Ouverture du forum de Rabat sur la réduction des coûts de transferts de fonds de la Diaspora africaine

L’importance des envois de la diaspora africaine dans l’économie de leurs pays et dans le quotidien des ménages n’est plus à démontrer. Cependant, les coûts de ces transferts demeurent exorbitants au niveau du continent. Un forum s’est ouvert jeudi à Rabat (Maroc) pour débattre des solutions innovantes en vue de la réduction des coûts des transferts de la diaspora africaine.
Coprésidés par le Maroc et le Togo, le Forum, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’agenda 2021-2031 sur «les racines africaines et la diaspora africaine», vise à mener une réflexion d’ensemble sur les leviers et mesures à même de soutenir la dynamique des flux de transferts de fonds de la diaspora africaine tout en accélérant les efforts de réduction des coûts y associés, pour s’aligner sur les Objectifs de développement durable de 2030 (ODD) et l’objectif 20 du Pacte Mondial pour des Migrations sûres, ordonnées et régulières (rendre les envois de fonds plus rapides, plus sûrs et moins coûteux et favoriser l’inclusion financière des migrants).

Le Togo appelle à des solutions innovantes
Dans son allocution d’ouverture de ce conclave, marqué par la présence de directeurs de banques centrales africaines et d’experts africains, le ministre des Affaires étrangères, de l’intégration régionale et des Togolais de l’extérieur, a mis l’accent sur l’importance des envois de la diaspora africaine dans l’économie de leurs pays et dans le quotidien des ménages, rappelant que les transferts monétaires vers le continent se sont élevés à 85 milliards de dollars en 2019 et 78,4 milliards de dollars en 2020 et représentent une contribution moyenne comprise entre 7 et 10% du PIB de les différents pays africains.
Ces transferts, fait savoir le chef de la diplomatie togolaise, représentent plus de 20% du PIB de certains pays comme le Cap Vert, la Gambie et le Lesotho. Au Togo les transferts financiers représentent entre 8% et 10% du PIB.
Selon le dernier rapport de la banque mondiale, les envois des fonds des migrants africains vers leurs pays d’origine ont connu une augmentation de 6,2%. Les principaux pays bénéficiaires sont le Nigeria, le Ghana, le Kenya et le Sénégal.
Selon lui, ces transferts sont astreints à des taux exorbitants et les retenues pratiquées par les organismes de transfert peuvent, selon certaines études, atteindre 15% représentant ainsi quelque 1,6 milliard d’euros de manque à gagner pour le continent africain.
«Cette situation est déplorable et va à l’encontre des objectifs de développement durable et de l’agenda 2063 de l’Union africaine », a-t-il relevé.
Pour y remédier, le ministre togolais recommande de mener des réflexions approfondies pour trouver des approches de solutions innovantes à même de répondre au besoin d’optimisation des transferts de fonds de la diaspora. Pour lui, il est impératif de mettre en place des infrastructures adéquates et renforcer les cadres réglementaires favorables à ces actions. «Nous devons aussi agir en synergie et nous inspirer des bonnes pratiques existantes en la matière sur le continent ou ailleurs, pour plus d’efficacité», a plaidé le ministre togolais.
Aussi, a-t-il lancé, au nom de son pays, un appel aux Etats africains pour qu’ils conviennent «d’un cadre et d’une procédure pour engager très rapidement des négociations formelles avec les principales agences de transfert de fonds afin de les amener à réduire les coûts de leurs prestations».

«Le coût des transferts de la diaspora africaine est le plus élevé au monde»
«Le coût des transferts de la diaspora africaine est le plus élevé au monde avec un taux de 8% », a indiqué le Ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita lors de son allocution d’ouverture du Forum de Rabat sur la Réduction des coûts de transferts de fonds de la Diaspora africaine.
Le Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita a prononcé une allocution, aujourd’hui, lors de la cérémonie d’ouverture du Forum de Rabat sur la Réduction des coûts de transferts de fonds de la Diaspora africaine. Il a indiqué, à cette occasion, que les transferts de la diaspora africaine sont les plus chers au monde avec un taux de 8%, notant que cela demeure «élevé et source de frustration» si on le compare au 6% d’autres régions et au 3% fixé par l’Objectif de Développement Durable n°10 des Nations Unies».
Le chef de la diplomatie marocaine a rappelé que «la Diaspora est la 6ème région africaine, soulignant qu’elle constitue un vecteur de développement socio-économique, avec 100 milliards USD en 2021 dont 10 milliards USD pour le Maroc, ainsi qu’un pourvoyeur de fonds et de stabilité macro-économique et une source fiable pour les économies africaines ».
Par ailleurs, le ministre a salué la relation entre le Maroc et le Togo, notant que «ce forum consacre non seulement l’amitié dense entre les deux pays mais confirme aussi une complémentarité des mandats entre S.M. le Roi, Leader de l’UA sur la Migration, et le Président togolais, président du Haut Comité de la Décennie des Racines et de la Diaspora africaines ». Et d’ajouter : «Partant de la Vision Royale d’une migration africaine porteuse d’opportunités pour l’Afrique et pour ses partenaires, l’on doit s’interroger d’abord sur ce que l’Afrique peut faire pour la Diaspora avant de demander ce qu’elle peut faire, elle, pour l’Afrique ».
Et d’enchainer : «Ce forum vise à identifier les pistes qui guideront les travaux du Haut comité et sera l’occasion de discuter de questions clés comme l’apport des nouvelles technologies pour la réduction des coûts de transfert ou encore la pertinence du cadre réglementaire actuel. Cette initiative pertinente traduit en actes la convergence des approches. Il est dans ce sens fondamental de traduire la volonté politique en politique volontariste et de sortir du plaidoyer pour traiter les questions liées au transfert de fonds de la Diaspora ».
Ce forum constitue l’un des projets prioritaires du plan d’action de la décennie des racines africaines et de la diaspora africaine. Cette décision, qui intervient sur proposition du Togo, a pour objectif de replacer les diasporas africaines et les afro-descendants au cœur des priorités des instances de l’organisation continentale et de ses États membres, vise à mobiliser et à canaliser les contributions des Africains vivant à l’extérieur en vue de la réalisation des programmes de développement du continent.
En réduisant de manière substantielle les frais de transferts, d’importantes ressources financières pourraient être dégagées chaque année au profit des ménages les plus vulnérables et orientées vers des investissements productifs créateurs d’emplois.
Afin de parvenir à des solutions pratiques, les sessions de cet évènement se focaliseront sur la proposition de nouveaux modèles/canaux innovants, digitaux et inclusifs et la mise en place d’infrastructures adéquates et de cadres réglementaires favorables, ainsi que la mise en place d’une cartographie au sein de la diaspora africaine dans le monde, y compris dans les compétences, de manière à optimiser et renforcer son implication dans le développement socio-économique de leurs pays d’origine.
Les participants s’attè-leront également à l’étude de la mise en place d’une plate-forme e-business qui permettra de mettre en lien la diaspora africaine avec les investisseurs/porteurs de projets et créer un effet d’émulation en capitalisant sur les success stories des migrants africains. L’objectif est de canaliser les flux financiers des diasporas vers l’économie formelle et faire appel à l’expertise des ressortissants africains pour élaborer des modèles d’implication financière innovants.

Avec AFP