Réhabilitation du gouverneur du Kongo central : la justice courcircuite Daniel Aselo Okito

En exécution de la lettre du ministère de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières datée du 18 octobre 2021, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) prévoit l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces à problèmes pour le 3 décembre 2021. A cet effet, un calendrier vient d’être publié par la Centrale électorale. La grande surprise à dix jours du démarrage du processus est la réhabilitation d’un des onze gouverneurs de provinces concernées. Il s’agit de celui du Kongo central qui vient d’être autorisé par arrêt du Conseil d’État à reprendre son fauteuil de chef de l’exécutif provincial. Cette entité va-t-elle encore défrayer la chronique, lorsqu’on sait qu’en désignant un intérimaire suite à la déchéance du titulaire par l’Assemblée provinciale, le Vice-premier ministre, ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières n’a fait qu’appliquer l’instruction lui donnée par le chef de l’État afin que soit rétablie la paix dans les provinces à problèmes. Cela sous-entend que cette décision annoncée au cours d’une réunion du Conseil des ministres ne peut faire l’objet d’interprétations ou souffrir d’une quelconque défaillance.

Destitué de ses fonctions de gouverneur de province en décembre 2019, Atou Matubuana a continué à trôner à la tête du Kongo central, malgré le refus du ministère de tutelle sous le gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba d’exécuter l’arrêt de la Cour Constitutionnelle qui lui demandait de déposer sa démission au chef de l’Etat. Et pendant plus d’une année, le collège de ses avocats n’avait jamais attaqué cette disposition judiciaire.

Par conséquent, la province du Kongo central était dirigée par défi d’autant plus que l’exécutif provincial ne bénéficiait pratiquement plus de la confiance de la population.

Le contrôle de gestion effectué par l’Inspection générale des Finances (IGF) a encore crevé l’abcès en révélant le détournement de deniers publics dans cette province.

Certains proches collaborateurs du gouverneur Atou Matubuana ont été même mis sous les verrous et transférés à Kinshasa.

C’est suite à la situation de désordre qui règne dans bon nombre de provinces que le chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, donnera l’ordre au Vice-premier, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières de rétablir la paix dans des entités à problèmes.

Non content de voir sa province concernée par l’élection du 3 décembre prochain et son adjoint désigné intérimaire, Atou Matubuana s’est réveillé de sa torpeur en déclenchant une action judiciaire auprès du Conseil d’Etat pour déclarer illégal l’acte posé par le Vice-premier ministre, ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières.

Maintenant que la justice vient de trancher en sa faveur en courcircuitant le ministère de l’Intérieur qui est très avancé dans l’organisation de l’élection dans les provinces à problèmes, Atou Matubuana va-t-il reprendre son fauteuil de chef de l’exécutif provincial du Kongo central ? Car, Daniel Aselo Okito doit certainement avoir reçu l’aval du chef de l’Etat ou du Premier ministre avant de rendre publique la liste de quatorze provinces concernées.

FRUIT D’UN DEAL

Par ailleurs, c’est dans tous les sens que l’on commente l’information sur la réhabilitation d’ Atou Matubuana.

Les uns parlent d’une pression qu’aurait exercé le parti politique UDPS (Union pour la démocratie et le Progrès Social) auprès du chef de l’Etat pour que l’intéressé reprenne ses fonctions de gouverneur.

D’autres évoquent un deal qui serait conclu entre le pouvoir et l’église Kimbanguiste.

Selon certaines sources, le chef spirituel de cette église avait posé comme préalable, pour porter la candidature de Denis Kadima,le retour d’Atou Matubuana à la tête de la province du Kongo central. Pour ce faire, l’élection du gouverneur prévue au mois de décembre devait être annulée après le prononcé du Conseil d’Etat.

Si l’information sur ce deal est effectif, l’avenir de la territoriale est compromis et on ne peut s’attendre à un développement harmonieux du pays tel que le souhaite le chef de l’Etat.

VÉRON KONGO