Probable éviction de Kabuya à la tête de l’UDPS : Simon Kalenga clôt le débat, «Wakwenda et sa clique sont des marginaux qui se nourrissent de phobies»

Augustin Kabuya reste indéboulonnable aux commandes de l’UDPS

Devant le siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à la 10ème Rue à Limete, tout est calme en ce début de semaine. Hormis quelques groupes de mototaxis en maraude arrêtés là, épiloguant sur l’évolution de la guerre dans le Nord-Kivu, rien n’indique que le parti présidentiel traverse une profonde crise.
En effet, deux jours auparavant, le président de la Convention démocratique du parti appuyé par les quatre présidents des comités fédéraux de l’UDPS/ville de Kinshasa annonçait la destitution du secrétaire général Augustin Kabuya, accusé de mener des actions destinées à déstabiliser le parti.
Selon Victor Wakwenda, «toutes les commissions, tous les correspondants officiels du parti de la base au sommet ont constaté avec stupéfaction que le parti est paralysé, phagocyté et en dysfonctionnement complet ». Réplique de l’intéressé : «Je ne sais pas s’il s’agit d’un problème d’âge ou de mental, mais le monsieur a ouvert une brèche qu’il ne sera même pas en mesure de refermer».
Contacté par la rédaction d’Econews, le porte-parole de l’UDPS, Simon Kalenga, minimise les prises de position de Wakwenda. Selon lui, ce dernier n’a aucun pouvoir de destitution du secrétaire général. «Wakwenda et sa clique sont des marginaux qui se nourrissent de phobies. Au moment où je vous parle, le secrétaire général est dans son bureau et travaille normalement. C’est pour nous un non-événement », a-t-il déclaré d’un air dépité.
La «destitution» d’Augustin Kabuya était en réalité prévisible. Le caractère illégitime de sa désignation à ce poste remonte en effet à l’élection à la présidence de la République de Félix Tshisekedi, alors président de la formation politique héritée de feu son père Etienne Tshisekedi. En nommant par «mandat spécial» Jean-Marc Kabund-a-Kabund, ancien secrétaire général en qualité de président intérimaire, des hauts cadres de l’UDPS (Victor Wakwenda et Jacquemain Shabani en tête) avaient déjà dénoncé une liberté inacceptable prise à contre-pied des statuts du Parti.
Ils en voulaient pour preuve la disposition des textes qui disposent qu’en cas de vacance à la présidence du parti et en attendant la convocation d’un congrès extraordinaire, le parti est dirigé collégialement par un triumvirat composé du président de la Convention démocratique du parti, du secrétaire général et du président de la commission électorale permanente. Ce à quoi le président de la république fraîchement élu était passé outre.
La confusion atteindra son paroxysme quand le président intérimaire Kabund nommera à son tour Augustin Kabuya secrétaire général à titre intérimaire. Un intérimaire en nommant un autre, c’en était trop. Victor Wakwenda et Jacquemin Shabani vont alors engager une véritable croisade en vue de déboulonner Kabuya devenu trop puissant à leurs yeux.
Et ils avaient de quoi étayer leurs griefs; Kabuya ne cachait pas sa proximité avec le chef de l’Etat, s’affichant parfois à ses côtés pendant des manifestations officielles, tel ce jour de la remise des véhicules aux professeurs émérites des universités et instituts supérieurs.
Avec Jean-Marc Kabund, devenu premier vice-président de l’Assemblée nationale, Kabuya ne cachait pas son influence vraie ou supposée dans la désignation des membres du gouvernement et des mandataires d’entreprises publiques. Il était, à ses dires, celui qui parlait au creux de l’oreille du Président de la République.

M.M.F.