Affaire Centurion : acculé à la Cour de cassation, Thierry Mbulamoko balance les noms de ses complices

Thierry Mbulamoko, coordonnateur de l'APLC, n'est pas prêt à couler seul.

L’instruction de l’affaire Centurion s’est poursuivie jeudi au Parquet près la Cour de cassation avec l’audition de Thierry Mbulamoko, coordonnateur de l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC). Des informations en provenance de la Cour de cassation renseignent que le coordonnateur de l’APLC a décidé de ne pas mourir seul en citant des noms, principalement des membres haut placés dans le cabinet du Chef de l’Etat, qui l’ont aidé dans la signature en juillet 2022 d’une « lettre d’engagement » avec le cabinet sud-africain « Centurion Law Group » qui exige, à ce jour, de l’Etat congolais le paiement de 36 millions USD sur l’argent perçu auprès du négociant suisse Glencore.

L’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC) est, depuis plus d’un mois, sous les feux des projecteurs à cause de l’implication de son coordonnateur Thierry Mbulamoko dans un contrat qu’il a signé en juillet 2022 avec le cabinet d’avocats sud-africain Centurion dans l’affaire Glencore.

A ce jour, la RDC se défend à la Cour d’arbitrage de Paris, suite à une procédure engagée par ce cabinet sud-africain qui lui réclame 36 millions de dollars américains. 

Tout est parti d’un accord conclu entre l’APLC et le cabinet Centurion. En réalité, la situation inconfortable dans laquelle se retrouve la RDC est le prix de la maladresse et de l’incompétence de Thierry Mbulamoko, coordonnateur d’une agence qui a pour mission principale, la prévention et la lutte contre la corruption, une des priorités de la vision du président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Auditionné pour la deuxième fois, le jeudi 21 septembre 2023, par un avocat général près la Cour de cassation, le coordonnateur Thierry Mbulamoko a dû répondre aux questions pertinentes dans le cadre de l’ouverture d’enquêtes demandée par Mme la Ministre d’État en charge de la Justice et Garde des sceaux, Rose Mutombo Kiese, dans cette affaire qu’elle qualifie «de tentative d’arnaque» du cabinet  d’avocats sud-africain Centurion vis à vis de la RDC.

Les premiers faisceaux d’informations mettent en cause Thierry Mbulamoko qui est  suspecté d’être le responsable de cette situation qui met à mal le Trésor et entame la réputation de la République.

Les zones d’ombre

Pourquoi M. Thierry Mbulamoko a-t-il choisi ce cabinet ? Comment est-il entré en contact avec Centurion ? Qui a signé son ordre de mission au sein du cabinet du Chef de l’Etat pour son voyage du mois de juillet 2022, durant lequel il a signé cette lettre d’engagement ? A qui Monsieur Thierry Mbulamoko a-t-il fait rapport de ce voyage en toute confidentialité, sans en faire part à ses autres collègues de la coordination de l’APLC?

Selon des indiscrétions glanées dans les couloirs de la Cour de cassation, le nom du Directeur de Cabinet du Chef de l’État Guylain Nyembo aurait été plusieurs fois cité durant l’audition ainsi que celui d’un de ses collaborateurs qui, rapporte-t-on, aurait accompagné M. Thierry Mbulamoko lors de son second voyage en Afrique du Sud, pour rencontrer et échanger avec le cabinet sud-africain.

Que retenir de cette seconde audition de Mbulamoko. On observe que durant cette audition, un autre volet « politique » semble apparaître dans ce sale dossier. Ce qui pourrait expliquer ce silence observé depuis le début de l’affaire Centurion au sein du cabinet du Chef de l’Etat. 

On soupçonne un silence coupable, voire peut-être complice du directeur de cabinet du Président de la République. On rapporte qu’il n’a jamais convoqué ni M. Thierry Mbulamoko pour comprendre ses motivations qui l’ont amené à signer cette lettre d’engagement, ni entendu les coordonnateurs adjoints de l’APLC qui ont appris cette affaire via les médias.

C’est pour cela que les coordonnateurs adjoints en charge des plaintes, enquêtes et investigations ainsi que celui en charge des poursuites et suivi des affaires fixées devant la justice de l’APLC ont informé au début de ce mois de septembre par courrier, la Coordination, de la nécessité de l’ouverture d‘enquêtes internes et la mise en place d’une commission ayant pour but de dégager les responsabilités. Le Président de la République et le directeur de cabinet du Chef de l’Etat étaient mis en ampliation de ce courrier.

Le fait de dénoncer des prétendus complices pourrait être aussi une tentative de M. Thierry Mbulamoko de ne pas tomber seul et d’embarquer avec lui des innocents ou de faire croire qu’il y aurait des intervenants dans l’ombre, dans cette tentative d’escroquerie de l’Etat. L’avenir nous le dira.

L’ensemble des observateurs qui suivent cette affaire regrette néanmoins l’attitude de M. Thierry Mbulamoko qui continue à salir la fonction de coordonnateur ainsi que l’APLC.

A ce jour, tout ce qu’on peut souhaiter est que la justice fasse son travail, tout en élargissant ses enquêtes sur le plan interne de cette agence, afin de mieux comprendre les interactions qui existent avec certains agents de l’APLC qui sont devenus des collaborateurs exclusifs et des complices des agissements du coordonnateur Thierry Mbulamoko.

Décidément, l’affaire Centurion est un tsunami qui secoue le cabinet du Président de la République. Plusieurs passeront à la trappe.

Econews