La désescalade en question

Sans courir le risque de se tromper, il faut reconnaître que le dernier voyage de Félix Tshisekedi à Luanda le 6 juillet ne fut pas une partie de plaisir. Sa rencontre avec son homologue rwandais Paul Kagamé est illustrée d’abord par cette poignée de mains glaciale et ensuite par cette photo où l’on voit les deux frères et amis d’hier regarder chacun dans des directions opposées, les mines renfrognées.
Fini le temps des chaudes accolades; terminées, ces apparitions en public la main dans la main ponctuées de sourires complices.
Mais aussi une pénible médiation genre patate chaude pour João Lourenço, le président angolais obligé bien malgré lui de jouer aux équilibristes entre l’agressé et son agresseur; un exercice dont il se serait bien passé, tant l’équation à résoudre reposait sur des accusations-dénégations inextricables.
Le communiqué final du sommet a accouché d’une ’’Feuille de route’’ dite de Luanda, un chef d’œuvre en matière de langue de bois diplomatique. Construit autour du concept de désescalade, il renvoie dos-à-dos les protagonistes de la crise au Nord-Kivu. Résultat : tant Kinshasa que Kigali peuvent crier à la victoire diplomatique de leurs présidents respectifs, même si aucun compromis ne s’est dégagé autour de l’occupation de Bunagana, encore moins sur une dénonciation sans équivoque de la présence rwandaise en RDC.
La ’’Feuille de route’’ stipule que le M23 doit se retirer de ses positions actuelles. Au même moment, comme un pied de nez, Kagamé lance ses troupes et leurs supplétifs M23 à l’assaut de la base militaire de Rumangabo. Un casse-tête en perspective pour le général angolais à la tête d’un énième mécanisme de vérification qui vient se greffer sur celui, existant, que la RDC partage avec… le Rwanda.
C’est à croire que c’est à juste titre que l’opinion congolaise n’était pas particulièrement enchantée à l’annonce de la tripartite de la capitale angolaise, et qu’elle est la seule à appréhender le caractère méphistophélique de Paul Kagamé. Seule, elle ne s’embarrasse pas des circonlocutions dont l’abreuve la communication officielle.
En définitive, il y eut à Luanda plus de chaleur que de lumière. Un écheveau à démêler par la Commission mixte RDC-Rwanda, le 12 juillet, après une longue léthargie
Touchons du bois !

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