Finalement, les meetings de Vital Kamerhe, leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC), n’auront plus lieu sur place publique à Goma (province du Nord-Kivu) ce lundi 12 août, contrairement aux assurances de son parti. Ainsi en a décidé le maire-policier de la ville. Le leader de l’UNC ne pourra donc communier sur la place publique ni à Goma ni d’ailleurs dans les autres centres urbains du Nord-Kivu, en état de siège.
Annoncée avec pompe depuis plusieurs semaines (le programme détaillé rendu publique en fin de semaine), la tournée de Vital Kamerhe dans les provinces troublées de l’Est s’annonce plutôt sous de fâcheux auspices. Il était en effet prévu que le président de l’Union pour la Nation congolaise (UNC) débute sa «Caravane de la paix» à partir de Goma ce lundi 12 septembre. L’enjeu, tel qu’annoncé lors de sa rentrée politique est non seulement d’apporter sa contribution dans la recherche de la paix, mais aussi de remercier la population congolaise pour son soutien pendant le temps de son incarcération.
Mais voici qu’à la veille des manifestations annoncées grandioses dont le meeting de Goma, la mairie du chef-lieu du Nord-Kivu interdit toute manifestation publique. Dans sa correspondance adressée au secrétaire interfédéral de l’UNC/Nord Kivu Heri Mashukano Sté-phane, le maire adjoint le commissaire supérieur principal Kabeya Makossa François écrit qu’« au regard des mesures prises par les autorités en cette période exceptionnelle de l’état de siège sur une partie du territoire national, aucune manifestation publique de quelque nature que ce soit n’est autorisée sur toute l’étendue de la ville de Goma».
En conclusion, l’autorité urbaine demande à l’UNC de «tenir son meeting dans l’enceinte de son siège provincial ou dans une salle et non sur la voie publique».
Dès lors, il s’avère que la même mesure concernerait également les autres localités et villes du Nord-Kivu que le président de l’UNC et sa «caravane» entendent visiter, dont Beni et Butembo. La province de l’Ituri étant également sous état de siège, il apparaît déjà que la visite de Kamerhe et les siens ne se déroulera pas comme prévu.
Bemba à l’Ouest, Kamerhe à l’Est
Au sujet du voyage de Vital Kamerhe dans les Kivu et l’Ituri, les observateurs avaient anticipé en le plaçant dans la suite de la tournée que Jean-Pierre Bemba vient d’effectuer dans le Grand Equateur. Le leader du MLC a clairement appelé les futurs électeurs de son terroir à voter, le moment venu, pour Félix Tshisekedi, offrant ainsi un second mandat au successeur de Joseph Kabila. Il a profité de l’occasion qui l’avait déterminé à faire le choix de soutenir le chef de l’Etat.
L’on se serait tout naturellement attendu qu’à son tour que l’ancien directeur de cabinet du président de la République fasse de même dans les territoires de l’Est qui lui seraient acquis, selon ses sympathisants. Sauf qu’il y a eu comme un léger couac. En effet dans sa déclaration lors de sa rentrée politique, Vital Kamerhe avait déclaré que le pays avait «besoin d’un leadership visionnaire… » Laissant croire à certains esprits critiques que la gouvernance de son allié en était dépourvu. Certes, il avait tenté de corriger le lendemain, mais le mal était fait accentuant le malaise parmi ses soutiens, voire la méfiance auprès des proches de Félix Tshisekedi.
Dans ces conditions, il n’est guère surprenant que la tournée de l’UNC accuse des retards à l’allumage. Que l’interdiction de ses meetings sur la place publique soient venue d’en haut n’étonnerait que ceux qui veulent bien lui accorder le bénéfice du doute quant aux éventuelles ambitions présidentielles qu’on lui prête, à tort ou à raison.
M.M.F.