Nord-Kivu : après les manifestations hostiles à la Monusco, l’heure est à la désescalade

Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et d’autres villes telles que Beni et Butembo ont été le théâtre, lundi et mardi, de manifestations hostiles à la présence de la mission des Nations Unies. A Kinshasa, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a convoqué en urgence mardi une réunion pour faire le point de la situation. Entre le Gouvernement et la Monusco, tous se sont engagés à s’inscrire dans la voie de la désescalade. Un appel au calme a été lancé. De même, les deux parties se sont engagées à poursuivre la mise en œuvre du Plan de transition adopté de commun accord en 2021.
Après deux jours des manifestations hostiles de la population contre la présence de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco), dans le Nord-Kivu, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a présidé, le mardi 26 juillet 2022 à la Primature, une réunion d’urgence à laquelle ont pris part le Représentant spécial intérimaire du secrétaire général des Nations Unies, le directeur des affaires politiques des Nations Unies en RDC, le coordonnateur des affaires humanitaires et le directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, la vice-ministre de la Défense ainsi que le ministre de la Communication et Médias ainsi que des membres du cabinet du Premier ministre.
A en croire le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, qui a fait le point devant la presse, cette réunion d’urgence était une occasion pour le chef du Gouvernement ainsi que tous les responsables des Nations Unies de faire le point sur la situation, au regard non seulement des dégâts humains et matériels importants causés, mais aussi et surtout au regard du plan de transition consacrant le retrait progressif de la Monusco du territoire de la République Démocratique du Congo. 
«Vous savez que depuis hier, il y a eu des manifestations hostiles à la Monusco à Goma et que la situation était suivie de très près par le Président de la République lui-même et le Premier ministre. Aujourd’hui, à la fin de la journée, il était important que l’on puisse réunir les responsables de la mission qui sont nos partenaires dans le travail pour le retour de la paix, notamment dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Mais malheureusement, il y a eu des morts, 15 au total : 12 du côté congolais et 3 du côté des casques bleus et des dégâts matériels importants. Le plus urgent au cours de cette réunion, c’était des dispositions qui sont en cours et qui doivent être prises parce que nous, Gouvernement de la RDC, nous avons le devoir, conformément à l’accord de siège qui nous lie avec les Nations Unies, d’assurer la sécurité des installations de la Monusco et de son personnel. C’est sur quoi nos éléments de la Police et de l’armée s’attèlent depuis hier d’ailleurs. Et jusqu’à ce matin, ça s’est poursuivi et nous pensons que cela doit se faire encore davantage. Et donc, c’est à ce niveau qu’on devrait échanger avec les responsables de la Monusco pour prendre des mesures urgentes et qu’au retour attendu de Mme Bintou dans les prochains jours, nous pourrons avoir un dialogue plus étendu sur le travail que nous faisons déjà. Vous savez qu’on a déjà amorcé le processus du retrait de la Monusco », a déclaré en substance Patrick Muyaya.

Appel au calme
Convaincu que la violence n’est pas la voie idéale pour le retour d’une paix durable dans les trois provinces meurtries (Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri), les deux parties ont lancé un appel au calme. 
«Le message essentiel, c’est de lancer un appel au calme. Rien ne peut justifier la violence, rien ne peut justifier d’aucune manière une quelconque forme d’attaque sur les installations de la MONUSCO. Nous voulons dissuader ceux qui, parce que nous avons notamment les éléments d’informations qui renseignent qu’il y a des personnes qui veulent s’en prendre à tout le personnel de la Monusco. Il ne faut pas tomber dans l’amalgame. Il ne faut pas se tromper d’ennemis. Parce qu’au sein de la Monusco, il y a non seulement des étrangers, mais aussi des compatriotes congolais », a souligné le porte-parole du Gouvernement qui annonce en outre que les enquêtes judiciaires sont en cours pour dégager les responsabilités.
Au regard du Plan de transition pour le retrait de la Monusco de la RDC telle que la population l’exige, le Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations unies a.i. a souligné la nécessité de travailler avec les autorités congolaises pour voir ensemble des éléments qu’il faut renforcer, tout en tenant compte de la situation sur le terrain.
«Je voudrais, au nom de mes collègues qui m’accompagnent, au nom de la Représentante spéciale, remercier le Gouvernement, le Premier Ministre qui vient de nous réunir avec quelques membres du cabinet pour faire le point sur la situation sécuritaire qui prévaut en ce moment dans l’Est et encore une fois réitérer notre entière disponibilité à travailler avec le Gouvernement pour tirer la lumière sur ces faits. Mais en même temps rappeler, comme l’a dit le ministre, que la Monusco est ici en soutien aux autorités congolaises pour essayer de stabiliser les zones encore occupées par les groupes armés. Dans ce soutien, il faut un partenariat fort. Il nous faut travailler dans la cohérence, dans l’harmonie. Comme l’a souligné le ministre, nous avons un plan de transition. Il nous faudra donc nous retrouver pour regarder dans ce plan de transition, quels sont les éléments qu’il faudra accentuer, des éléments qu’il faudra améliorer. Mais, je peux vous assurer de l’entière disponibilité du système des Nations Unies pour accompagner les efforts du gouvernement congolais », a dit Khassim Diagne.
Pour rappel, des manifestations hostiles à la présence de la Monusco en RDC ont été observées ces deux jours dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, et dans d’autres villes de cette province. La population exige le retrait de la mission onusienne du territoire de la République Démocratique du Congo suite à la persistance des massacres perpétrés par les forces négatives dans la région. 
Celcom/Primature