Le mandat de Félix Tshisekedi en quatre scénarios

En 2023, le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, aura rendez-vous avec son peuple pour le bilan de son mandat. Candidat à sa propre succession, le Président de la République jouit d’une marge de manœuvre de deux ans pour rattraper le retard accumulé depuis son accession au pouvoir en janvier 2019. La fin de l’année est souvent le moment et l’occasion de se projeter dans le futur. Voici en quatre scénarios le mandat de Félix Tshisekedi, depuis janvier 2019, jusqu’au prochain round présidentiel de 2023. Candidat à sa propre succession, il ne ménagera aucun effort pour séduire son électorat.

Porté à la Présidence de la République au terme de la présidentielle de décembre 2018, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a déjà consommé trois années de son mandat. Sur papier, il ne lui reste plus que deux ans avant le rendez-vous électoral de décembre 2023. Candidat à sa propre succession, c’est par l’espace Kasaï, que le Chef de l’Etat a commencé son opération de reconquête de l’électorat national.

« Qui veut aller loin, ménage sa monture », rappelle une vieille sagesse. Le mandat de Tshisekedi se résume en quatre scenarios.

2019-2020 : le temps de l’apprentissage

Le début du mandat du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en janvier 2019, a été tumultueux et bruyant. Faute d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale, Tshisekedi s’est vu dans l’obligation de composer avec le Front commun pour le Congo (FCC), la plate-forme politique de son prédécesseur, Joseph Kabila Kabange. Un dur apprentissage qui a impacté les premiers pas de la présidence de Félix Tshisekedi.

Entre le CACH et le FCC, les deux partenaires à la coalition ont vécu au rythme de « je t’aime, moi non plus ». Face à un Gouvernement majoritairement FCC, le Chef de l’Etat jouissait d’une marge de manœuvre trop étroite pour imposer sa vision. A ce titre, il n’a pas su, durant les deux premières années de son mandat, imposer sa marque. Des coups bas et autres croque-en jambes ont rythmé une coalition condamnée forcément à l’implosion.

Le mois de novembre 2020 marque le grand tournant. Le 6 novembre 2020, Tshisekedi s’adresse à la nation et décide de reconsidérer ses rapports avec le FCC. Le ton est lancé. En face, le FCC, qui croit dur comme fer à la solidité de sa majorité au Parlement, ne s’imagine pas encore le grand tsunami qui s’apprête à déferler sur ses rivages.

La fin de l’année 2020 marque le lancement de grandes manœuvres dans le camp présidentiel pour faire basculer les rapports des forces. Le bastion de la résistance se trouve au Parlement. Et c’est par là que Tshisekedi va décider de lancer sa grande offensive politique. La première victoire consacre l’éviction du bureau Mabunda à l’Assemblée nationale. L’onde de choc s’étendra jusqu’au Sénat, balayant sans résistance, le bureau Thambwa Mwamba.

Fin 2020, Tshisekedi a gagné sa bataille. Le FCC est chaos débout Dans les deux chambres du Parlement, la majorité a changé de camp. Sénat et Assemblée nationale rayonnent désormais aux couleurs de l’Union sacrée de la nation.

2021 : la confirmation

L’année 2021 commence dans un nouveau décor. Esseulé et fragilisé, devant un FCC en débandade, le professeur Ilunga Ilunkamba finira par rendre le tablier.

Avec son Union sacrée de la nation (USN), Félix Tshisekedi a de nouvelles cartes entre ses mains. Ici, des partis et autres hommes politiques rejoignent l’USN qui, en fait, n’est qu’une vision du Président de la République. Mais, au regard des personnalités qui en sont devenues membres des analystes restent sceptiques. Nombre d’entre eux croient que l’USN n’est en réalité qu’un assemblage d’opportunistes en mal de positionnement, car versatiles à souhait et friands de la politique du ventre.

Quoi qu’il en soit, avec l’avènement de l’Union sacrée, Félix Tshisekedi a réussi son coup, récupérant l’impérium dont il s’était privé pendant les deux années de la coalition FCC – CACH. 2021 aura véritablement été une année de la confirmation, avec des institutions taillées suivant la vision de l’Union sacrée. Parlement, Gouvernement, Cours et tribunaux, tous sont passés sous pavillon USN.

2022 : l’année du grand ménage

Qu’à cela ne tienne, on ose croire que 2022 ne va pas ressembler aux années antérieures. Les suffrages devant être sollicités pour la présidentielle de 2023, le Président Tshisekedi est obligé de gagner la confiance des Congolais. Ces derniers n’ont pas encore senti la prise en compte de leurs préoccupations dans leur vécu quotidien. Il est temps de traduire le slogan, dit « Le peuple d’abord », dans les faits.

Analystes et observateurs espèrent qu’un grand ménage sera opéré au cours de l’année nouvelle pour planter le décor du grand chambardement. Certaines indiscrétions avancent même que celui-ci pourrait intervenir en janvier, si pas en février.

En ce qui concerne, par exemple, l’Etat de droit, Félix-Antoine Tshisekedi, en pré-campagne dans le Grand Kasaï, a promis la prison à tous les détourneurs avérés de fonds du projet ‘‘Tshilejelu’’ relatif notamment aux infrastructures routières. Les mêmes observateurs espèrent également que cela ne doit pas seulement concerner des menus fretins.

En outre, il faudrait également mettre un terme à la cacophonie qui commence à s’installer au sein du Gouvernement. Le Premier ministre semble ne pas être en phase avec les membres de l’Exécutif national. L’harmonie ferait défaut. Ce qui vient de se passer dans l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) en est la preuve et dépasse tout entendement. Le ministre de tutelle signe un arrêté nommant les membres des comités de gestion de quelques établissements d’enseignement supérieur et universitaire. Et avant, il avait procédé à la fermeture de plusieurs de ces institutions universitaires sans l’aval de chef du Gouvernement. C’est ainsi que ce dernier a pris la mesure de surseoir ces arrêtés.   

De ce côté, il faudrait de l’ordre. Sans occulter d’autres portefeuilles de l’Etat où pratiquement rien ne va, contribuant à paupériser davantage la population et à retarder le développement du pays.

2023 : l’heure du bilan

A tout prendre, s’en remettre aux électeurs en revenant à la base suppose un bilan à présenter. Le peuple n’étant plus dupe, il pourrait rejeter la candidature à la présidentielle sur la base des promesses non réalisées.

En effet, en 2023, année électorale, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, ne sera sûrement pas le seul candidat présidentiel. Pour les deux ans qui lui restent de son mandat, il a encore beaucoup à faire pour convaincre les Congolais de porter leur choix sur lui. C’est dire que la balle est dans son camp.

Le Chef de l’Etat devrait, pour cela, se débarrasser non seulement d’un entourage qui se sert plus qu’il ne sert, mais surtout des bois morts. Et cela tant au niveau de la Présidence de la République que du Gouvernement. Tout en espérant que les changements à apporter à tous les niveaux pourraient améliorer la situation actuelle dans tous les secteurs de la vie nationale.

Après tout, Félix-Antoine Tshisekedi sera seul comptable devant le peuple en 2023. A coup sûr, il ne ménagera aucun effort pour nettoyer les écuries. Il faut placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

En effet, le bilan positif à présenter et à défendre dépendra de la réussite, notamment sur le plan socio-économique. Avec les quelque quarante mois du mandat qui restent, la course contre la montre est déjà engagée.

O. Dioso