«Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique» : à Sharm el Sheikh, la BAD repense ses méthodes

C’est en Egypte, au pays des Pharaons, que la Banque africaine de développement (BAD) a choisi de tenir l’édition 2023 de ses assemblées annuelles. Au moment où le monde entier se mobilise dans la lutte contre le réchauffement climatique, le Groupe de la BAD cherche à repenser ses méthodes en plaçant ses assemblées annuelles dans la cité balnéaire de Sharm el Sheikh sous la thème «Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique». Du 22 au 26 mai 2023, des décideurs africains, tant publics que privés, vont réfléchir autour de la BAD sur la meilleure stratégie à mettre en œuvre pour concilier transition économique er croissance économique en Afrique.
L’édition 2023 des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) se tiendra à Sharm el Sheikh, en Egypte, du 22 au 26 mai. Ces assises se composent de la 58e Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement et de la 49e Assemblée annuelle du Fonds africain de développement.
Ces réunions offrent une occasion unique de diffusion des connaissances entre les décideurs de haut niveau en Afrique, les principaux responsables des organismes de développement bilatéraux et multilatéraux, les universitaires de renom et les représentants des organisations non gouvernementales, de la société civile et du secteur privé.
Le thème cette année est «Mobiliser les financements du secteur privé en faveur duclimat et de la croissance verte en Afrique». Il offre aux gouverneurs du Groupe de la Banque un cadre leur permettant de partager leurs expériences, en matière de mobilisation des financements du secteur privé national et international et d’exploitation du capital naturel des pays membres régionaux (PMR), afin de combler le déficit de financement climatique et de promouvoir la transition vers la croissance verte en Afrique. Ce thème offre également, aux gouverneurs, une bonne occasion de discuter des défis auxquels l’Afrique est confrontée pour attirer le financement du secteur privé dans les investissements à faible émission de carbone, ainsi que des politiques pratiques que les gouvernements mènent ou doivent mener pour faire face à ces défis et aux autres risques et obstacles connexes.
Pour donner le coup d’envoi des événements liés au savoir, pendant les Assemblées annuelles 2023 au thème central, la BAD entend réunir des chefs d’État et de gouvernement et des experts mondiaux autour d’un dialogue sur l’évolution de l’architecture financière mondiale et le rôle des banques multilatérales de développement (BMD).
L’événement proposé servira de plateforme, pour mettre en évidence les défis auxquels fait face le multila-téralisme dans sa forme et sa portée actuelles et explorer les possibilités de le remodeler afin de le rendre plus réactif aux menaces existantes et nouvelles – le changement climatique, les conflits et autres formes de fragilité, et les pandémies sanitaires. Les intervenants seront encouragés à explorer les possibilités de mobiliser davantage de ressources pour financer les méga-initiatives internationales telles que l’Agenda 2030, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’Accord de Paris sur le changement climatique, entre autres.
Les discussions devraient également souligner la nécessité et les possibilités de réformer l’architecture financière mondiale et d’assurer une transition du multilatéralisme vers un système plurilatéral – un système plus souple, plus inclusif et plus flexible pour répondre à la nature changeante des défis mondiaux auxquels les pays sont confrontés à l’heure actuelle. Les panels de haut niveau suivants constituent les moments forts de l’évènement le plus important du Groupe de la Banque africaine de développement : Dialogue présidentiel sur le thème «L’évolution de l’architecture financière; Événement lié au savoir de haut niveau en plénière : Lancement des Perspectives économiques en Afrique 2023 sur le thème : Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique; Événement thématique lié au savoir 1 : Tirer parti d’instruments de financement innovants pour attirer les investissements climatiques privés en Afrique; Événement thématique lié au savoir 2 : Exploiter le capital naturel pour financer leclimat et la croissance verte en Afrique; Évènement thématique lié au savoir 3 : Mesures clés pour réaliser une croissance inclusive et un développement durable en Afrique; La conférence de presse du président de la Banque, Akinwumni Adesina.
CONTEXTE
L’Afrique a connu des risques et des chocs climatiques, ainsi que d’autres phénomènes météorologiques extrêmes récurrents, au cours des deux dernières décennies. Au total, 1.311 catastrophes liées à des conditions météorologiques extrêmes et au changement climatique ont été enregistrées sur le continent en 2020 et 2021, dont 99 inondations, 16 tempêtes, 14 sécheresses et 2 incendies de forêt. En particulier, le nombre d’inondations en Afrique a été multiplié par cinq, depuis les années 90, et les inondations sont devenues plus graves qu’auparavant. Par exemple, des données récentes montrent que les inondations qui se sont produites en 2020 dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Est, le Soudan et le Kenya étant les plus touchés, ont été dévastatrices, causant des pertes en vies humaines et des dégâts écologiques et économiques considérables : 285 décès ont été signalés au Kenya, et 155 décès et plus de 800.000 personnes touchées au Soudan. Les inondations ont également causé d’importants problèmes de santé, en raison de la propagation de maladies d’origine hydrique.
On estime que l’Afrique a perdu, chaque année, quelque 5 à 15 %3 de la croissance de son PIB par habitant, entre 1986 et 2015, en raison des risques liés au changement climatique. Malgré sa faible contribution au réchauffement de la planète, le continent a continué à souffrir de manière disproportionnée des catastrophes naturelles liées au climat, notamment les sécheresses, la désertification, les inondations, les cyclones tropicaux, les stress thermiques et les déficits hydriques, entre autres. En outre, en l’absence de politiques solides en matière de changement climatique, les projections montrent que l’Afrique pourrait perdre entre 2 % et 12 % de son PIB à l’horizon 2100, selon les scénarios de réchauffement climatique, contre moins de 1 % pour les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni, ou entre 1 % et 5 % pour la Chine.
La lutte contre le changement climatique et la promotion d’une transition verte sont donc fondamentales pour le développement durable de l’Afrique. Mais cela nécessitera la mobilisation de ressources importantes. Selon les PEA 2022, entre 1.300 et 1.600 milliards d’USD sont nécessaires, sur la période 2020-2030, pour mettre en œuvre l’action climatique de l’Afrique telle qu’exprimée dans les contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays. Par rapport aux flux de financement climatique reçus chaque année par l’Afrique, un déficit de financement climatique pouvant atteindre 127,2 milliards d’USD par an subsistera jusqu’en 2030, si ces tendances se maintiennent. Avec la promesse non matérialisée de mobiliser et de fournir 100 milliards d’USD de financement climatique par les pays développés, et les contraintes budgétaires lourdes dans la plupart des pays africains davantage exacerbées par la pandémie de COVID-19 et l’invasion en cours de l’Ukraine par la Russie, d’autres sources de financement sont nécessaires pour le changement climatique et la croissance verte.
Le besoin urgent de mobiliser d’autres sources de financement pour le changement climatique et la croissance verte en Afrique – en particulier en tirant parti du secteur privé national et international et en exploitant l’énorme capital naturel du continent, a éclairé le choix du thème approuvé pour les Assemblées annuelles de 2023 et les événements liés au savoir prévus. Ce thème permettra à la Banque de jouer un rôle mobilisateur et de leader d’opinion sur les deux questions que sont le changement climatique et la transition vers une croissance verte.
Faustin K.
Depuis Sharm el Sheikh (Egypte)

734 62