Jeux de la Francophonie : la Rwandaise Louise Mushikiwabo ne fera pas le déplacement de Kinshasa

Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF)

Malgré les assurances du Gouvernement, le secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Rwandaise Louise Mishikiwabo, ne fera pas le déplacement de Kinshasa où se tiennent, du 28 juillet au 6 août 2023, les 9èmes Jeux de la Francophonie. L’engagement des autorités de Kinshasa de lui garantir une sécurité maximale n’a donc pas convaincu la SG de l’OIF à assister ce vendredi 28 juillet à l’ouverture des Jeux de Kinshasa. La guerre froide qui oppose le Rwanda, son pays d’origine, à la République Démocratique du Congo a donc dissuadé Mme Mishikiwabo à annuler son voyage de Kinshasa. Qui a dit que la politique serait loin des Jeux de Kinshasa ? «Chassez le naturel, il revient au galop», dit un vieil adage.
Contrairement à ce qu’a annoncé, lundi soir le Gouvernement, représenté par Peter Kazadi, vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, et Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Rwandaise Louise Mushikiwabo, ne sera pas à Kinshasa à l’ouverture ce vendredi 28 juillet 2023 des Jeux de la Francophonie. Son absence a été confirmée mardi par sa porte-parole, rapportent plusieurs médias.
Les relations exécrables entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, pointé du doigt comme le principal soutien des terroristes du M23, ont fini par dissuader la secrétaire général de l’OIF à annuler son déplacement de Kinshasa.
Pourtant, lundi lors du traditionnel breifing, le Gouvernement a donné toutes les assurances nécessaires à l’arrivée incessante à Kinshasa du SG de l’OIF.
«Les Jeux sont organisés par l’OIF» avec le gouvernement du pays hôte, la RDC, a dit lundi le ministre Patrick Muyaya. «Il va de soi que la secrétaire générale de l’OIF puisse être, comme co-organisatrice, présente à Kinshasa», a-t-il ajouté.
«Elle sera la bienvenue à Kinshasa», a appuyé, à ses côtés, le directeur du Comité national des Jeux, Isidore Kwandja, avant que le VPM en charge de l’Intérieur, Peter Kazadi, ne donne toutes les garanties possibles sur sa sécurité.
«Toutes les dispositions sécuritaires seront prises pour qu’elle soit suffisamment protégée», a-t-iln dit.

La réplique n’a pas tardé
Moins de 24 heures après les annonces rassurantes de Kinshasa, les services de Mme la secrétaire générale de l’OIF n’ont pas tardé, depuis Paris, à dissiper tout malentendu.
«Non, elle (Ndlr : Louise Mishikiwabo) ne sera pas là», a déclaré mardi Oria Vande Weghe, porte-parole de la secrétaire générale de l’OIF qui, a-t-elle précisé, sera représentée à Kinshasa par l’administratrice de l’OIF, Mme Caroline St-Hilaire.
Si Kinshasa dit avoir envoyé en bonne et due forme une invitation formelle à Mme Mishikiwabo via le ministère congolais des Affaires étrangères, à l’OIF, on estime que cette invitation n’est jamais arrivée à destination
Selon la porte-parole de la SG de l’OIF, la RDC avait annoncé le 21 juin dernier devant le Conseil permanent de la Francophonie qu’une invitation formelle serait adressée à la secrétaire générale par le ministère congolais des Affaires étrangères.
«Malheureusement, cela porte à confusion et a poussé la secrétaire générale à reconsidérer son voyage», a précisé Oria Vande Weghe. Et d’ajouter : «Le plus important pour elle, c’est que les Jeux, un événement très attendu par la jeunesse francophone, se passent bien».
Les 9e Jeux de la Francophonie, auxquels sont attendus pendant dix jours environ 3 000 jeunes sportifs et artistes d’une trentaine de pays, débutent ce vendredi dans la capitale de la République démocratique du Congo, avec une cérémonie d’ouverture au stade des Martyrs, plus grande enceinte sportive du pays.
Depuis début 2022, Kinshasa accuse Kigali de soutenir la rébellion du M23 («Mouvement du 23 mars»), qui s’est emparée de vastes pans des territoires dans l’est de la RDC, et de combattre à ses côtés. Des experts de l’ONU ont corroboré ce soutien, condamné par plusieurs chancelleries occidentales, mais toujours pas reconnu par le Rwanda.
Fin octobre dernier, dans ce contexte de dégradation des relations entre les deux voisins, Kinshasa a expulsé l’ambassadeur du Rwanda en RDC. Sûrement, Kigali a déconseillé à Mme Mishikiwabo de faire le déplacement de Kinshasa.
Autant dire que la politique s’est finalement invitée aux Jeux de Kinshasa, mettant en avant les tensions récurrentes entre Kinshasa et Kigali.

Hugo Tamusa