Les potentielles alliances de 2023 : Tshisekedi-Bemba-Muzito-Bahati vs Katumbi-Kabila-Fayulu-Matata

A une année et demie des élections générales de 2023, l’heure est à la recomposition des cartes sur l’échiquier politique. Principale force de l’opposition, il y a quelques mois, Lamuka s’est finalement désintégré. Entre Adolphe Muzito et Martin Fayulu, le divorce est consommé. Si le Chef de l’Etat, Félix-Antoien Tshisekedi Tshilombo, ne cache pas sa volonté de rempiler à la magistrature suprême, en face les autres se réorganisent pour lui barrer la route. De part et d’autre, les lignes bougent. Les potentielles alliances se précisent déjà. Rien ne sera statique. Toujours est-il qu’en 2023, personne n’ira seul aux élections. Chacun des prétendants au trône présidentiel cherchera à s’attirer le plus de monde possible pour sortir gagnant d’une présidentielle à un seul tour Décryptage.

Les lignes bougent ! Même si 2023 est encore loin et demeure toujours hypothétique pour organiser des élections crédibles, transparentes, inclusives qui ne donneront pas lieu à des contestations, la scène politique est en pleine recomposition. Des attitudes des uns et des autres indiquent les grandes tendances. Il demeure que des potentielles alliances se sont déjà dessinées.

A l’intérieur de ces alliances en deux blocs qui se constituent, il y aura des candidatures à la présidentielle. Des ambitions ne seront pas étouffées. Bien au contraire, il sera clairement indiqué des candidatures pour gêner et des candidatures pour ramener des voix vers le candidat commun du camp. Dans une élection présidentielle à un tour, il est difficile de projeter les choses de cette manière-là. C’est plutôt, faire preuve de manque de connaissance des mœurs politiques des masses congolaises que de penser que certaines candidatures ne serviraient à rien. Tout entrera dans le cadre d’une stratégie globale.

Selon des observateurs et experts politiques congolais et étrangers, les potentielles alliances se feront autour de deux pôles. Le premier groupe est constitué autour du Président sortant, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. S’étant déjà déclaré candidat Président de la République, il compte rempiler. Pour le camp Tshisekedi, le deuxième mandat est une question de vie ou de mort.

Cependant, s’il lui arrive de conclure que son bilan est mitigé après un sondage interne, Tshisekedi pourra surprendre en ne faisant pas acte de candidature. Une éventualité que très peu d’analystes envisagent, se disant que comme tout dirigeant africain, il cherchera à rempiler.

Dans son camp, il y a aussi Jean-Pierre Bemba qui pourra retrouver son éligibilité à la présidentielle si la révision de la loi électorale est adoptée dans son état actuel. Le leader du MLC a purgé la peine d’une année pour surbonation des témoins à la CPI (Cour pénale internationale). Ce qui est une concession de taille de la part de l’Union sacrée de la nation.

Bemba n’a pas nécessairement besoin de gagner. Il voudra bien se contenter de jouer un rôle important. N’a-t-il pas démontré par le passé qu’il est capable de s’effacer au profit d’un autre? Son mot d’ordre au Grand Equateur peut-être suivi par une majorité de la population.

Un autre présidentiable qui va peser lourdement à la balance, c’est Adolphe Muzito. L’ancien Premier ministre est un politique très habile, capable de réunir le consensus autour de sa personne dans le cadre de cette alliance avec le Président Tshisekedi, Jean-Pierre Bemba et Modeste Bahati. L’implantation de son parti à travers le pays est un atout lors des discussions.

Infatigable négociateur, il est capable de mettre tout le monde d’accord autour de son nom et obtenir le soutien nécessaire. Son bilan à la Primature où il a fait passer le budget de la République de 700 millions de dollars américains à 3,5 milliards USD reste un atout majeur pour consolider les avancées glanées en cette matière par le président Tshisekedi.

En brouille avec son ami de tous les jours depuis Genval, en Suisse, en l’occurrence Martin Fayulu, Adolphe Muzito veut se refaire une santé politique. Depuis quelque temps, il donne des signes évidents de son rapprochement avec le camp Tshisekedi.

Puis vient Bahati Lukuebo Modeste, leader de l’AFDC-A. En réalité, c’est un bon second pour tout le monde. Mais, son poids politique a toujours été mis en doute à cause des résultats contestés des élections de 2018 qui ont été émaillées de fraudes lors de la publication des résultats. Fin tacticien, Modeste Bahati sait toujours rebondir et jouer le premier rôle. Dans les nouvelles alliances, on ne le voit se mettre en marge. Bien au contraire !

L’autre quatuor

De l’autre côté, Moïse Katumbi est quasiment assuré d’obtenir le soutien de l’ancien président Joseph Kabila. Le processus de réconciliation, piloté par l’archevêque de Lubumbashi, est favorablement reçu par la majorité des Katangais. Rassuré par ce soutien, il compte faire bloc et gagner la présidentielle. Mais, des ennuis peuvent toujours être soulevés à un moment inattendu, notamment avec la question de sa nationalité congolaise que le camp Tshisekedi agite avec le concours de la loi sur la « congolité ».

Pour se prémunir contre ces désagréments, il y a l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, qui pourra bénéficier de l’appui de ces autres leaders politiques dans la mesure où lui peut rassurer les uns et les autres avec qui il entretient des relations normales. D’ailleurs, il y a peu, il était vu chez Martin Fayulu. Ce qui était impensable il y a quelques semaines.

Ayant un bilan connu lors de son passage à la Primature, il est capable de fédérer et surtout de faire rêver des Congolais que leur pays serait entre des mains expertes pour un avenir meilleur et sans beaucoup d’incertitudes. Matata Ponyo a toujours donné la garantie de bien tenir la barque.

Le rendez-vous électoral de 2023 est encore loin, mais des labos politiques sont en état d’alerte maximale. Chacun cherche à trouver la composition idéale et la bonne alliance possible pour mieux se positionner dans la course présidentielle de décembre 2023. A moins qu’un probable glissement du calendrier électoral vienne remettre le compteur à zéro.

Econews