Incursion à Rutshuru : les FARDC rassurent, Kigali charge Kampala

Les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont indiqué mardi avoir récupéré toutes ses positions qui, selon elles, ont été attaquées dans la nuit de dimanche à lundi par d’anciens rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans l’Est de la République Démocratique du Congo.

«Nous avons récupéré toute la zone, nous avons délogé l’ennemi et j’ai pu passer la nuit à Chanzu» où nous avons à nouveau placé nos militaires, a déclaré à l’AFP le colonel Honoré Rindugu, commandant du bataillon des Forces armées congolaises (FARDC) à Bunagana. «Je suis en direction de la colline de Runyoni pour y installer des militaires», a-t-il ajouté.

«Nous avons récupérés, toutes les collines depuis hier soir dont Runyoni et Chanzu. Pour l’instant la population est en train de regagner» la zone, a déclaré de son côté à l’AFP le colonel Luc-Albert Bakole Nyengeke, administrateur du territoire de Rutshuru, selon qui, l’armée a « perdu un militaire ».

Le chef du groupement municipal attaqué, Jackson Gachuki, a aussi assuré que «l’armée a déjà récupéré tous les cinq villages» qui étaient pris et «depuis ce matin, la grande majorité de la population est déjà de retour à Chanzu, à Bunagana centre et leurs environs».

Lundi, l’armée congolaise a accusé d’anciens rebelles du M23 d’avoir attaqué ses positions dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, à la frontière avec l’Ouganda.

Le M23 se disculpe, Kigali charge Kampala

La direction du M23 a, dans un communiqué, démenti être à l’origine de ces attaques qui ont eu lieu dans la région de Bunagana, à 80 km de Goma, capitale provinciale.

De son côté, Kigali, qui manifeste son vif intérêt à garder les bons rapports qu’il entretient avec Kinshasa, a plutôt chargé Kampala qu’il soupçonne d’avoir été derrière les attaques armées du Nord-Kivu.

Dans un communiqué diffusé, le 9 novembre 2021, depuis Kigali, les Forces de défense rwandaises démentent leur implication dans les attaques du M23 en RDC

«Les Forces de défense rwandaises ne sont pas impliquées dans les attaques et ne soutiennent aucune des activités de l’ex-groupe armé M23 », note le communiqué. Et se rappeler : « Il a été rapporté que ce dimanche 7 novembre 2021, un groupe armé soupçonné d’être des rebelles de l’ex-M13 ont traversé la frontière congolaise en provenance de l’Ouganda où ils sont basés, et ont attaqué et occupé les villages de Tshanzu et Runyoni. L’ex-groupe armé M23 en question, n’a pas cherché refuge au Rwanda en 2013, il est plutôt basé en Ouganda, lieu de provenance de l’attaque et où ses membres se sont retirés».

Se mettant à l’écart de la dernière incursion dans le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, Kigali indique que «les allégations issues des médias ou de déclarations des autorités régionales selon lesquelles l’ex-groupe armé M23 serait venu du Rwanda ou que ses combattants s’y seraient retirés est une propagande dont le seul but est d’envenimer les bonnes relations qu’entretiennent le Rwanda et la République Démocratique du Congo ».

A noter que le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi à Genève qu’au moins 11.000 personnes se sont réfugiées en Ouganda en fuyant ces violences. Selon le HCR, quelque 8.000 personnes ont traversé la frontière à Bunagana et 3.000 autres au poste frontière de Kibaya, dans le district de Kisoro, qui borde la frontière côté Ouganda. Ces deux villes sont situées à environ 500 km au sud-ouest de la capitale ougandaise, Kampala.

Dernier avatar de la rébellion congolaise à dominante tutsi soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, le M23 est né d’une mutinerie, en avril 2012, d’anciens rebelles intégrés au sein des Forces armées de la RDC.

Le M23 a été vaincu par l’armée congolaise appuyée par les Casques bleus de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) en 2013, après dix-huit mois de guérilla dans la province du Nord-Kivu et la prise de la ville de Goma fin 2012.

Econews avec ACP