Mike Hammer chez Katumbi : un signal fort à Tshisekedi

Pour les Etats-Unis, Moïse Katumbi Chapwe, leader d’Ensemble pour la République, reste un pion majeur dans la politique congolaise. Et son ambassadeur en République Démocratique du Congo, Mike Hammer, le fait savoir, en faisant le déplacement de Kashobwe, village natal de Katumbi, dans la province du Haut-Katanga. Evidemment, l’attitude des Etats-Unis est un message fort envoyé directement au Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. En réalité, Washington n’a jamais rompu les contacts avec Katumbi. Bien au contraire. Vu de Washington, Katumbi reste un pion majeur que les Etats-Unis pourraient agiter – À tout moment d’ailleurs.

L’entreprenant ambassadeur des États-Unis en RDC, Mike Hammer, a effectué une visite à Kashobwe (Haut-Katanga) pour s’entretenir avec le maître des lieux, Moïse Katumbi Chapwe. Cette visite inattendue des observateurs intervient dans un contexte de crise latente entre le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et son allié, l’ancien gouverneur du Katanga et président d’Ensemble pour la République.

Cette crise rampante porte notamment sur la désignation des animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la loi controversée sur la « congolité » qui se propose à ne réserver la fonction présidentielle qu’aux Congolais nés de père et de mère. Ces deux questions ont été érigées en ligne rouge par le populaire ex-gouverneur du Katanga en des termes clairs et sans équivoques.

Lorsque des alliés dans une coalition au pouvoir, l’Union sacrée de la nation (USN), se livrent à des interviews de cette forme, il n’y a aucun doute que quelque chose ne tourne pas rond.

Soutien non caché du régime Tshisekedi, l’ambassadeur américain Mike Hammer a toujours été direct. Il ne fait pas semblant ni ne se livre à un exercice d’équilibriste pour apporter son soutien au Président de la République. Washington, à travers son ambassadeur à Kinshasa, s’est toujours montré attentif et engagé lorsqu’il s’agit d’apporter un soutien à Kinshasa. D’ailleurs, c’est avec enthousiasme que Mike Hammer se livre à un discours de soutien tous azimuts au régime de Kinshasa.

Des interrogations

Plusieurs observateurs s’interrogent sur les raisons cachées de ce déplacement de Mike Hammer vers Katumbi. Pour les uns, cette visite vise à renouer le fil de la concorde entre Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi. Aplanir les divergences serait la raison cachée de cette visite qui se serait déroulée dans une ambiance particulièrement chaleureuse, apprend-on depuis Kashobwe.

Pour d’autres observateurs, c’est un signal fort envoyé à Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo dans la voie de préserver la démocratie et maintenir l’élan qui s’est créé avec l’alternance démocratique de janvier 2019.

Par ce geste, les États-Unis viennent de démontrer au Chef de l’Etat congolais que le soutien institutionnel apporté à son régime n’est pas politique. Ce n’est pas non plus un chèque en blanc.

De Washington, il s’agit d’amener le pouvoir en place à Kinshasa à comprendre qu’il n’y a donc pas de préférence pour un quelconque candidat à la prochaine présidentielle. Le simple fait, pour l’ambassadeur Mike Hammer, de se rendre à Kashobwe est un message fort que Washington n’est pas partie prenante à la politique interne de la République Démocratique du Congo.           C’est dire que les tergiversations dans l’organisation des élections, l’absence de transparence dans le processus électoral et tout ce qui entoure l’organisation des scrutins sérieux serait une condition essentielle.

En tout cas, la position des Etats-Unis n’a pas une ride. De tout temps, Mike Hammer ne cesse de rappeler la position du gouvernement US pour des élections libres, démocratiques et transparentes en 2023 dans les délais, dans les meilleures conditions que celles de 2018.

A l’instar d’Ensemble pour la République, à Washington, la «congolité » est aussi une ligne rouge qu’ils craignent d’ouvrir la spirale à un cycle de violences. Les sénateurs US l’ont clairement rappelé à Kinshasa.

A tout prendre, le camp Tshisekedi est averti. Pour les États-Unis, il n’y aura pas de privilégiés. Tous devront partir sur la même ligne et les compteurs doivent rentrer à la case zéro pour tous les protagonistes aux prochains scrutins de 2023.

Il est vrai que, depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, les Etats-Unis ont sensiblement renforcé leur présence en RDC.

En allant à la rencontre de Katumbi, les Etats-Unis démontrent nettement que le leader d’Ensemble pour la République jouit toujours de leur sympathie. Sur le plan économique et social, Washington soutient plus que jamais les actions de développement initiées par la dynamique paysanne de Kashobwe, tant au niveau de la santé que des activités agricoles.

C’est dire que la visite de Mike Hammer au village natal de Katumbi est un grand signal pour toute la classe politique congolaise en général, particulièrement au Président Félix Tshisekedi.

Washington est d’avis que tout le monde doit participer aux élections et la population congolaise devra pouvoir choisir librement son prochain président en 2023. Multiplier des stratagèmes pour exclure certains candidats gênants est une démarche qui ne trouvera pas du répondant à Washington.

Econews