Polémique autour de la réhabilitation d’Atou Matubuana : ça sent le roussi

Déchu et remplacé à titre intérimaire par Justin Luemba, vice-gouverneur, Atou Matubuana, l’ex-gouverneur de la province du Kongo central, est aujourd’hui au centre d’une polémique entre la justice et le gouvernement. Fort de  son ordonnance réhabilitant l’intéressé dans ses fonctions de chef de l’Exécutif provincial, le Conseil d’Etat soutient que l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs prévue pour les provinces à problème ne concerne pas le Kongo central. Ce qui n’est certainement  pas de l’avis du gouvernement qui, pour des raisons de contraintes administratives, a seulement décidé du report de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs. Ensuite, à moins d’un oubli, il n’a encore reçu aucune notification de la part du Conseil d’Etat. Par conséquent, le gouvernement continue à compter quatorze provinces à problème où seront organisés, dans un mois, l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs. En outre,  faisant l’état de la nation lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, le vice-ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumière n’a même pas évoqué le problème de réhabilitation du gouverneur de la province du Kongo central soulevé par le Conseil d’Etat.

Atou Matubuana reprendra-t-il son fauteuil de chef de l’exécutif provincial du Kongo central ? L’opinion pourra être  fixée là-dessus dans les tout prochains jours. Car, en reportant pour un mois le processus électoral et en maintenant le nombre de quatorze provinces à problème, y compris le Kongo central, le gouvernement ne semble pas être officiellement saisi de l’ordonnance de réhabilitation de l’intéressé révélée, samedi 30 octobre 2021 par le  directeur de cabinet du président du Conseil d’Etat, Noël Botakile.

Pour ce dernier, la province du Kongo central n’est plus concernée par l’élection au sein du gouvernorat. Il estime que la confusion a été créée suite à la publication du calendrier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) incluant le Kongo central. «Toute décision de la centrale électorale qui irait à l’encontre de l’ordonnance réhabilitant  Atou Matubuana sera jugée illégale et sans fondement juridique». Et d’ajouter : «Les décisions de la CENI après l’ordonnance du Conseil d’Etat seront confrontées et jugées illégales. Cela veut dire que son calendrier électoral est partiellement annulé pour le Kongo central. Dans le cas contraire, tous les contentieux qui viendraient des actes pris par la CENI après l’ordonnance du Conseil d’Etat seront donc nuls et sans fondement juridique », a martelé Noël Botakile.

Un recadrage s’impose

Bon nombre d’observateurs qualifient de  menaçant le ton pris par le directeur de cabinet du président du Conseil d’Etat en clarifiant l’ordonnance qui réhabilite Atou Matubuana dans ses fonctions de gouverneur.

Et pourtant, la décision d’organiser l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs dans des provinces à problème a été prise par le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors  d’un conseil des ministres.

L’instruction lui donnée étant force de loi, le Vice-premier, ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation  et Affaires coutumières est passée à l’application, tout en incluant le Kongo central parmi les quatorze provinces à problème compte tenu du climat malsain qui règne dans cette juridiction depuis 2019. Quant à la CENI, sa mission n’est autre que d’organiser l’élection tant sur le plan matériel que technique.

Face à cette situation pratiquement conflictuelle autour de l’élection au gouvernorat de la province du Kongo central, le gouvernement doit, le plus rapidement possible, recadrer les choses. Car, des informations en notre possession, il ressort que l’ordonnance du Conseil d’Etat défraie la chronique dans cette juridiction depuis le week-end dernier. Et pourtant, partisan de la paix, le Président de la République tient au rétablissement de l’ordre dans le pays.

C’est dans cette optique d’ailleurs  qu’il a instruit le vice-premier ministre, ministre en charge de l’Intérieur, à organiser l’élection dans quatorze provinces à problème.

Véron Kongo