Revue de la notation souveraine de la RDC par Standard & Poor’s : verdict attendu le 28 janvier

Après la notation d’octobre 2021, la République Démocratique du Congo s’est prêtée, le mardi 11 janvier 2022, à une nouvelle revue de sa notation souveraine par l’agence internationale Standard & Poor’s (S&P). D’ores et déjà, la RDC peut s’attendre à une amélioration de sa notation, l’année 2021 ayant été bouclée avec des indicateurs conjoncturels au vert, avec en surplus une embellie dans la mobilisation des recettes par les trois régies financières nationales (DGI, DGRAD et DGDA), soit un record de 12.000 milliards USD de recettes internes équivalent à six (6) milliards USD.

En République Démocratique du Congo, les tendances économiques sont prometteuses. Pour preuve, la RDC a terminé l’année 2021 avec de bons indices des indicateurs conjoncturels, notamment en termes de taux de croissance et du taux d’inflation nettement en deçà des cibles initiales. Le mardi 11 janvier 2022, le Gouvernement s’est soumis à une nouvelle revue de la notation souveraine de la RDC avec le concours de l’agence internationale Standard & Poor’s (S&P).

C’est le 28 janvier prochain que S&P devrait livrer ses conclusions. Pendant qu’à Kinshasa, on reste convaincu que l’économie congolaise est sortie de la zone rouge, en affichant de bons résultats fin 2021.

Lors de sa dernière revue remontant au 30 juillet 2021, S&P avait revu à la hausse les perspectives de la RDC passant de stables à positives. Une tendance favorable pour le risque souverain qui a aussi été confirmée par l’agence Moody’s dans sa revue du 18 octobre 2021.

Pour ce faire, le Gouvernement congolais a initié trois réunions consécutives regroupant le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, la Gouverneure de la Banque Centrale du Congo, Kabedi Malangu, et le coordonnateur de la Cellule technique de coordination et de planification minière du ministère des Mines (CTCPM).

Durant ces réunions, les échanges ont porté sur les relations avec les bailleurs, la dette, le budget, la performance économique, la balance des paiements ainsi que les perspectives du secteur minier.

Selon les services du ministère des Finances, les analystes de S&P ont saisi l’occasion pour noter les avancées du Gouvernement et ils ont félicité la RDC dans sa vision et ses ambitions d’amélioration du risque souverain.

Pour rappel, la RDC a réussi à sortir de la note triple C (CCC), enregistrée en août 2017, la plaçant dans la catégorie de pays les plus risqués. Depuis la conclusion en juillet 2021 d’un nouvel accord formel avec le Fonds monétaire international (FMI), la RDC a nettement amélioré sa notation souveraine. Les attestent largement l’amélioration du profil de crédit de la RDC.

Bien avant S&P, l’agence Moody’s était arrivée à la même conclusion au terme de la revue d’octobre 2021.

Moody’s change la perspective de la RDC

La notation Caa1 d’émetteur à long terme du Gouvernement de la RDC a été confirmée le 18 octobre 2021 dans l’échelle de Moody’s. Kinshasa a vu sa perspective passer de stable à positive.

«Cette perspective positive reconnaît les perspectives économiques solides de la RDC tirées par le secteur minier et le potentiel d’amélioration de la résilience économique grâce à la mise en œuvre des réformes structurelles dans le cadre du programme actuel du FMI», pouvait-on lire dans le rapport de Moody’s.

La perspective positive reflète également l’augmentation des réserves officielles de devises étrangères qui devraient continuer à s’accumuler au cours des prochaines années, ce qui réduirait l’exposition du pays aux baisses des prix des matières premières et aux épisodes graves de volatilité macroéconomique qui y sont associés.

Les notations Caa1 équilibrent des niveaux de richesse particulièrement bas, des institutions très faibles et donc une capacité d’absorption des chocs économiques encore faible ainsi qu’un risque politique élevé contre une dette publique faible et abordable. Malgré une forte reprise économique portée par le secteur minier, les finances publiques restent vulnérables à la volatilité des prix des matières premières.

Les plafonds nationaux en monnaie locale (LC) et en monnaie étrangère (FC) de la RDC restent inchangés à B3 et Caa1, respectivement. L’écart d’un cran entre le plafond de la LC et la notation souveraine reflète un degré élevé d’imprévisibilité des actions gouvernementales, le risque politique intérieur, ainsi que l’exposition importante de l’économie au secteur minier.

L’écart d’un cran entre le plafond FC et le plafond LC reflète une efficacité politique limitée et l’ouverture relativement faible du compte de capital et les risques de convertibilité compte tenu des antécédents de volatilité des taux de change lors des épisodes de chocs des prix des matières premières.

Un pays porté par le secteur extractif

Moody’s s’attend à ce que le secteur extractif de la RDC continue de jouer un rôle central dans l’économie en tant que principale source de croissance à l’avenir dans un contexte de forte demande mondiale pour les principales exportations de la RDC, à savoir le cuivre et le cobalt. Cela fait suite à la solide performance de l’année dernière, le secteur minier augmentant de 9,7% et compensant plus que la contraction de 1,3% du reste de l’économie à la suite du choc du coronavirus. La production de cuivre a atteint un niveau record de près de 1,6 million de tonnes l’année dernière contre 1,1 million en 2017.

Avec la mine de Kamoa-Kakula – le plus grand projet de mine de cuivre du continent déjà en avance sur le calendrier – la production de cuivre de la RDC devrait dépasser 2,5 millions tonnes au cours de la prochaine décennie. Soutenu par le développement rapide de son secteur minier et des prix favorables pour les principales exportations de la RDC, Moody’s s’attend à ce que la croissance du PIB réel de la RDC dépasse 6% en moyenne sur la période 2021-2025.

En outre, l’engagement des autorités à mettre en œuvre les réformes structurelles incluses dans le programme triennal de 1,5 milliard de dollars américains du FMI soutiendra davantage la croissance et contribuera à renforcer la résilience économique dans son ensemble. Un domaine d’intérêt est la mobilisation des recettes intérieures, qui est une contrainte de crédit clé pour la RDC; le gouvernement est généralement contraint de limiter les dépenses pour éviter tout dérapage budgétaire qui, autrement, alimenterait l’inflation.

Des réserves de change à 3 milliards USD

L’amélioration de la position extérieure de la RDC se manifeste par la stabilisation du taux de change et l’augmentation des réserves de change. Les réserves de change s’élèvent désormais au-dessus de 3 milliards de dollars américains à fin septembre, contre 0,7 milliard USD en 2020, après avoir augmenté de près de 700 millions USD au cours des neuf premiers mois de 2021, principalement en raison de la performance du secteur minier et bénéficiant en outre des 1,5 milliard USD.

Moody’s s’attend à ce que les réserves de change officielles brutes de la RDC atteignent au moins cinq (5) milliards USD à la fin de 2025 (correspondant à environ cinq (5) mois de couverture des importations) et le déficit du compte courant, qui s’est réduit au cours des années depuis 2013 avec le développement du secteur minier et a été estimé à environ 2,3% du PIB en 2020, pour continuer à se rétrécir.

Cela peut contribuer à réduire l’exposition du pays aux baisses des prix des matières premières et aux épisodes sévères de volatilité macroéconomique qui y sont associés; le manque de réserves de change lors des baisses passées des prix des matières premières a été à l’origine d’une dépréciation du franc congolais suivie de la monétisation du déficit par la banque centrale compte tenu de la perte de recettes publiques.

Econews