Nouvelle hausse des prix de carburant à la pompe : forte pression sur le Gouvernement

A Kinshasa, on pourrait assister bientôt à de longues files d’attente devant les stations-services

Sur le marché des produits pétroliers, le Gouvernement a encore du pain sur la planche. Alors que le prix du baril flambe sur le marché international, les pétroliers distributeurs ont accentué la pression sur le Gouvernement pour un nouveau réajustement du prix du carburant à la pompe. D’ores et déjà, au niveau de différentes stations-services de la ville de Kinshasa, en particulier, la pratique est au rationnement, en attendant la réponse du Gouvernement aux revendications des pétroliers distributeurs.

Un nouveau réajustement des prix de carburant à la pompe est en téléchargement au niveau du Gouvernement. Des sources proches du ministère de l’Economie nationale rapportent que des négociations ont été ouvertes pour arriver à un compromis. D’ores et déjà, au niveau des stations-services, les pétroliers distributeurs sont passés en mode rationnement, obligeant les automobilistes à ne pas dépasser un quota aussi bien dans l’approvisionnement en essence qu’en gasoil.

Intervenant sur la radio Top Congo Fm, les pétroliers se justifient. «Il faut actualiser les paramètres dans la structure des prix», a dit leur délégué, Emery Mbatshi, rappelant que le Gouvernement doit aussi «payer le manque à gagner à temps».

Craignant que la panique gagne le marché, le président de l’Association des pétroliers de la RDC note que «l’actualisation ne signifie pas nécessairement une augmentation du prix à la pompe». Toutefois, il reconnaît la complexité de la tâche : «Nous sommes dans un secteur hautement stratégique. Il faut éviter des alertes ».

La balle, admet-il, se trouve dans le camp du Gouvernement, seul habilité à revoir la structure des prix du carburant à la pompe. « On peut maintenir les prix inchangés à la pompe en voyant dans la composition de la structure des prix, où on peut grignoter », préconise-t-il, estimant qu’il y a déjà de graves «soucis de réapprovisionnement » dans les rangs des pétroliers. Et d’ajouter : «Nous vendons à perte quand la partie prise en charge n’est pas rapidement compensée».

Si les pétroliers distributeurs continuent à se plaindre du retard dans le paiement du manque à gagner qui leur est dû, vendredi dernier en Conseil des ministres, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a annoncé que les subventions de prix des produits pétroliers à la pompe, déjà versés aux pétroliers, étaient de l’ordre de 58,2 millions USD en juin 2022. Ce qui, apparemment, serait encore loin des attentes de l’Association des pétroliers distributeurs.

Plusieurs acteurs du marché pétrolier prévoient une hausse des cours, qui évoluent ces derniers jours au-dessus des 120 USD, en raison d’une offre mondiale qui peine à répondre à la demande, qui pourrait reculer en fin d’année.

Le prix du baril de pétrole brut va atteindre 150 USD, voire plus, dans les six prochains mois. Un niveau par conséquent supérieur au record de juillet 2008 où il a flirté avec les 148 USD ! Ce pronostic sombre n’est pas formulé par n’importe qui, mais par Jeremy Weir, PDG de Trafigura, l’un des plus importants négociants de matières premières au monde, en particulier de pétrole.

Un tel niveau constituerait une hausse de quelque 22% par rapport au cours actuel du Brent, qui évoluait en fin de matinée au-dessus des 123 dollars us le baril, tandis que celui de WTI se situait sous les 122 dollars us.

«Nous sommes dans une situation critique», a-t-il indiqué lors d’un débat organisé récemment par le Financial Times. Avec l’enlisement de la guerre en Ukraine, ce n’est pas de si tôt que le marché du brut va retrouver la stabilité. Ce qui va certainement se répercuter sur les prix du carburant à la pompe.

Pour le cas spécifique, on est déjà au troisième réajustement des prix du carburant depuis le déclenchement en février dernier de la guerre en Ukraine. Autrement dit, le pire est devant nous.

Francis M.