«Nini tosali te » : plus qu’une chanson, un appel au «changement de narratif »

A peine lancé sur la toile, le vendredi 5 novembre 2021, le tube «Nini tosali te », du groupe kinois de rap, MPR (Musique populaire de la révolution », suscite un débat qui s’est étendu jusqu’au plus niveau de l’État. Le Président de la République, le Premier ministre et plusieurs membres du Gouvernement ont pris le temps d’écouter cette chanson et de suivre son clip officiel balancé sur You Tube. Tous se sentent interpellés.

Si les éloges fusent, se félicitant du talent de ces jeunes qui ont peint, en moins de cinq minutes, la situation générale du pays depuis son indépendance, tout le monde est d’avis que, plus qu’une chanson de divertissement, «Nini tosali te» est une interpellation à l’éveil collectif.

Depuis Bruxelles, où il a animé une conférence de presse aux côtés de Kasongo Mwema, porte-parole du Chef de l’Etat, et Eric Nyindu, directeur de la communication à la Présidence de la République, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, qui jette des fleurs au groupe MPR, considère cette chanson comme « une interpellation des jeunes pour que l’État fasse davantage et l’État le fera ». 

Dans une chronique, Omer Nsongo die Lema, de la direction de communication de la Présidence de la République, balaie tout amalgame et considère que cette chanson ne vise pas directement le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi. Avant de boucler sa chronique : « Honni soit mal qui y pense ! »

Patrick Muyaya : « C’est une interpellation des jeunes pour que l’État fasse davantage et l’État le fera »

Lors d’une conférence de presse, le lundi 8 novembre à Bruxelles (Belgique), le porte-parole du Président de la République, Kasongo Mwema, a répondu à la question de savoir ce que pense, le Chef de l’État Félix Tshisekedi au sujet du nouvel opus du groupe MPR «Nini tosali te» qui est sur toutes les lèvres.

Kasongo Mwema affirme que le président Tshisekedi a une oreille attentive aux cris de détresse lancés par ces jeunes dans cette chanson. Cependant, il indique que le gouvernement ne peut travailler qu’avec les moyens à disposition.

«Le président de la République est quelqu’un qui écoute beaucoup. De toute façon, ce que les jeunes ont exprimé, c’est ce que Monsieur et Madame de la rue, tout le monde exprime directement lorsqu’on a l’occasion de l’écouter. Ils ont une oreille vraiment attentive de la part du président de la République, c’est quelqu’un qui n’esquive aucune question. Lorsque vous allez lui exprimer ce que vous vivez, ce que vous ressentez, il vous écoute. Maintenant nous ne pouvons travailler qu’avec ce que nous avons à disposition. Il se bat jour et nuit pour donner au gouvernement les moyens de la politique qu’il voudrait imprimer dans notre pays», a-t-il déclaré.

Pour le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, la chanson «Nini to sali te» s’inscrit dans la logique d’une jeunesse qui se plaint de la situation générale du pays.

«Je fais partie de cette jeunesse mais aujourd’hui si je suis arrivé à me faire élire et à être là où je suis, c’est parce qu’au-delà de ce qu’il y avait dans notre société, j’ai travaillé, j’ai tenu, j’ai avancé. La vérité, c’est que nous vivons depuis des décennies dans un contexte d’abandon général et donc le message des jeunes qui est perçu là-dedans, c’est com-me un message de désespoir pour dire ‘Nini to sali te,’ mais en réalité et à ma compréhension ceci ne veut pas dire «Totika kosala», traduit en français (Ndlr: Que nous devons arrêter de faire), ça veut dire que ce n’est pas parce qu’on a fait hier et ça n’a pas marché qu’on ne doit plus faire demain», a argué Patrick Muyaya.

«On ne se considère pas spécifiquement ciblé»

Par ailleurs, Patrick Muyaya estime que cette chanson ne vise pas spécifiquement une personne, au contraire, elle est une interpellation des jeunes pour que l’État fasse davantage. Il assure d’ailleurs avoir été très touché, ensemble avec le premier ministre Jean-Michel Sama en écoutant cette chanson.

«Moi qui vous parle, j’ai fait une année en architecture, une année à l’école des finances et puis, j’ai fini journaliste. Ça veut dire qu’à un moment donné, par rapport aux contextes du pays, on essaie à gauche, si ça ne marche pas, on essaie à droite.

Ce qu’il faut, c’est ne jamais renoncer. Je crois que c’est ça le message que nous allons adresser à notre jeunesse et d’ailleurs j’ai partagé le clip avec le Premier ministre, lui comme moi, nous sommes de la même génération, on s’est senti touché comme autorités mais nous, on ne sera jamais comme avant, on va tout nous reprocher, mais on ne pourra pas, nous venons de commencer le changement et ce travail du changement prendra justement du temps parce que les solutions se construisent. Ce n’est jamais une génération spontanée. On ne se considère pas spécifiquement ciblé par cette chanson, en tout cas ce n’est pas une affaire personnelle, c’est une interpellation des jeunes pour que l’État fasse davantage et l’État le fera », a ajouté le ministre de la Communication et des Médias. Avant de conclure : « La vérité est que nous vivons depuis des décennies dans un contexte d’abandon général, donc le message de jeunes qui est perçu là-dedans est un message de désespoir pour dire que «Nini tosali te».

La chanson du groupe Musique Populaire de la Révolution (MPR), «Nini tosali te» fait buzz dans le pays et au-delà des frontières. Retraçant les réalités du pays auxquelles la jeunesse fait face, manque d’emploi et autres, le duo «Yuma Dash et Zozo Machine » se pose en alarmiste avec des larmes de mots qui peignent un tableau larmoyant d’une jeunesse qui se cherche, encore et encore.

Yuma Dash et Zozo Machine parlent de jeunes congolais. Leur réalité. Surtout leur ras-le-bol. Dans cette chanson aussi poignante, les artistes tentent de traduire en mieux tout ce qui ronge la jeunesse congolaise.

Econews Avec Politico.cd