Explosion de la dette extérieure en quatre ans de Tshisekedi, Nicolas Kazadi relativise : «Nous sommes désespérément sous-endettés»

En quatre ans de la gouvernance du Président Tshisekedi, la dette extérieure de la République Démocratique du Congo est passée du simple au double. Elle se situe, selon les estimations actualisées, à plus de 10 milliards US. Tout se passe comme si la RDC a relâché tous les efforts entrepris dans le cadre de l’Initiative d’effacement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (I-PPTE). Lundi devant la presse, conviée au traditionnel briefing, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, est revenu sur cette question. Contrairement à tout ce qui se dit, le ministre des Finances note que la RDC est sur la bonne, pour autant sa ratio de la dette par rapport au Produit intérieur brut est de 17%, bien en-deçà de la moyenne de l’Afrique subsaharienne. S’il se félicité des performances réalisées en termes de mobilisation des recettes à fin 2022, Nicolas Kazadi couvre les contreperformances de janvier 2023 où le solde public affiche un déficit de 496 milliards de francs congolais, soit plus de 230 millions USD. Certes, le FMI minimise cet impact, mais ses experts, de passage dernièrement à Kinshasa, n’ont pas caché leur inquiétude. Depuis lors, le FMI insiste sur la mise en place du compte unique du Trésor pour contrôler les mouvements des comptes publics ainsi que la poursuite de grandes réformes sur le cadre de politique monétaire et la gouvernance de la Banque Centrale du Congo. Y aurait-il déjà des frictions entre le Gouvernement et la BCC ? A cette question, Nicolas Kazadi a préféré botter en touche.
Comment 2022 s’est terminé sur le plan économique et financier? Lundi devant la presse, conviée au traditionnel briefing, le Gouvernement, représenté, pour la circonstance, par le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, et celui de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, n’a pas caché son optimiste.
Sourire aux lèvres, Nicolas Kazadi s’est félicité du travail accompli, du reste salué, par la dernière mission du Fonds monétaire international (FMI). «2022 a été une bonne année avec 24% des recettes mobilisées par rapport aux assignations de 2023 », a indiqué l’argentier national.
Si les recettes internes ont cru, dépassant les records jamais affichés auparavant, qu’a-t-on alors fait de cet argent ?
Pour le ministre des Finances, cette importante manne financière a permis au Gouvernement de faire face aux nombreux défis, notamment le volet avec plus d’un milliard USD consommés en 2022, la subvention pétrolière avec plus de 500 millions USD mis à la disposition des pétroliers distributeurs et le financement des élections où près de 500 millions USD ont été affectés aux opérations menées par la CENI
Ministre des Finances, ayant sous sa tutelle les trois régies financières nationales de la RDC (DGI, DGDA et DGRAD), Nicolas Kazadi dit avoir canalisé vers le Trésor environ neuf (9) milliards de dollars américains en recettes propres.

L’inquiétante explosion de la dette extérieure
Si les recettes ont cru à fin 2022, le mois de janvier 2023 n’est pas aussi reluisant. Les premiers signes de friction sont déjà là, le solde public ayant affiché un déficit de 496 milliards de francs congolais pour ce seul mois.
Nicolas Kazadi en trouve une explication. «Le mois de janvier est celui de petites recettes, alors qu’on doit faire face aux dépenses contraignantes de l’Etat. De toute façon, vendredi dernier en Conseil des ministres, des mesures ont été prises pour ramener le calme dans les finances de l’Etat. C’est juste pour un temps. On n’a pas relâché les efforts. Bien au contraire», a fait observer l’argentier national.
Mais, le problème reste pour autant entier. Car, en même temps, la dette extérieure explose. Et quatre ans de la gouvernance du Président Félix Tshisekedi, la dette extérieure a pratiquement doublé, passant du simple au double, soit de cinq milliards USD à plus de 10 milliards USD. Sur divers marchés, c’est déjà l’émoi.
Ce qui n’est pas de l’avis de Nicolas Kazadi qui reste optimiste. Selon lui, il n’y aucune raison de s’alarmer, dans la mesure où la RDC affiche le plus ratio dette extérieure sur PIB (Produit intérieur brut), soit à peine 17%, bien en-deçà de la moyenne en Afrique subsaharienne.
«Nous  sommes  désespérément  sous endettés.  10 milliards USD, c’est la même dette  que  nous avions à l’initiative PPTE  où notre budget  était  de  500  millions USD. Même  pas  un  milliard USD. Aujourd’hui  nous avons  un budget  de l’ordre de 16  milliards USD et un PIB autour de 60 milliards. Donc, on a le droit de s’endetter. Ce qu’il faut regarder au  final, c’est le  ratio  d’endettement. C’est-à-dire, le ratio  entre le stock de la dette et le PIB est de l’ordre de 17 %. Mais, il  n’y  a  pas un  pays africain si peu endetté  que nous. Donc, nous  avons  de marges  de  manœuvres pour  financer notre économie  et notre croissance », a fait part le ministre des Finances.
Certes, l’année 2022 a été celle de toutes les performances, mais le ministre des Finances ne pense pas s’arrêter là. «Nous devons continuer avec les réformes pour consolider les acquis», promet-il. C’est notamment cette mise en place du compte unique du Trésor, maintes fois, recommandée par le FMI.
Pour Nicolas Kazadi, cette réforme, greffée à la recapitalisation de la Banque Centrale du Congo, est primordiale.
«La mise en place du compte unique du Trésor, c’est la grande réforme est en marche. Ça va diminuer la fraude, la corruption et permettre une bonne gestion des finances de l’Etat», promet-il.
En attendant, l’économie congolaise affiche une nette résilience. Même le très rigoureux FMI l’a reconnu. Le plus important est de maintenir le rythme, sans jamais relâcher. En cette année électorale, l’orthodoxie financière s’impose pour ne pas hypothéquer les efforts entrepris auparavant.
Mais, pour épargner l’économie des chocs exogènes, généralement déstabilisateurs, le ministre des Finances mise sur la dédollarisation et la relance de la production locale. «Pour rendre l’économie moins vulnérable à la variation du taux de change, il faut se dédollariser, produire et consommer Congolais», rappelle-t-il.

Econews