Le bureau de la Céni affiche complet : les trois transfuges du FCC rejoignent officiellement l’équipe Denis Kadima

Didi Manara, Agée Matembo et Jean Tokole, étiquetés Front commun pour le Congo (FCC) du président honoraire, Joseph Kabila, ont prêté serment, le jeudi 13 janvier 2022, devant la Cour constitutionnelle, rejoignant officiellement l’équipe de nouveaux animateurs de la Céni (Commission électorale nationale électorale), formée autour de Denis Kadima, son président.

Ils complètent la liste des membres du bureau de cette institution d’appui à la démocratie en pourvoyant aux trois postes vacants : Didi Manara (2ème vice-président), Agée Matembo Toto (questeur) et Jean Tokole (membre).

Transfuges du FCC, ces trois nouveaux membres de la Céni ont fait allégeance à l’Union sacrée de la nation, même s’ils ont été choisis sur le quota de l’opposition.

Cependant, il n’est un secret pour personne que ces trois nouveaux membres de la Céni ont déjà été désavoués par leurs pairs de l’opposition qui ont d’ailleurs rayé leurs noms de la liste des opposants au régime de Félix-Antoine Tshisekedi, Président de la République. C’est ce qui fait dire aux observateurs que ce dernier a réussi son coup de s’assurer le contrôle de cette institution citoyenne d’appui à la démocratie. Et, par ricochet, d’avoir la possibilité de gagner la présidentielle de 2023.

Du côté des kabilistes, la coalition FCC se dit non concernée et rappelle que c’est toute l’équipe dirigeante de la Céni, Denis Kadima en tête, qui est contestée. Le camp de l’ancien président de la République exige toujours un consensus après des discussions formelles sur les textes régissant la Constitution de la RDC.

Le FCC reste suspicieux et accuse le pouvoir en place d’avoir pris le contrôle de l’institution dans l’optique des élections de 2023.

Dans ce contexte, les opposants Martin Fayulu et Adolphe Muzito à la tête de la coalition Lamuka ont désapprouvé ce qu’ils qualifient de manœuvres de débauchage par le camp Tshisekedi. L’un des membres de leur coalition avait été investi en tant que membre de la Céni depuis octobre dernier, sans mandat de Lamuka.

Un processus électoral vicié dès le départ

Remporter la victoire dans ces conditions, c’est ne pas engager le pays dans la voie d’un processus électoral libre, démocratique, transparent, inclusif et apaisé en 2023. Surtout avec des pratiques liées aux clivages ethniques et au tribalisme qui reviennent en force, l’unité et l’intégrité nationales risquent de plomber ce processus. Alors que, à l’allure où vont les choses, les contestations ne sauront tarder. Parce qu’on craint que la tricherie, née de tripatouillages, fausse les résultats des scrutins. Ce qui réveillerait les vieux démons de la division.

La République Démocratique du Congo (RDC), étant sous la hantise de sa balkanisation, les élections truquées prêteraient le flanc aux opportunistes séparatistes d’essayer de réaliser leur sale rêve. La partie Est du pays, devenue le ventre mou de la RDC, risque de vivre l’effectivité de ce démembrement tant redouté.

On ne le dira jamais assez qu’il y a péril en la demeure. Car il faut craindre aussi la réaction du peuple paupérisé à volonté et qui, jusque-là, attend, la mort dans l’âme, l’amélioration de ses conditions de vie. Les émeutes pourraient donc être au-rendez-vous. Ce qui ragaillardirait l’opposition. Seulement, le pouvoir ne se laisserait pas faire. On craint la suite, si c’est le cas, avec la perte des vies humaines. Ce que les Congolais ne souhaitent pas.

Dans tous les cas, l’intention du Chef de l’Etat de rempiler, par tous les moyens, n’est qu’un secret de polichinelle. Tous les membres du bureau de la Céni, son président y compris, sont considérés comme ses proches. Il en est de même des hommes placés à la tête de la Cour constitutionnelle, des ministères de la Justice et des Finances ainsi que la dame nommée à la Banque centrale du Congo. Tout le monde intervient, d’une manière ou d’une autre, dans la tenue des élections. A telle enseigne qu’il leur est difficile de ne pas être reconnaissant envers leur bienfaiteur.

A tout prendre, les craintes formulées peuvent ne pas être concrétisées. Si c’est le cas, il faudrait épargner au pays et au peuple un nouveau bain de sang en jouant réellement au démocrate pour la paix. L’unité nationale et l’intégrité du pays être préservées au grand bonheur de tous les Congolais.

Olivier Dioso