Fichier électoral nettoyé, la CENI passe à l’étape de la répartition des sièges

C’est en moins d’une semaine, soit six jours à peine, que l’équipe d’experts recrutés par la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a bouclé le travail d’audit du fichier électoral. Sur 47.299.364 d’enrôlés bruts, 3.344.183 ont été élagués, entre autres, 2.235.798 doublons et 976.506 mineurs. Le décompte final renseigne donc un nombre total de 43.955.181 enrôlés. Juste après cette étape, la CENI a mis le cap sur la répartition des sièges aux prochaines législatives en transmettant dès lundi un projet de loi au vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur. Quoi qu’il arrive, Denis Kadima, président de la CENI, est déterminé à organiser les élections à la date du 20 décembre 2023. Cependant, à la CASE (Commission africaine pour la supervision des élections), on reste toujours sceptique, craignant un cycle électoral bâclé.
C’est devant les membres de la plénière de la CENI, les représentants de la Société civile, des partis politiques et organismes internationaux que la Commission mixte, chargée de l’audit externe du fichier électoral, a présenté son rapport final.
L’on retiendra qu’aux problèmes et aléas auxquels la CENI a fait face lors des opérations d’enrôlement des électeurs, la Commission d’experts a apporté des réponses appropriées, rendant, selon elle, « fiable » le fichier électoral de la CENI.
Ainsi, sur les 47.299.364 d’enrôlés bruts, la Commission en a élagué 3.344.183, dont 2.235.798 doublons et 976.506 mineurs. C’est donc avec un nombre total de 43.955.181 électeurs que la CENI organisera les scrutins du 20 décembre 2023.
Après cette étape réussie d’audit du fichier électoral, la CENI a mis le cap sur la répartition des sièges aux prochaines législatives, nationales et provinciales.

Les choses se précisent
A la tête d’une délégation composée de membres de l’Assemblée plénière de la CENI, son président, Denis Kadima Kazadi, a déposé lundi auprès du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Peter Kazadi, l’avant-projet de loi sur la répartition des sièges. C’est une étape déterminante du processus électoral qui tourne définitivement la page de la révision du fichier électoral, conduisant vers l’ultime étape de réception et traitement des candidatures, a souligné la plus haute hiérarchie de la Centrale électorale.
«Nous sommes venus déposer l’avant-projet de loi sur la répartition des sièges aux niveaux national, provincial et local. Cette étape nous conduit droit vers la phase de la réception et du traitement des candidatures. Nous avons déposé l’avant-projet de loi auprès du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur pour le soumettre au gouvernement qui, à son tour, va l’acheminer au Parlement afin qu’il soit adopté après débat bien évidemment », a dit, à cet effet, le président de la CENI.

Econews

Cinglante réplique de la CASE
Depuis son siège des Etats-Unis, la CASE (Commission africaine pour la supervision des élections) a dénoncé un «simulacre d’audit du fichier électoral » qui, selon elle, est «un arrangement de mauvais goût qui consacre la crise politique et électorale à grande échelle en République Démocratique du Congo ».
La CASE note que « cet audit effectué à vive allure n’a pas répondu aux principales questions, à savoir combien d’électeurs ont été enrôlés en catimini, c’est-à-dire dans les résidences des personnalités membres de l’Union sacrée qui avaient reçu des kits d’enrôlement de façon frauduleuse de la part de Monsieur Kadima? Combien d’électeurs sciemment délocalisés de leurs entités dans le Grand Kasaï ont été identifiés et réorientés à leurs centres d’inscription initiaux où ils sont censés voter ? Combien de kits irréguliers ont été identifiés, pour quelle quantité d’électeurs et dans quelles circonscriptions électorales ? Quels logiciels ont été utilisés pour traquer les doublons et extirper les mineurs ? Quand est-ce que la base de données (Serveur central) de la CENI a été ouverte au public pour vérification de différents avis émis par les auditeurs de Kadima? »
La CASE est d’avis que «la courtesse du temps dévolu à l’audit, en plus du choix équivoque des experts précipitamment sélectionnés dans l’irrespect des textes et procédures en la matière, dressent au grand jour l’insuccès de cette bouffonnade d’audit du fichier électoral ».
Convaincu de l’incapacité de Denis Kadima, «dont les mérites d’expertise en la matière sont évasivement théoriques et incroyablement limités», à offrir de bonnes élections à la RDC, la CASE «interpelle une fois de plus les forces politiques et sociales de la RDC sur la conduite très accidentée du processus électoral par Monsieur Kadima dont le seul souci semble être de s’enrichir sur le dos de la pauvre population en organisant autoritairement et hypothétiquement des élections forcées et insalubres».
A cet effet, la CASE «rejette totalement et avec la dernière énergie les conclusions fallacieuses de cet audit mené par une équipe aux ordres de Monsieur Denis Kadima pour plaire à sa famille politique», soulignant que, «si la CENI, le Gouvernement et la Communauté internationale n’écoutent pas la voix de la raison, ils auront consacré un climat sombre pour le processus avec risque de troubles avant, pendant et après les élections».