RDC : Standard & Poor’s rehausse la notation de «CCC+» à «B-» traduisant une «perspective stable»

Le 28 janvier 2022, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a rehaussé la notation de la République Démocratique du Congo de «CCC+», soit une perspective positive, à «B-», équivalent à une perspective stable. A cet effet, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, a présidé, le samedi 29 janvier 2022 à Kinshasa, une cérémonie officielle pour saluer, au nom du Gouvernement Sama Lukonde, l’amélioration de la notation de la RDC par l’agence S&P.

«Le rehaussement de la notation de la RDC est le reflet d’un changement structurel profond amorcé depuis plusieurs années, la RDC étant notée «CCC+» depuis 2017 », commente le cabinet du ministre des Finances.

S&P note que « les vulnérabilités de la balance des paiements de la RDC se sont atténuées, notamment grâce aux bonnes performances du secteur minier avec le cuivre et le cobalt et au financement important du FMI depuis la conclusion du programme économique triennal en 2021 ».      

L’agence salue, à ce propos, les développements favorables de la position extérieure de la RDC, reflétée par l’accumulation significative des réserves de change qui ont franchi la barre de 3,5 milliards de dollars US à fin 2021.

Les perspectives économiques de la RDC sont aussi jugées «plus fortes» par l’agence grâce à l’expansion attendue de la production dans le secteur minier et les développements favorables des cours des matières premières. Ces développements seront aussi supportés par les efforts de renforcement des infrastructures, illustrés notamment par le début de production de la centrale hydroélectrique de Busanga. Ainsi, d’après l’agence, la croissance réelle moyenne attendue sur la période 2022-2025 devrait atteindre 6,5% par an contre 4% au cours de cinq dernières années.

Cette décision est aussi le reflet de la détermination du gouvernement de poursuivre la mise en œuvre d’un plan de réformes ambitieux notamment sur le volet budgétaire, qui s’inscrit dans le cadre du programme au titre de la Facilité Elargie de Crédit du Fonds monétaire international (FMI).

Avec le relèvement de sa notation, la RDC rejoint ainsi le groupe des pays africains notés «B-» par l’Agence, comprenant notamment le Nigéria et le Cameroun.

Cette action de notation intervient à la suite du changement des perspectives de stable à positive, en juillet 2021, par l’agence S&P. Par ailleurs, l’agence Moody’s a procédé à un changement de perspective de «positive» à «stable» en octobre 2021, la notation demeurant à Caa1.

Pour le ministre des Finances, qui a supervisé toutes les discussions préalables au nom du Gouvernement Sama Lukonde, cette performance traduit la volonté politique du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à atteindre les objectifs du développement.

Qu’est-ce qu’une notation de crédit ?

Une notation de crédit («Credit rating ») est une mesure de qualité de solvabilité d’un émetteur ou d’une émission attribuée par des institutions spécialisées, les « agences de notation ». En d’autres termes, une notation est une mesure de la santé financière d’un État, d’une entreprise ou de toute entité qui fait appel au marché public pour se financer.

Standard & Poor’s (S&P), Moody’s et Fitch sont les trois agences de notation de référence au niveau mondial. Les notations spécifiques qu’elles donnent varient légèrement, mais vont toujours de AAA à C ou D.

Standard & Poor’s est sans doute la plus connue des agences de notation financière. Une agence de notation attribue, selon des critères et une classification qui lui sont propres, une note traduisant son opinion sur la capacité d’un émetteur à remplir ses obligations financières, (donc à ne pas se trouver en situation de défaut de paiement) et à rembourser ses dettes en temps et en heure. En tant que mesure du niveau du risque de crédit, la note influe sur le niveau du taux d’intérêt proposé à l’entreprise notée.

En d’autres termes, plus la note d’un émetteur est mauvaise, plus il lui coûtera cher d’emprunter car il lui sera difficile d’intéresser les investisseurs. L’échelle des notes de Standard & Poor’s se décline en deux catégories.

La catégorie investissement regroupe les notes AAA, AA+, AA, AA-, A+, A, A-, BBB+, BBB, BBB- (notes à long terme, durée initiale de la dette émise supérieure à un an) et A-1+, A-1, A-2, A-3 (notes à court terme, durée initiale de la dette émise inférieure à un an). Cette catégorie est censée refléter une qualité de crédit solide. Si AAA est la note la plus forte, même un A offre une espérance de parcours sans incident, avec une forte probabilité pour que la dette soit remboursée à temps même si l’environnement économique ou la société elle-même rencontrent quelques turbulences. Au niveau BBB, la capacité de la société à payer ses intérêts et capital est encore suffisante bien qu’à ce niveau-là de note des conditions économiques défavorables ou une modification des circonstances sont davantage susceptibles d’affecter l’aptitude au service normal de la dette.

La catégorie spéculative regroupe les notes BB+, BB, BB-, B+, B, B-, CCC+, CCC, CCC- (à long terme) et B, C (à court terme). Cette catégorie suppose des risques sérieux d’incidents de paiement, qui deviennent extrêmement sérieux pour les CCC (on parle alors de «Junk bond», ou obligation pourrie). En cas de défaut imminent ou avéré sont appliquées les notes CC et D à long terme, D à court terme.

Les notes long terme de Standard & Poor’s sont assorties, d’une perspective «stable», «positive» ou «négative». Cette indication a pour but d’indiquer le sens vers lequel les notes sont susceptibles d’évoluer à moyen terme, sans qu’il s’agisse en l’occurrence d’une certitude.

Econews