Phasage et financement de la route Kananga – Kalambambuji : les réserves de Delly Sesanga

Elu de Luiza, le député national Delly Sesanga Hipungu doute du sérieux du projet de réhabilitation de la route Kananga – Kalambambuji qui aura l’avantage de désenclaver la province du Kasaï Central en l’ouvrant à l’Angola. S’il ne remet pas en cause la portée de ce grand projet, l’élu de Luiza exprime des inquiétudes sur la programmation de différentes phases du projet.
Puisant dans son expérience d’ancien ministre du Plan, ayant été en charge de la coordination des agences gouvernementales en matière d’infrastructures, l’élu de Luiza soulève quatre questions sur la faisabilité de ce projet routier.
La première question, selon lui, est liée au coût. Il pose le problème en ces termes : «Le coût de construction d’une route asphaltée oscille entre 800.000 USD et un (1) million au Km. Pour espérer une route asphaltée Kananga-Kalambambuji, il faut donc un contrat d’environ 250 millions USD, études comprises. A-t-on entendu parler de ce montant pour espérer une route asphaltée? En faisant semblant de découvrir la réalité, nous sommes complaisants avec nous-mêmes!»
Sa deuxième préoccupation porte sur le mode de financement qui définit la priorité qu’on accorde à un projet : «Pourquoi a-t-on préféré faire financer la réhabilitation de cette route par des privés si véritablement elle est une urgence nationale? Le budget national, qui a fait des performances de recettes, ne peut-il pas mobiliser 100 millions USD par an sur trois ans pour aller vers une route asphaltée qui représente la solution durable? L’exemple du tronçon Kananga-Mbuji-Mayi prouve que l’on peut mobiliser des ressources en interne!»
La troisième question se rapporte au phasage que le Gouvernement a présenté. «Une première phase de 24 mois se termine en décembre 2024 par la réception d’une route en terre. Cette phase sera suivie par les études qui seront suivies par la mobilisation des fonds pour construire la route asphaltée. Au stade actuel, il n y a donc aucun financement pour ce deuxième volet. Ce qui renvoie le projet à deux préalables, le maintien et la stabilisation de la réhabilitation finie ainsi que le bouclage du financement. Les délais ne sont donc pas maîtrisés. Sur le plan technique, les routes en terre se dégradent vite. Nous en avons l’expérience. Demandez-vous pourquoi l’UE et Arab contractor sur la Nationale 1 ne font pas ce phasage, ils progressent lentement mais sûrement vers une infrastructure durable. Bien entendu, ici l’UE finance ce projet depuis de longues années. Ce que notre gouvernement peut faire pour la route Kalambambuji sur ces recettes additionnelles enregistrées au budget de l’Etat », note-t-il.
Enfin, l’élu de Luiza tente une remontée dans le temps : « Pourquoi sommes-nous aussi complaisants? Si ce n’était que pour la réhabilitation, pourquoi ne nous sommes-nous pas autant excité lorsque le gouverneur Kande avait ouvert cette route en terre ? Quelle est la part du progrès dans ce qui est fait aujourd’hui? »
Quoi qu’il en soit, samedi à Kananga, lorsqu’il a lancé officiellement ces travaux, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, s’est montré confiant, bien déterminé à parfaire ce projet qui a l’avantage de créer un corridor routier entre les provinces du Centre de l’espace Grand Kasaï vers l’Océan Atlantique en passant par l’Angola.
Avec Actualité.cd