Justice sans couleur

La ville de Goma n’est pas prête à panser ses plaies. Des Congolais, hommes, femmes et enfants, ont été tués – disons plutôt massacrés – dans la journée du 30 août 2023.
Au départ, ce n’était qu’une marche ordinaire contre la présence permanente et inutile des troupes onusiennes en République Démocratique du Congo.
Le peuple de l’Est qui vit tous les jours les affres d’une insécurité ne comprenait plus l’intérêt d’avoir à ses côtés les troupes de la Monusco. Censées les protéger, les troupes onusiennes assistent généralement aux morts…
en série des populations de l’Est.
Le 30 août 2023, à l’appel d’une secte, présentée comme mystico-religieuse, le peuple de Goma était appelé à descendre dans la rue pour faire valoir son ras-le-bol face à la passivité des soldats de paix des Nations Unies.
Ces hommes, femmes et enfants n’ont même pas eu le temps de marcher qu’une fougue militaire, d’une cruauté sans commune mesure, s’est déchargée sur eux, causant la mort d’une bonne quarantaine, selon le Gouvernement.
La Société civile et des sources indépendantes évoquent plutôt une centaine de morts. Bref, le 30 août 2023, on a assisté à un carnage à Goma, perpétré par des éléments des Forces armées de la RDC qui ont prêté serment de protéger la RDC et son peuple. Ce jour-là, ils se sont détournés de leur serment, tuant à bout portant des gens qu’ils sont censés protéger.
Depuis dimanche, une délégation gouvernementale a été dépêchée à Goma pour s’enquérir de la situation. Les premières responsabilités ont été établies, suivies des arrestations dans les rangs des forces spéciales des FARDC, plus spécialement la Garde républicaine.
Mardi à Goma, l’auditorat militaire de la garnison de Goma a ouvert un procès où sont mis en cause les premiers suspects. On sait comment ça se passe dans ce pays lorsqu’il s’agit d’étouffer une affaire. Les morts injustes ne réclament qu’une chose : que la justice leur soit rendue en condamnant les coupables et leurs commanditaires. Pas question de maquiller les faits en organisant un procès qui va s’éloigner de la vérité.
La meilleure façon de panser les plaies des populations meurtries de Goma est d’établir la vérité en évitant de la dénaturer pour protéger qui que ce soit.

Econews