quotidien et nous ne pouvions que par solidarité avec elles, montrer un signe de mécontentement à un certain nombre de choses », a déclaré à la presse, le porte-parole des caucus des députés nationaux du Nord-Kivu et de l’Ituri.

En accordant une oreille attentive aux préoccupations de ces élus, le Chef de l’État a démontré, une fois de plus, sa détermination à rétablir la sécurité et la paix dans ces deux provinces du pays, a reconnu le porte-parole de ce collectif, Mwanza Hamissi Singoma.

Après plus de deux heures d’échanges, les députés des provinces sous état de siège se sont déclarés «rassurés» par les propos du Chef de l’État.

«Dans les semaines et mois à venir, nous allons travailler de manière à prendre en compte les recommandations faites par la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale », selon le Président de la République cité par le porte-parole des élus de Nord Kivu et Ituri.

Le cinglant rapport parlementaire

Pour le moment, le débat autour de l’état de siège reste alimenté par ce cinglant rapport de l’Assemblée nationale qui a sérieusement remis en cause la portée de l’état de siège.

« Le rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur l’état de siège, décrété en mai par le Président Félix Tshisekedi au Nord-Kivu et en Ituri, est accablant pour les autorités congolaises. Les critiques sont acerbes sur la mise en œuvre de cette mesure censée éradiquer les nombreux groupes armés qui sévissent dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Car six mois après son instauration, le bilan est bien mince sur le front de l’insécurité. Au moins 1.000 civils ont été tués par les groupes armés depuis la mise en place de l’état de siège, selon les chiffres du baromètre sécuritaire du Kivu. Un décompte macabre, qui n’a pas diminué depuis le printemps dernier. Et le rapport parlementaire éclaire d’une lumière crue les multiples raisons de cet échec», commentait Afrikarabia sur son site.

La Commission parlementaire a rappelé d’abord que l’insécurité quasi endémique dure depuis plus de 30 ans dans l’Est de la RDC, sans que l’armée congolaise, ni les casques bleus de la Monusco, ne parvenaient à l’endiguer. Le rapport faisait également état de l’impréparation du dispositif prévu dans le cadre de l’état de siège.

Auditionné par la Commission parlementaire, le ministre de la Défense nationale s’était défendu tant bien que mal, estimant que l’état de siège avait été décrété «dans un contexte difficile sans un soubassement quelconque de chronogramme et sans un montage financier conséquent à même de couvrir les besoins opérationnels sur le terrain ».          

Il a reconnu également une planification insuffisante des opérations militaires, tout en dressant un état des lieux dramatique de l’armée congolaise : moyens inadaptés pour mener une guerre asymétrique, insuffisance des effectifs, vieillissement des troupes, effectifs fictifs…

Econews