Présidentiable en décembre 2023, Sesanga a conquis le Maï-ndombe et le Kwilu

Après une tournée dans les provinces du Sud et de l’Est, Delly Sesanga, leader d’ENVOL et candidat à la présidentielle de décembre prochain, est allé à l’assaut de deux provinces démembrées du Bandundu, en l’occurrence le Maï-ndombe et le Kwilu. Communion parfaite avec une base visiblement acquise à sa cause. Aux populations de ces deux provinces, Sesanga a lancé : « Accordez-moi vos suffrages, je sais où le pays a péché ».
La présidentielle de décembre 2023 est un jeu largement ouvert où chaque prétendant au trône pour tirer son épingle du jeu. C’est loin de Kinshasa, dans le Congo profond, que Delly Sesanga, leader du parti politique ENVOL, forge sa stature de présidentiable. Candidat à la présidentielle de cette fin d’année, Delly Sesanga a commencé par l’intérieur du pays pour élargir ses soutiens. Après le succès du dernier périple qui l’a amené dans les provinces de l’Est et du Sud (Lualaba, Haut-Katanga, Nord-Kivu, Ituri et Tshopo), le leader d’ENVOL a mis le cap sur deux provinces démembrées du Bandundu (Maï-ndombe et Kwilu), porteur d’un seul message : la refondation de la République Démocratique du Congo.
Sur place, il a partagé sa vision de la refondation de la RDC, faisant part aux peuples de Maï-ndombe et du Kwilu de son projet de société, une fois porté à la magistrature suprême.
«Nous avons proposé un projet de société et je me suis dit je veux aller à l’élection présidentielle comme candidat président de la République, pas parce que je considère que je suis un homme providentiel, non. Non plus parce que je suis magicien, non. Je veux aller à l’élection présidentielle parce que j’aime le Congo, j’aime ce peuple, mais par-dessus tout je connais le pays, je connais son histoire, sa géographie, je connais notre diversité et je sais où est-ce que nous avons péché », a déclaré Delly Sesanga à l’issue de sa tournée.
Il fonde sa conviction sur la nécessité de renouveler le leadership à la tête de la RDC : « Depuis 1960, nous avons mis à la tête du pays des gens qui sont venus, se sont débrouillés, qui ont bricolé, mais généralement qui n’étaient pas préparés à la tâche, donc qui n’avaient pas l’expérience ».
Le leader d’ENVOL ne se gêne pas de dire que l’UDPS, fille ainée de l’opposition congolaise, a lamentablement échoué, après 37 ans d’un combat qui a finalement étalé au grand jour ses limites. : « L’UDPS a passé tout son temps à vilipender tout le monde, à dire que quand il va arriver au pouvoir le robinet qu’il ouvrira couleront le lait et le miel. Le pays va être reconstruit, le droit de l’homme aura droit de cité, on va fermer tous les cachots de l’ANR, il y aura la paix, l’Etat de droit, le peuple d’abord. Mais plutôt que le peuple d’abord, on a vu les dirigeants et leurs centres d’abord. Et le peuple a été oublié ».
Même si son parti, ENVOL, reste dubitatif sur la capacité de la Céni de Denis Kadima à réussir le pari d’organiser les élections en décembre, Delly Sesanga ne veut pas jouer aux abonnés absents : « Nous allons aux élections pour tirer le pays de ce gouffre ».

Guidé par l’amour du Congo
Il clame tout haut son leitmotiv : « Je suis un amoureux du Congo, je crois fermement en ce pays, j’ai toujours l’âme fendue de voir que très peu de Congolais ne croient pas dans leur pays ». Avant de révéler ce qui l’a poussé à se lancer à la présidentielle : «Le jour où j’ai entendu le Président de la République, celui-là même qui est censé être le garant de cette nation, dire – je crois qu’il était à Lodja – qu’il n’y a plus rien à tirer du pays pourtant nous les voyons s’enrichir les uns les autres chaque jour sur le dos de la pauvre population, ce jour-là moi qui crois dans ce pays, j’avais le cœur brisé…».
Aussi s’attête-t-il à vendre son projet de refondation du Congo qui «vise justement à arrêter ce désespoir, à réinviter la population à voir ce qui n’a pas marché, en nous regardant dans les yeux en faisant ce qui est nécessaire pour que ce pays marche».
Selon lui, ce projet répond à un impératif : «Nous n’avons plus d’Etat qui fonctionne, plus d’administration qui tienne, plus de justice, les populations souffrent. Bref, c’est la souffrance en continu. Et pourtant nous avons un pays qui est merveilleux. Les gens nous en parlent. Nous avons tout ce qu’il faut pour avoir une vie heureuse. Nous avons l’eau, les terres, les minerais. Mais au-delà de tout ça, nous avons des femmes et des hommes qui ont des cerveaux et des bras et qui sont capables de relever ce pays. La seule chose qui nous manque, à mon sens, c’est d’avoir de bons dirigeants. Nous n’avons pas de bons dirigeants. Et un peuple qui n’a pas de dirigeants est un peuple perdu, parce qu’en réalité, ce sont les dirigeants qui montrent la voie. Mais les dirigeants dans notre pays ont failli à cette mission. Nous avons failli à cette mission parce que depuis 1960, nous n’avons pas réalisé que, même si nous avions des raisons de combattre la colonisation, le Congo est un pays qui a été construit par le travail, c’est un pays qui a été construit dans l’ordre, dans une certaine discipline. La seule chose, ce que ce pays était exploité pour les intérêts des autres et non pas l’intérêt des Congolais. L’équation que nous avions, ce n’était pas de casser le pays, mais c’était de faire de sorte que désormais le pays fonctionne pour l’intérêt des Congolais. Et ça nous n’arrivons pas à le faire. Nous avons cassé nos forêts, vendu nos terres, ça veut dire que nous n’avons aucune mesure de là où il faut arrêter… ».
A tout prendre, Delly Sesanga a conquis le Maï-ndombe et le Kwilu. De fil en aiguille, il tisse sa toile et élargit son aura d’un présidentiable à prendre au sérieux aux prochaines échéances électorales.

Hugo Tamusa